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Hôpitauxmilitairesguerre1418 - Santé Guerre

bretagne 1914-1918

LE FINISTERE DANS LA GRANDE GUERRE

24 Octobre 2018 , Rédigé par François OLIER Publié dans #Bretagne 1914-1918, #Centenaire, #varia

 

 

 

Une annonce commune à mes deux blogs sur les Hôpitaux militaires en 1914-1918 et sur Brest pour signaler la sortie en décembre 2018, avec bon de souscription (ci-dessous) jusqu'au 11 novembre d'un ouvrage collectif sur Le Finistère dans la Grande Guerre édité par la Société Archéologique du Finistère, au prix de 25€

Vous trouverez ci-après la Table des Matières, précisant la liste des contributeurs... dont votre serviteur.

 

 

 

Apolline Arnal, « La prostitution à Brest en 14-18 »

Tanguy Daniel, « Le journal d’un instituteur du Finistère en 1915 »

Jean-Christophc Fichou, « Les marins bretons dans la Grande Guerre »

Jean-Yves Guengant, « Le comportement des anarchistes brestois face au conflit » : leur entrée dans le conflit, leurs réticences, le soutien tardif aux mouvements sociaux (1912-1919)

Jean-Yves Guengant, « Jeunesse anarchiste... »

Yann Lagadec, « La 22e DI sur le Chemin des Dames le 27 mai 1918 » : « poignante énigme » ou « traumatisme » ?

Guy Ieclerc, «  Les monuments aux morts »

Jean-Yves Le Goff, « L’hôpital temporaire n° 45 de Lesneven »

Jean-Yves Nerzic, « Les câbles sous-marins au début de la Première Guerre mondiale »

Jean-Yves Nerzic, « Brest, au cœur de la liaison avec la Russie pendant la Grande Guerre »

André Nicolas, « Les inscrits maritimes de Plouguerneau »

François Olier, « Les hôpitaux militaires à Brest (1914-1918) »

Dimitri Poupon, « Le passage du président Wilson en Bretagne »

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MILEC LE SOLDAT MECONNU

6 Juillet 2017 , Rédigé par François OLIER Publié dans #Bretagne 1914-1918

 

Le témoignage d’Emile Madec (1891-1917), caporal infirmier au 19e régiment d’infanterie de Brest vient de sortir en librairie.

 

Source éditeur :

"LE LIVRE

 

L’ouvrage regroupe les carnets de guerre d’Émile Madec, de nombreux extraits de sa correspondance avec sa marraine de guerre, sa famille, ses amis, ainsi que quelques dessins et aquarelles qu’il a réalisés au front. Les textes et documents visuels sont établis, présentés et annotés par Soizick Le Pautremat qui signe également le prologue de cet ouvrage préfacé par l’historien Nicolas Beaupré et enrichi d’une soixantaine de documents visuels inédits. »

 

L’AUTEUR

Soizick Le Pautremat est née le 12 janvier 1947 à Plouguenast (Côtes d’Armor). Elle vit à Port-Louis, dans le Morbihan. Elle est professeur agrégé d’histoire-géographie en retraite. En 1968, elle reçoit, de sa grand-tante Françoise Madec, les carnets de guerre, dessins, aquarelles et derniers effets personnels de son grand-oncle Émile Madec, dit «Milec», né le 24 juillet 1891 à Pont-Aven et mort pour la France le 7 mai 1917 lors de la bataille du Chemin des Dames. Persuadée que ces carnets pouvaient être utiles, qu’ils viendraient compléter les souvenirs contenus dans les «Cahiers du 19e R.I.» et apporter une autre vision de la guerre, celle d’un infirmier, elle décide de les publier.

Mon ambition est de montrer, à partir de l’exemple d’un caporal infirmier, que ces hommes soignants ont encore des informations, non négligeables, à nous apprendre sur cette guerre et qu’ils ne sont pas, comme je l’ai lu «les embusqués des tranchées». Mon travail de mémoire se double alors d’un «devoir de connaissance», selon l’expression de François Bédarida, pour aboutir à une reconnaissance de ceux que je nomme les «soldats méconnus». Émile Madec n’était pas seulement un Poilu : artisan comme son père, il était aussi artiste de formation, soldat infirmier par choix et humaniste de culture."

Titre : Milec le soldat méconnu

Auteur : Soizick Le Pautremat

Préface : Nicolas Beaupré

Format : 16 x 24cm

Éditeur : Vagamundo

Nombre de Pages : 352

ISBN : 979-10-92521-19-1

 

MA RECLAME :

 

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HOPITAUX TEMPORAIRES DU PAYS DE RETZ (1914-1918)

10 Novembre 2015 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia, #Bretagne 1914-1918

HOPITAUX TEMPORAIRES DU PAYS DE RETZ (1914-1918)

Paimbœuf : « Les hôpitaux temporaires du Pays de Retz » mis en scène

SORTIE DU WEEK-END

Poursuite de l’exposition « Hôpitaux temporaires du Pays de Retz » à l’invitation de l’association Quai des arts et du patrimoine paimblotin (QAPP), par le collectif Vas-nus pieds superbes…

jusqu’au 3 décembre 2015 au Hangar, quai Sadi Carnot à Paimbœuf (Loire-Atlantique), du mardi au samedi de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h, le dimanche de 14 h à 18 h 30.Fermé le lundi. 

Renseignements auprès de l’office de tourisme.

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ENQUETE A L'HA 105 DE GOURIN (MORBIHAN)

2 Novembre 2015 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia, #Bretagne 1914-1918

ENQUETE A L'HA 105 DE GOURIN (MORBIHAN)

VARIA

Je vous propose aujourd’hui deux documents intéressant l’hôpital auxiliaire n° 105 de Gourin lequel relevait, en 1918, de l’Union des Femmes de France (UFF). Il s’agit ici d’une enquête, parmi des milliers d'autres, confiée par le sous-secrétaire d’Etat au service de santé à la direction régionale du service de santé de la 11e région militaire de Nantes. Cette direction qui supervisait le fonctionnement hospitalier militaire dans les départements de la Loire-Inférieure, du Morbihan, de la Vendée et du Finistère, délégua à Gourin son directeur adjoint, le médecin principal Pailloz. Ce dernier, en charge du contrôle des hôpitaux permanents et temporaires de la 11e région, du contentieux et de la chasse aux blessés dont le traitement pouvait « traîner » dans les formations temporaires isolées. le docteur Pailloz traitait quotidiennement ce type de demande émanant du ministère de la Guerre, ayant pour origine des interventions parlementaires, épiscopales ou des lettres anonymes...

HA 105 – Institution Saint-Yves, Gourin – capacité hospitalière : 90 lits ; 66 lits (mars 1917) ; 50 lits (1918) - Première hospitalisation : 12 septembre 1914 – Dernière hospitalisation : 27 décembre 1918 – 1466 hospitalisés – 12 décès – Décision ministérielle de fermeture n° 36565-1/7 du 21 décembre 1918 et compte-rendu de fermeture du 31 décembre 1918. L’HA 105 disposait aussi d’une annexe, fermée le 1er mars 1916.

Circulaire n° 5579-3/7 du 13 avril 1918Objet : au sujet de l’H.A. 105 à Gourin (Morbihan) - Le sous-secrétariat d’Etat du service de santé militaire à Monsieur le directeur du service de santé de la 11e région militaire à Nantes, sous couvert de M. le Général commandant la région. – «Mon attention a été appelée sur l’hôpital auxiliaire n°105 à Gourin (Morbihan), où les « militaires en traitement seraient obligés de faire eux-mêmes leurs pansements. Les malades sauteraient le mur pendant la nuit. Un de ceux-ci serait mort à la suite d’une chute faite dans ces conditions. Le caporal infirmier se livrerait à la boisson. » J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien inviter le directeur adjoint à procéder à une enquête au cours de sa prochaine inspection et à consigner ses observations dans le rapport mensuel ». Signé, Pour le sous-secrétaire d’Etat, le médecin principal de 1ère classe Pouy. (1 page, dact.)

Morlaix, le 15 Mai 1918. - Rapport du médecin-principal de 1ère classe Pailloz, directeur-adjoint du service de santé de la 11e région, au sujet de l’H.A 105 de Gourin. – « Le 13 mai 1918, J’ai procédé à l’H.A. 105 de Gourin (Morbihan) à l’enquête prescrite par la lettre ministérielle n°5579-3/7, en date du 13 avril 1918. Arrivé à l’improviste à Gourin, je me suis d'abord rendu à la Gendarmerie et ai demandé quelques renseignements au chef de la brigade. Ce sous-officier m’a déclaré que depuis plus de huit mois (date de son arrivée à Gourin) il n’avait aucune plainte à formuler contre les malades de l’hôpital et qu’il n’était pas à sa connaissance que ces derniers sautent le mur pendant la nuit. A l’Hôpital, j’ai interrogé le médecin-chef, le personnel infirmier et les malades; ces derniers à part et en dehors de la présence du médecin et des religieuses. Dix malades et blessés restent actuellement en traitement dont deux (intransportables), sont soignés depuis trois mois et plus pour des tuberculoses chirurgicales. Tous sans exception m’ont déclaré que jamais un blessé n'avait été obligé de faire lui-même son pansement. Les pansements sont tous et toujours faits : importants par le médecin lui-même ; insignifiants, par les trois religieuses infirmières. Trois religieuses couchent à l’hôpital, dont les portes sont fermées à la tombée de la nuit et dont les murs sont assez élevés (2m50). Dans les rondes qu’elles font chaque nuit, les religieuses n’ont jamais constaté l’absence d’un malade et elles ne se sont jamais aperçu que les malades ou blessés, sautaient le mur pendant la nuit. Deux décès ont eu lieu depuis novembre 1917: l’un, le 4 novembre 1917 est celui d’un homme atteint de myocardite avec asystolie, entré au cours d’une permission et toujours intransportable. L'autre est celui d’un autre malade, atteint de tuberculose et qui entré le 8 mars 1917 fut toujours intransportable. J’ai souvent vu ces deux hommes au cours de mes inspections. Il n’y a pas eu d’autre décès à l’hôpital de Gourin. Il n’y a pas de caporal infirmier à l’hôpital de Gourin mais un infirmier soldat de 2° classe: Le médecin, les religieuses et les malades n’ont jamais constaté que cet homme s’enivrait. Je conclus donc que les accusations portées au sous-secrétariat d’Etat du service de santé (accusations qui sont énumérées dans la lettre précitée) sont fausses. » (1 feuille, dact., recto-verso)

Source : Collection particulière, correspondance docteur Pailloz.

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HISTOIRE DES MEDECINS DE LANGENSALZA VICTIMES DU TYPHUS (JANVIER-MAI 1915)

25 Août 2015 , Rédigé par François OLIER Publié dans #les hommes, #Bretagne 1914-1918

HISTOIRE DES MEDECINS DE LANGENSALZA VICTIMES DU TYPHUS (JANVIER-MAI 1915)

Médecins prisonniers de guerre au camp de Langensalza (1914-1915)

J’apporte aujourd’hui quelques éléments complémentaires sur le décès dans le camp de prisonniers n°4 de Langensalza du docteur Rigollot-Simonnot (1876-1915), ancien interne en chirurgie de Paris (1903) et plus généralement sur les médecins militaires français, victimes du typhus à Langensalza en Thuringe.

La biographie du docteur Rigollot-Simonnot a fait l’objet d’un article très fouillé sur le site belge « Médecins de la Grande Guerre », en relation avec l’Association Bretagne 14-18, et je n’ai que peu d’éléments à y ajouter (cf. infra, témoignage Poinsot).

Camp de Langensalza. Témoignage du docteur Poinsot sur les conditions de remise du courrier par les autorités du camp – « Notre regretté confrère, le docteur Rigollot-Simonne[o]t apprend la mort de son père par une lettre de quatre pages ; on lui remet seulement les deux premières pages. Le docteur réclame; on lui promet une enquête, et de celle-ci il ressort, d'après le colonel allemand commandant le camp que c'est la censure française qui aurait fait la coupure. Inutile de dire que M. Rigollot n'en a pas cru un mot, bien qu'il fut au désespoir de ne pouvoir connaître les dernières volontés de son père » [Rapport du médecin aide-major de 1ère classe Poinsot, du 228e régiment d’infanterie, médecin en service au camp de prisonniers de guerre de Gustrow, puis à Langensalza (janvier 1915), p. 4].

Parmi les nombreux témoignages de médecins militaires français sur les épidémies, à Langensalza, puis à Cassel-Niederzwehren, j’ai choisi l’extrait suivant qui rythme magistralement la progression de l’épidémie de typhus, de janvier à mai 1915. Nos amis belges connaissent l’auteur de ce témoignage exceptionnel, le docteur Dournay, qui fut pris à Bellefontaine en Belgique et dont le long rapport de fin de captivité constitué de notes préservées au péril de sa liberté, m’a déjà permis de rédiger plusieurs articles sur ce blog.

Mais avant de passer au témoignage du docteur Dournay proprement dit, quelques mots sur le camp de Langensalza et son service de santé (1914-1915) : Langensalza est une ville d’eau de Thuringe. Le camp était situé à environ 3 kms de la ville, dans le fond d’une cuvette argileuse environnée de collines. En décembre 1914, le camp compte dix baraques en bois avec assise partielle sur pilotis. Ce sont des baraques pour mille lits divisées par des cloisons en 4 groupes de 250 hommes. Les PG de différentes nationalités sont mélangés (février 1915). Les prisonniers couchent sur des bas flancs superposés.

Lazarett/hôpital - A l’origine (1914) le service de santé dispose de deux grandes baraques à la distribution exemplaire, appelés lazarette 1 et 2 . Chaque baraque comprend deux salles de 80 lits, quatre salles de 4 à 6 lits et de locaux annexes (pharmacie, tisannerie, salle de soins, salle de bains, etc.). Lors de l’épidémie (décembre 1914-mai 1915) une baraque entière, la n° 10, est réservée aux typhiques légers, tandis que le lazarett 1 accueille les malades graves et le lazarett 2 les autres maladies, dont des diphtériques. En raison de l’afflux de typhiques, jusqu’à 1200 malades en traitement, les blessés sont disposés jusque dans les couloirs et entre les lits. Les typhiques ne peuvent être descendus et urinent sur les malades des couchettes basses, etc.

Pour les médecins militaires français détenus avant l’éclosion de l’épidémie ou arrivés en renfort, l’épidémie s’expliquerait par une faute de commandement qui aurait imposé le mélange des prisonniers russes et français, négligé les mesures de quarantaine pour les cas suspects voire avérés… Il faut attendre que la garnison de Langensalza soit touchée pour que Berlin prenne des mesures efficaces, dont l’envoi du docteur allemand Rehberg [Roehberg, Roberg ?] de Berlin dont l’action prophylactique a été décisive et unanimement louée par ses confrères français ; ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Ce médecin fut ensuite envoyé, comme d’autres médecins français prisonniers, combattre l’épidémie encore plus virulente du camp de Niederzwehren près de Cassel (1200/1500 décès - 3500 typhiques sont traités au 15 mai 1915) où deux autres médecins militaires décédèrent du typhus (Charles-Jean Dumas (1891-1915) du 57e régiment d’infanterie et Louis Joseph Perier (1887-1915) du 6e régiment de Tirailleurs.

Extrait du rapport du médecin aide-major Dournay, du 9e bataillon de chasseurs à pied sur sa captivité à Langensalza.

« Le service fut assuré au début par les médecins français seuls. Plus tard des médecins russes soignèrent leurs compa­triotes (Baraque 1). Chaque médecin avait en principe le ser­vice suivant : visite d'une Mannschafbarake, une salle de typhiques (ou service du Lazarett 1). Deux médecins français furent attachés aux salles du Lazarett 1 (non contagieux) comme assistants des médecins allemands. Il y avait de plus un service de garde de nuit, par rou­lement.

Logement - Les médecins sont logés à l'extrémité d'une baraque des hommes, à raison de 4 à 5 par chambre. Ils ont un lit, une cuvette chacun. Des tables, des chaises.

L'alimentation est largement suffisante,

Promenade - Mais nous ne pouvons sortir du camp. L’autorisation que nous en demandons nous est refusée. Ce n'est qu'après la maladie (et la mort) de la plupart d'entre nous que l'on nous autorise à nous promener de 14 à 16 heures dans un parc voisin du camp, et sous une surveil­lance étroite.

Les W.C. - méritent d'être signalés, Nous ne disposons que de quelques seaux de toilette, mis à notre disposition dans une chambre du Lazarett 1. Il faut s'y rendre au besoin la nuit.

Les médecins malades - En dehors de l'un d'eux, le médecin auxiliaire Dautrey [Hôpital militaire de Lens ?] qui fut soigné en ville (*), tous les médecins [page 2] malades furent soignés dans le camp par nous, dans une chambre de l'isolier-Baracke, où on peut leur donner des bains. Cette chambre n'était pas aménagée lors de la maladie et la mort de Lassalas [26e régiment d’infanterie territoriale]. On se rendra compte des mauvais moments passés dans ces conditions, par l’examen du tableau suivant (en bleu les cas de typhus, en rouge les décès [sur l’original]).

En janvier : arrivée du médecin auxiliaire Héritier [64e bataillon de chasseurs] que nous trouvons en convalescence de typhus.

21 février - arrivée à Langensalza des médecins Thorel, Dautrey, Pelte, Tersen [hôpital militaire de Douai].

22 février - Arrivée de MM. Bahier [17e bataillon de chasseurs], Goudard [50e régiment d’infanterie], Deupes [20e régiment d’infanterie], Esquirol [20e régiment d’infanterie], Dournay et Lassalas.

9 mars - Dautrey tombe malade

10 mars - arrivée de Meuilles, Nectoux [groupe de brancardiers divisionnaires n°37] et deux médecins russes.

12 mars - arrivée de MM. Faucheux et Nattier [4e régiment d’infanterie territoriale].

15 mars - Lassalas tombe malade. Le lendemain, Tersen s’alite.

17 mars - Arrivée de 8 médecins et 2 officiers d’administration russes.

24 mars - Les deux médecins russes arrivés le 10, tombent malades.

26 mars - Nattier tombe malade.

27 mars - Mort de [M. le médecin aide-major Ferdinand Jean Laurent Lassalas (1874-1915)], MM. Bahier, Nectoux s’alitent. Tersen est dans le coma. Le docteur allemand, médecin auxiliaire, Dhale, a le typhus.

28 mars - Enterrement de Lassalas. Esquirol s’alite. L’aumônier allemand de même.

29 mars - M. Faucheux s’alite.

1er avril - Un médecin russe s’alite.

4 avril - Arrivée de MM. Rigollot [amb. n° 9/10], Poinsot [228e régiment d’infanterie], Léonetti [228e régiment d’infanterie], Dhalluin, Fontaine et du médecin anglais Garlaud [Garland ?] et 4 médecins russes.

6 avril - mort de [M. le médecin aide-major Léon Alphonse Natier (1879-1915)].

7 avril - un officier d’administration russe malade.

12 avril - un médecin russe malade.

20 avril - Rigollot tombe à son tour. Poinsot est malade mais non du typhus.

24 avril - mort de l’officier d’administration russe.

1er mai - mort d’un médecin russe.

3 mai - Mort de [M. le médecin aide-major Louis Pierre Rigollot-Simonnot (1876-1915)].

16 mai - Mort d’un médecin russe.

Personnellement j’ai été chargé de la Mannschafbaracken 8, d’une salle de typhiques du lazarett II[2], que j’ai gardée jusqu’à l’arrivée du docteur Rigollot, du service de dyphtérie (du 1er avril-26 avril). J’ai soigné les docteurs Lassalas, Bahier, Nectoux, Esquirol.

J’ai quitté le camp de Langensalza le 26 avril avec MM Thorel, Pelte, Esquirol, Faucheux, Tersen, Dautrey, Neuilles, Deupes, Goudard et 8 russes. Nous sommes envoyés au Réserve Lazarett de la ville pour y faire une quarantaine, car on nous promet soit notre prochain rapatriement, soit notre envoi dans un camp de repos (…). Le 7 mai, après 10 jours de quarantaine et de désinfection, on nous envoyait à Cassel, où régnait une autre épidémie de typhus. (…) Je sais qu’après notre départ, le sort des hommes et des médecins a été amélioré. Mais il est trop tard. Environ 8000 hommes en effet sur 10 000 ont eu le typhus et 900 environ sont morts. Les Allemands nous ont toujours empêchés d’avoir des chiffres précis (…). »

En guise de conclusion : Citation du docteur Louis Rigollot-Simonnot mise en exergue de la thèse du docteur François Léonetti : « Au milieu de tant de misères, notre devoir n’est plus de songer à nous réclamer de nos droits, mais de travailler ».

Note : (*) Le docteur Dautrey n’en donne pas la raison dans son rapport de captivité.

Source : Musée du service de santé des armées au val-de-Grâce, à Paris, carton n° 635, dos. 59 (Dournay) ; carton n° 639, dossier 23 (Poinsot).

Léonetti François. Souvenirs de Captivité. Les épidémies dans les camps de prisonniers d’Allemagne. Gustrow, Langensalza, Cassel. Thèse de médecine, Paris, n°8-1915. Paris : Jouve, 1915, 121 p.

Carte des camps de PG en Allemagne

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IN MEMORIAM – « SANITAIRES » BRETONS 1914-1918 (4)

23 Janvier 2015 , Rédigé par François OLIER Publié dans #les hommes, #Bretagne 1914-1918

IN MEMORIAM – « SANITAIRES » BRETONS 1914-1918 (4)

MEDECINS ET « SANITAIRES » BRETONS MORTS DURANT LA GRANDE GUERRE (1914-1918) – lettres G.- K.

En marge de la thématique des hôpitaux militaires je propose quelques biographies sommaires sur des « sanitaires » bretons (officiers et troupe) morts pendant la Grande Guerre…

News : Si ce blog vous intéresse. Si vous souhaitez être informés des parutions à venir... pensez à vous abonner ! Si vous souhaitez le voir évoluer, contactez-moi (Utilisez le lien "contact" en haut de la page d'accueil.) : Thèmes demandés par les abonnés/contacts qui seront présents en 2015 : Monographies hospitalières qui n'ont pas été développées dans les volumes de la collection et Actualités des hôpitaux militaires.
Lettres D-F

38. GALAINE Godefroy-Marie (1872-1917) – Médecin auxiliaire (adjudant), service de santé de la 10e région militaire de Rennes. Né le 9 novembre 1872 à Liffré (Ille-et-Vilaine). Décédé le 15 mars 1917 à Granville (Manche) : « tué dans un accident de voiture en allant visiter des malades ». Aux Med., 270.

39. GASTON Maurice-Joseph-Alfred (1895-1915) – Etudiant en médecine, canonnier au 51e régiment d’artillerie de campagne. Né le 11 juillet 1895 à Vairé (Vendée). Décédé le 2 mars 1915 à l’hôpital militaire Baur de Nantes (Loire-Inférieure) de maladie contractée en service, méningite cérébro-spinale. La Roche-sur-Yon 1915, matricule 1224. Etudiant en médecine (Ecole de Nantes). Aux Med., 274 ; Mémorial GenWeb.

40. GELEBART Henri-Marie-Alain (1889-1918) – Médecin aide-major 2e classe (sous-lieutenant), 121e régiment d’artillerie lourde. Né le 15 juillet 1889 à Morlaix (Finistère). Décédé le 5 octobre 1918 à Orfeuil (Ardennes). Brest 1909, matricule 1087. Croix de Guerre, Légion d’honneur. Mort pour la France - JO, 3 janvier 1919 : « Médecin consciencieux, dévoué, énergique et très brave. Tué à son poste le 5 octobre 1918 ». Aux Med., 276 ; MdH.

41. GOURIOU Léon-Marie (1882-1918) – Médecin-major de 2e classe (capitaine) des troupes coloniales, 131e bataillon sénégalais. Né le 11 mai 1882 à Châteaulin (Finistère). Décédé le 3 décembre 1918 à l’hôpital temporaire n°1 de Zeitenlick (Grêce), de broncho-pneumonie, suite de grippe maligne. Quimper 1902, matricule 3198. Docteur en médecine, 1906 (Faculté de Bordeaux). Mort pour la France. Aux Med., 283 ; MdH.

42. HUEROU François-Marie (1886-1918) – Médecin aide-major de 1ère classe (lieutenant), 120e régiment d’artillerie. [amb. n° 4/61]. Né le 10 novembre 1886 à Quemperven (Côtes-du-Nord). Décédé le 25 septembre 1918 à Sandricourt (Oise), de maladie contractée au front. Guingamp 1906, matricule 2179. Docteur en médecine, 1914 (Faculté de Paris). Mort pour la France. Aux Med., 294 ; MdH.

43. JAMYOT DE LA HAYE Alain-Evariste-Marie (1888-1917) – Médecin aide-major de 1ère classe (lieutenant), 47e régiment d’infanterie. Né le 27 juillet 1888 à Rennes (Ille-et-Vilaine). Décédé le 18 mars 1917 à Josselin (Morbihan) à son domicile, de maladie contractée au front. Vannes 1908, matricule 155. Docteur en médecine, 1911 (Ecole de Rennes et Faculté de Paris) – JO, 7 février 1915 : « A prodigué ses soins aux blessés sur la ligne de feu. Le 15 septembre a assuré l’évacuation d’un poste de secours en flammes. Le 2 novembre, s’est livré aux recherches les plus périlleuses et les plus minutieuses lors de l’attaque d’une briqueterie par son bataillon ». Mort pour la France. Aux Med., 296 ; MdH.

44. JARRY Anatole-Mathurin (1893-1916) – Médecin auxiliaire (adjudant), 310e régiment d’infanterie. Né le 31 août 1893 à Saint-Brandan (Côtes-du-Nord). Décédé le 26 février 1916 à Baleycourt (Meuse), suite à blessures de guerre. Saint-Brieuc 1913, matricule 980. Mort pour la France. Aux Med., 297.

45. JOUBREL Fernand-Auguste (1884-1915) – Médecin aide-major de 2e classe (sous-lieutenant), 247e régiment d’infanterie. Né le 7 octobre 1884 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine). Décédé le 13 mars 1915 en captivité au lazaret de Wittemberg (Allemagne), des suites de blessures de guerre. Saint-Malo 1904, matricule 94. Docteur en médecine, 1913 (Ecole de Rennes et Faculté de Paris). Il avait rejoint le camp de Wittemberg, en convoyant ses blessés du 247e depuis Sedan (29/08/14), en compagnie des docteurs Guibourg et Lequéré. Le lazaret de Wittemberg, organisé en une ou deux baraques (100 à 160 lits, en jan. 1915), était un camp où la morbidité était considérable et où sévissaient typhus et choléra. Mort pour la France. Aux Med., 298 ; MdH ; MSSA 633/7, Audion.

46. KERMABON (De) René-Olivier-Constant (1877-1917) – Médecin-major de 2e classe (capitaine), Active, Ambulance n° 16/13, 11e bataillon de chasseurs à pied à Annecy. Né le 21 mai 1877 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Décédé le 10 novembre 1917 à Nice (Alpes-Maritimes), à la villa Furtado-Heine, de maladie contractée au service : « paludisme, hépatite, hypertrophie de la rate » suite à un temps de service au Maroc, aggravée par un séjour au front. Chevalier de la Légion d’honneur, rang du 1er avril 1917, arrêté du 14 avril 1917. Mort pour la France. Aux Med., 300 ; Base Léonore LH/1398/22 ; MdH.

47. KERMARREC Jean-René (1877-1914) – Médecin aide-major de 1ère classe (lieutenant), 11e région militaire. Né le 8 janvier 1877 à Lannilis (Finistère). Décédé le 10 décembre 1914 à Morlaix (Finistère). Docteur en médecine, 1902 (Faculté de Paris). Médecin à Kerlouan. Aux Med., 300.

48. KERNEIS Christophe-Louis-Marie (1850-1915) – Médecin-major de 2e classe (capitaine), 158e régiment d’infanterie. Né le 7 mars 1880 à Elliant (Finistère). Décédé le 22 novembre 1915 à l’hôpital maritime de Lorient (Morbihan), de « maladie aggravée ». Quimper 1900, matricule 112. Docteur en médecine, 1907 (Faculté de Bordeaux). Mort pour la France. Aux Med., 301 ; MdH.

49. KERVERN Mathieu-Louis-Marie (1877-1914) – Médecin-major de 1ère classe de la marine. Affecté sur le « Bretagne ». Né le 25 août 1877 à Lambézellec, Moulin-à-Poudre [Brest] (Finistère). Décédé le [22] 24 décembre 1914 à l’hôpital militaire de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure) d’une « miocardite infectieuse d’origine typhique ». Docteur en médecine, 1903 (Faculté de Bordeaux). Mort pour la France. Aux Med., 301 ; MdH.

A SUIVRE

Sources :

Aux Méd. - Collectif. Aux médecins morts pour la Patrie (1914-1918). Hommage au corps médical français. Paris : Syndicat des Editeurs, [ca. 1920-1922], 446 p.


MdHhttp://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/recherche_transversale/bases_nominatives.php

Base Léonore - http://www.culture.gouv.fr/documentation/leonore/leonore.htm

Photo : Dans les boues de la Somme, par Gaston Broquet (1880-1947). Localisé dans les jardins de l’hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce à Paris.

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UN MODELE DE MONOGRAPHIE HOSPITALIERE : LEGE 1914-1918

3 Décembre 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #les hopitaux, #Bretagne 1914-1918

UN MODELE DE MONOGRAPHIE HOSPITALIERE : LEGE 1914-1918
Vient de paraître (novembre 2014) : Jean Girel. L’hôpital militaire de Legé pendant la Grande Guerre 1914-1918. Legé : Association des Amis de Legé, 2014, br., in-8, 94 p.

M. Jean Girel pilier de l’Association des Amis de Legé nous livre un modèle de monographie hospitalière de belle facture qui mérite d’être diffusée auprès des 3200 communes de métropole qui ont accueilli un hôpital militaire sur leur territoire durant la Grande Guerre. Abreuvé aux meilleures sources M. Jean Girel a fait œuvre de pionnier en consultant les fonds documentaires médico-militaires de Paris à Nantes et Legé.

L’hôpital militaire de Legé – hôpital complémentaire n° 58 – n’est pas un établissement hospitalier exceptionnel, c’est l’un des 10 000 hôpitaux « militaires » constitués pendant la guerre. Implanté au cœur de son terroir, l’HC n° 58 fonctionna, de 1914 à 1919, accueillant 2211 hospitalisés dans les locaux de fortune de l’ancien couvent de la Visitation de Legé. Grâce au travail de bénédictin de M. Girel et au « courage » éditorial des Amis de Legé et de la commune, le lecteur peut découvrir dans ce petit ouvrage de référence la complexité du déploiement du service de santé en campagne et accompagner le blessé jusqu’à la porte de l’hôpital legéen.La monographie hospitalière est précise et détaille les changements intervenus tant dans l’organisation que dans le fonctionnement de l’HC 58 et de ses annexes.

Nombre de chercheurs en histoire locale et de commissions départementales du centenaire, à n’en pas douter, s’inspireront de cette publication pour élaborer leurs monographies hospitalières. Reste à faire connaître au plus grand nombre ce travail de qualité.

Table des matières : Préface, avant-propos, introduction – chap. 1, l’organisation du service de santé des armées – chap. 2, les évacuations sanitaires vers la zone de l’intérieur – chap. 3, le monde de l’arrière – chap. 4, création de l’hôpital militaire ; hôpital militaire de Legé ; quelques moments dans la vie de l’hôpital ; transformation en hôpital sanitaire ; transformation en hôpital de contagieux – Epilogue, annexes, remerciements, crédits, bibliographie et sources, publications de l’association, quelques publications et sites internet, cahier central de photographies.

L’ouvrage est à commander à : Association des Amis de Legé, 11 rue de la Chaussée, 44650 LEGE.

Prix : 12€ (+2.5€ pour les frais de port)

Appel aux blogueurs : Faites-moi connaître, avec précision SVP, les publications, y compris confidentielles (bulletins municipaux, paroissiaux, associatifs, articles de périodiques divers et variés – en ligne ou non – de une à plusieurs pages… ) qui traitent des hôpitaux militaires en 1914-1918. Actuellement – Centenaire oblige - Il y a un réel engouement pour cette thématique et un foisonnement de notices hospitalières que je me propose – modestement, à travers ce blog - de porter à la connaissance du plus grand nombre. Merci.

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« L’Arlington breton » 1914-1918

2 Octobre 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #Bretagne 1914-1918

Le Mémorial aux Bretons de la Guerre 1914-1918
Le Mémorial aux Bretons de la Guerre 1914-1918

Visite au Mémorial aux Bretons morts pour la Patrie, en 1914-1918, de Sainte-Anne-d’Auray.

Au retour d’une conférence à Vannes sur le Service de santé de la XIe région militaire pendant la Grande Guerre, il est naturel – presque obligatoire – de faire étape au Mémorial des Bretons de Sainte-Anne-d’Auray, placé à main droite de la Basilique.

« La Bretagne à ses enfants – Breiz d’he bugale karet »

A chaque visite, je reste écrasé par la grandeur sobre de ce monument inauguré en 1932 symbolisant – encore et toujours – entre Armor et Argoat, la seule identification régionale majeure de la commémoration de la Grande Guerre.

Je me fais, à chaque visite, le devoir de faire le tour de son mur d’enceinte de 450 mètres de long, construit entre 1934 et 1935, où sont gravés, par paroisses, les noms de 8500 catholiques anciens combattants parmi les 110 à 140 000 bretons « morts pour la France ». Ce mur, improprement désigné comme « l’Arlington breton » est en fait le précurseur du « Vietnam War Memorial » de Washington D.C., lequel ne fait que 150 mètres… mais est bien plus fourni en noms de vétérans killed in action du Vietnam (plus de 58 000!).

Cette poussée de chauvinisme mise à part, je souhaitais vous faire partager – ou découvrir – quelques photos d’un lieu d’exception, propice à la méditation et largement déserté aujourd’hui – et par les fidèles et - par les anciens combattants (125 000 pèlerins à son inauguration en 1932). Tout un symbole en cette année de centenaire.

« L’Arlington breton » 1914-1918
« L’Arlington breton » 1914-1918
« L’Arlington breton » 1914-1918
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MATHURIN MEHEUT AU FRONT, 1914-1918

27 Juillet 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia, #Bretagne 1914-1918

MATHURIN MEHEUT AU FRONT, 1914-1918

Exposition, du 1er avril au 31 décembre 2014, au Musée Mathurin Méheut de Lamballe (Côtes-d’Armor)

Le musée Mathurin Méheut de Lamballe nous présente en 2014 une exposition labellisée « centenaire 14-18 » sur l’œuvre de Mathurin Méheut (1882-1958) durant la Grande Guerre. Toujours en recherche de thématiques « sanitaires », j’ai été irrésistiblement attiré par l’affiche de présentation de l’exposition représentant deux magnifiques brancardiers. Qu’à cela ne tienne, direction Lamballe.

L’exposition est installée dans les locaux de la belle « maison du bourreau » de la place du Martray (Musée Méheut) ; elle tient en deux salles à l’étage et présente « au coude à coude alignement » une fraction de la remarquable collection de dessins de Mathurin Méheut aux armées. Ces documents s’admirent eux-aussi « au coude à coude » tant le succès est présent… Malheureusement elle a subi un tri « sélectif » - pour en avoir admiré de riches éléments à Brest (1988), à Coëtquidan (1995), etc. - en raison probable de l’exiguïté des locaux et de prêts circonstanciels liés au Centenaire. Le discours scientifique de l’exposition qui met l’accent sur l’illustration de la dimension historique – exemple : Clémenceau au front - reste cependant parfaitement « audible ».

En tout état de cause, en matière de « sanitaire » il y a peu à glaner – pour un « furieux » comme moi, cela s’entend - : une estampe rehaussée de gouache, quelques « crayonnages » tout au plus représentant de nombreux blessés dont des prisonniers de guerre allemands. En dépit de leur sempiternelle présentation « étriquée » l’œuvre de Mathurin Méheut rayonne et ses gouaches colorées parviennent à illuminer l’horreur de la guerre et à dominer cette tristesse qui nous étreint à la vue de tant de destructions. Ce regard décalé ne peut qu’impressionner le visiteur, d’autant qu’il émane d’un véritable artiste combattant. A ses premières armes dans la « Grande Boucherie » et avant un « embusquage institutionnalisé » – comme tant d’autres artistes connus -, Mathurin Méheut (1882-1958) était un chef de section, cité, au 136e régiment d’infanterie de Saint-Lô.

Exposition à voir absolument et à méditer sans modération…

Mon coup de cœur… prévisible. : Mathurin Méheut. Brancardiers de [à] la Croix-Rouge, 1916 [sic]. Estampe rehaussée de gouache sur papier – 21,8x16,5 – Coll. Musée Mathurin Méheut de Lamballe, 1983.1.A.15.

Cette petite estampe - sujet de l'affiche de l'exposition - est accompagnée d’une photographie de l’hôpital d’évacuation (HoE) de Mont-Frenet sur laquelle l’on peut distinguer des véhicules d’une section sanitaire automobile russe (cf. Olier et Quénec’hdu. Hôpitaux militaires…, t. III, Louviers : Ysec, 2011, p. 45-47, sur les sections sanitaires automobiles, dont les russes).

Texte de présentation du commissaire de l’exposition : « Méheut est au Japon lorsque la Mobilisation est décrétée le 1er août 1914. Dans l’enfer des tranchées, il nous livre un témoignage sur la Grande Guerre grâce à ses nombreux croquis qui relatent la vie quotidienne mais aussi la dure réalité du conflit. Au-delà de l’intérêt artistique des dessins de guerre de l’artiste, cette exposition souhaite mettre l’accent sur leur dimension historique en les illustrant de documents d’archives, de petit matériel, de photographies et de films, empruntés au Musée de la Grande Guerre de Meaux et à l’Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense ».

Orientation bibliographique : L’incontournable : Jude (E. et P.). Mathurin Méheut 1914-1918. Des ennemis si proches. Rennes : Ouest-France, 2001-2014, 144 p. – que l’on peut encore se procurer (juillet 2014) à l’efficace Office du Tourisme de Lamballe.

Pour en savoir plus sur les hôpitaux militaires de Lamballe, des Côtes-du-Nord, de Bretagne, du Nord-Ouest en 1914-1918 : Olier et Quénec’hdu. Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918, tome 1, Nord-ouest, Louviers : Ysec, 2008, 302 p.

Lamballe (notice complétée) : Hôpital complémentaire n°71, installé à Lamballe dans les locaux de l’hôpital civil Villedeneu, rue du Jeu-de-Paume, avec deux annexes. L’ensemble comprend 130 lits. L’HC 71 est ouvert le 9 septembre 1914. Il est immatriculé sous le n°71 le 15 novembre 1914. Il ferme comme formation hospitalière militaire le 10 janvier 1919. A la fermeture, les malades et blessés militaires continueront, comme Avant-guerre, d’être accueillis dans les infrastructures redevenues civiles. Les personnels de l’HC n°71 : les docteurs Ageorges, Badin, Baque, Chesnais. Le service chirurgical est assuré par les docteurs Ageorges et Denisty ; ce dernier est un médecin bénévole belge originaire de Bruxelles. Les pharmaciens sont MM. Simon et Daniel. Le gestionnaire bénévole est M. Joseph Collet.

Mise à jour : 1er juillet 2015
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AUTOUR DE MAISSIN AVEC LES BLESSES ET MEDECINS DU XIe CORPS D’ARMEE (22 août-septembre 1914).

9 Juin 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #les hopitaux, #Bretagne 1914-1918

AUTOUR DE MAISSIN AVEC LES BLESSES ET MEDECINS DU XIe CORPS D’ARMEE (22 août-septembre 1914).

Retour en Belgique avec ce deuxième volet des vicissitudes du service de santé dans les combats de Maissin (22 août 1914) ; complément de l'article précédemment proposé sur l'hôpital improvisé du couvent des Abys de Beth...

Rapport du médecin aide-major de 2e classe Georges Bourguignon, de l’ambulance n°1 du XIe corps d’armée, en date du 28 septembre 1914, 34 p.

Au poste de secours d’Our (Belgique)

« J’ai l’honneur de vous rendre compte des évènements qui se sont passés du 22 août au 27 septembre 1914, depuis que je suis resté à Our, après le combat de Maissin, jusqu’à ce que j’ai rejoint mon poste à l’ambulance n°1. Le 22 août 1914, l’ambulance n°1 avait établi un poste de secours dans l’école communale du village d’Our. Lorsque à 23 heures, arriva l’ordre de faire replier l’ambulance n°1 en laissant un aide-major avec le poste de secours. Je me proposai à monsieur le médecin-major Clot, chef de l’ambulance, pour rester avec les blessés. C’est ainsi que je restai à Our, sur ma demande (…) Toute la nuit du 22 au 23 août, j’assistai à la retraite de nos troupes, m’occupant à recueillir tout ce que je pus de blessés ne pouvant plus marcher, et d’appliquer ou rectifier les pansements individuels de ceux qui pouvaient accompagner la retraite. L’école débordant bientôt de blessés je me fis ouvrir des granges dans le voisinage. J’employai le soldat Péron toute la nuit à aller chercher de la paille pour coucher les blessés et les recouvrir de paille pour les mettre à l’abri du froid. [page 2] Sachant, pour avoir été le reconnaître à notre arrivée à Our, qu’il y avait dans le même village un poste de secours du 93e de ligne, je profitai d’un moment d’accalmie dans la retraite pour traverser la route et me rendre à ce poste de secours. Ce poste était resté sous la garde de l’aide-major de 2e classe Le Lyonnais. Cet aide-major dormait. Je le fis réveiller et lui offrit de faire transporter dans les granges que j’avais, les blessés qui se trouvaient sur de la paille devant la maison dans laquelle était établi le poste de secours du 93e. L’aide-major Le Lyonnais avait avec lui 8 brancardiers et 4 infirmiers et deux voitures médicales régimentaires avec leurs chevaux et conducteurs ; il avait en effet la voiture de son bataillon et celle d’un autre bataillon du même régiment ; cette voiture avait été abandonnée pendant la retraite. Je proposai donc à l’aide-major Le Lyonnais de se réunir à moi pour soigner avec moi l’ensemble des blessés laissés à Our. Entre 1 heure et 2 heures du matin, un médecin auxiliaire du 116e de ligne, le docteur Flaties arriva, accompagnant un blessé que portaient 4 brancardiers et 1 infirmier. Le docteur Flaties m’ayant dit, qu’il avait perdu son régiment pendant qu’il faisait des pansements sur le champ de bataille, et qu’il ne savait où aller, je lui demandai de rester avec moi et de se réunir à moi et à l’aide-major Le Lyonnais pour soigner nos blessés dont le nombre augmentait rapidement. Le docteur Flaties accepta de rester avec son infirmier et ses brancardiers. C’est ainsi que je pus constituer une ambulance de fortune dont le personnel et le matériel étaient :

3 médecins : médecin aide-major Bourguignon ; médecin aide-major Le Lyonnais ; médecin auxiliaire Flaties – 22 soldats : 5 infirmiers, dont 4 du 93e et 1 du 116e [parmi les infirmiers du 93e RI : MM. Godart, Chotard et Mouleau] ; 12 brancardiers, dont 8 du 93e et 4 du 116e ; 3 conducteurs, dont 2 du 93e et 1 isolé [page 3] recueilli par l’aide-major Le Lyonnais ; 2 ordonnances, dont 1 du 93e et 1 de l’ambulance n°1 – Matériel : 2 voitures régimentaires avec leurs attelages et tout le matériel sanitaire.

Le médecin auxiliaire Flaties resta avec moi toute la nuit et m’aida à faire mettre à l’abri les blessés qui ne pouvaient marcher ou étaient trop fatigués pour suivre la retraite. Je conseillai aux blessés pouvant marcher de partir au moins jusqu’à l’ambulance n°2 qui était immobilisée dans le village de Beth, au couvent des Abys. Un grand nombre de blessés furent ainsi évacués à pied, peut-être 100 à 150. Il ne resta avec moi à Our qu’un officier, le sous-lieutenant Le Goc, du 64e de ligne. Je pus aussi, me trouvant sur le passage des troupes auxquelles je demandais tout le temps : « Avez-vous des blessés ? », donner de indications sur la direction de la retraite à des officiers, parmi lesquels un officier général qui me demandaient des renseignements sur la route à suivre (…).

[Le docteur Bourguignon à l’étroit dans son poste de secours improvisé, encombré de blessés, se rend au couvent de Abys  où fonctionne l’ambulance n°2/11, pour y transporter son trop-plein de blessés]

[page 5] (…) Je demandais, par écrit, à Monsieur le médecin-major Mével, chef de cette ambulance, s’il pouvait me prendre des blessés. M. le médecin-major Mével répondit qu’il ne pouvait me prendre de blessés parce qu’il serait obligé de les mettre dans le jardin du couvent, faute de place. Nous avions, à ce moment-là, dans Our, 170 blessés, répartis entre les deux postes de secours. Vers 7 heures du matin, un peu après avoir reçu la réponse du médecin-major Mével, une fusillade éclate dans le village : les Allemands arrivaient. Tout le monde rentre dans la maison du poste de secours du 93e. L’aide-major Le Lyonnais, en se mettant à l’abri, me crie de rentrer dans la maison au plus vite. Mais je lui dis qu’il faut, au contraire, montrer qu’il n’y a que des médecins et des blessés dans le village, pour tâcher de protéger nos blessés. Attrapant au passage un pavillon de la Croix-Rouge d’une des voitures du 93e, je me porte sur la route dans la direction d’où venaient les balles qui sifflaient à nos oreilles. Je ne fus pas plus tôt à l’entrée du village, agitant mon pavillon, que le feu cessa. Je ne pus voir où étaient les Allemands qui tiraient sur nous, sans doute à cause du peu de visibilité de leurs uniformes. La fusillade venait à peine de cesser lorsque la fourragère que j’avais envoyé chercher des blessés sur le champ de bataille avec le médecin auxiliaire Flaties arriva. D’accord avec l’aide-major Le Lyonnais, je décidai de ne pas la décharger et de l’envoyer immédiatement à l’ambulance n°2. Je rédigeai une note pour M. le médecin-major Mével, dans laquelle je lui disais que je lui envoyais une charrette de blessés parce que les Allemands fusillaient le village et que les blessés que j’avais sur le bord de la route seraient mieux dans le jardin du couvent [page 6] que sur la route dans Our, exposés aux incursions des ennemis. J’ai su depuis que Monsieur le médecin-major Mével avait envoyé cette voiture à Bouillon et qu’elle avait pu rentrer dans les lignes françaises. Je fis accompagner la voiture par le soldat Péron, à cheval, en lui donnant l’ordre de ne pas dépasser Beth et de revenir me dire la décision de M. Mével au sujet de cette voiture (…). Dans cette même matinée du 23 août, quelques blessés isolés arrivèrent (…)

[Le docteur Bourguignon après avoir pris contact avec le docteur Mével de l’ambulance n°2/11 est fait prisonnier par les Allemands au couvent des Abys, alors qu’il est venu discuter de la possibilité d’évacuer les blessés d’Our sur le couvent. Il est libéré presque aussitôt et retourne à Our où ses confrères réquisitionnent des moyens de transport.]

[page 9] A Our, les Allemands n’étaient pas revenus. Il était environ 11 heures 1/2 ou midi lorsque j’y fus de retour et les voitures réquisitionnées par l’aide-major Le Lyonnais augmentaient de nombre. On les chargeait de blessés au fur et à mesure que les Belges les amenaient, attelées, sur la route. Les Belges, apeurés par la venue des Allemands le matin, donnaient leurs voitures très difficilement. Enfin entre 1 heure et 2 heures de l’après-midi du 23 août, notre convoi était prêt. Un blessé allemand du poste de secours du 93e fut placé sur la première voiture. J’ai espéré un moment rentrer dans les lignes françaises, les Allemands n’ayant laissé aucun poste à Beth, et ne paraissant pas s’être encore beaucoup avancés dans la direction de Bouillon, d’après les renseignements que nous donnaient les Belges que nous rencontrions. Notre convoi comprenait 11 voitures, dont 9 de réquisition. J’aurais voulu une dixième voiture de réquisition pour emporter le matériel, armes, sacs, une cantine de vivres de réserve laissée par l’ambulance n°1 (…) Mais, malgré mes démarches, aucun belge ne consentit à donner une voiture pour transporter du matériel. Je leur demandai alors de cacher les fusils où ils voudraient, en dehors des maisons, et de garder dans la maison du poste de secours la cantine à vivres et les sacs avec le linge et le matériel de cuisine. Entre 3 heures et 4 heures nous sommes arrivés au village d’Opont.

Prisonniers « temporaires » à Opont…

Malheureusement nous y arrivions un peu trop tard. Les Allemands l’occupaient depuis une heure environ (…) [page 11] Après nous avoir fouillés, l’officier nous cantonna dans l’école du village. Un officier subalterne, à pied et parlant très bien le français, vînt me dire : « Selon la Convention de Genève, vous êtes libres. Mais les atrocités des Belges sur nos blessés sont telles que nous avons reçu des ordres très sévères et nous sommes obligés de vous faire prisonniers ? Vous resterez dans cette école et vous serez gardés par deux sentinelles : vous m’excuserez ! » Un autre officier vint me dire : « Nous avons plus de tués que de blessés à cause de votre artillerie ; votre artillerie est un instrument de boucherie. Votre infanterie ne nous fait que peu de mal ; nous la voyons, elle ne nous voit pas. Si votre artillerie était restée plus longtemps nous ne serions pas revenus à Maissin. » Puis il me demanda si nous avions mangé. Nous n’avions pas mangé depuis le samedi matin 10 h. On nous donna deux sentinelles qui accompagnèrent deux de nos infirmiers, baïonnette au canon ; on les conduisit dans un champ où ils déterrèrent des pommes de terre. Avec cela et quelques choux donnés par un belge, on fit une soupe sans sel. Ensuite sous la garde de sentinelles, et accompagné par les brancardiers allemands, je fis disposer les blessés dans l'école et dans une maison abandonnée, sur de la paille. Les brancardiers allemands défirent quelques pansements pour examiner quelques blessures. Ils refirent les pansements qu'ils avaient défaits. Lorsque tous les blessés furent couchés, on nous donna l'ordre de ren­trer dans l'école, et on nous y enferma à clef, avec deux sentinelles devant l'école et deux sentinelles devant l'autre maison contenant des blessés.

J'étais rentré le dernier, ayant voulu vérifier que tous les blessés étaient rentrés et avaient de la paille. Mais il n’y avait plus de place pour moi, tant l’espace qu'on nous avait permis d'occuper dans le village était restreint. Je passai la nuit sur une marche de l'escalier. A côté de nous, la maison [page 12] voisine, incendiée par les Allemands brûlait. Toute la nuit, les sentinelles tirèrent en l'air de temps en temps. L'aide-major Le Lyonnais s’était réservé une place et s'était couché avant que tous les blessés fussent rentrés. Vers le soir, un peu avant le coucher du soleil, alors que nous étions déjà enfermés dans l'école, une attaque fran­çaise eut lieu et un artilleur allemand fut blessé sous nos yeux. Malgré celà, les Allemands n'exercèrent sur nous aucu­nes représailles. Même, une des sentinelles prit un pavillon de Croix-Rouge et l'agita, devant l'école. La fusillade ayant cessé, l'artillerie allemande se mit en route pour Paliseul ainsi que j'ai entendu l'officier supé­rieur en donner l'ordre (…). Il ne resta à Opont qu'un poste de police commandé par un sergent, pour nous garder. Le lundi 24 août, vers 5 heures du matin, je demandai à sortir de l'école pour me mettre à faire des pansements, Ac­compagné de deux sentinelles, je pus aller chercher les paniers de pansements dans les deux voitures régimentaires. Puis Je montai réveiller l’aide-major Le Lyonnais et, dans le jardinet de l'école, nous avons installé notre "salle d'opérations". Nous avons fait ce jour-là les pansements de nos 170 blessés, et leurs fiches de diagnostic. Dans l'après-midi nous avons fait, en plein air, trois amputations urgentes qui étaient des régularisations et non des amputations typiques. L'aide- major Le Lyonnais, le plus chirurgien de nous trois, opérait. Le médecin auxiliaire Flaties était l'aide. Je donnais le chloroforme, dont j'ai une grande habitude. Quand les Allemands nous ont vus ainsi travailler, leurs derniers doutes sur notre qualité de médecins se dissipèrent et ils nous [page 13] laissèrent aller et venir sans nous accompagner. Ils nous donnèrent même des indications précieuses sur les en­droits où nous pouvions trouver du lait, des légumes, de la viande, à réquisitionner. Ce qui nous faisait totalement dé­faut, c'était le pain. Je pus aussi occuper une maison de plus, abandonnée, ce qui me permit de pouvoir me coucher sur la paille, dans la nuit de lundi au mardi. Dans la matinée du 25 août, nous avons vu passer encore de l'artillerie allemande, puis un convoi automobile. Après le passage de ce convoi dont un officier avait parlé au sergent allemand, celui-ci vint m'avertir que nous serions relevés par une ambulance allemande, que les blessés légers seraient en­voyés en Allemagne, que les grands blessés seraient envoyés au lazaret de Luxembourg et que la Croix-Rouge serait recondui­te en France. Mais nous n'avons jamais vu venir cette ambulan­ce allemande. Dans cette même matinée de mardi 25 août, le sergent al­lemand, puis un belge, m'avertirent que le château des Abys, au village de Beth, était à notre disposition, les Allemands ayant évacué leurs blessés qu'ils y avaient mis. Nous avons donc décidé de quitter Opont pour le château des Abys. Dans cette même matinée encore, un belge vint m'avertir que, dans le village de Framont, à 7 ou 8 km d’Opont, les allemands avaient abandonné des blessés français. Je décidai d'aller les chercher, après avoir été les visiter. Peu après, une petite voiture nous apporta deux blessés venant de Framont, dont un officier, le capitaine de Barbayrac de Saint-Maurice, du 118e de ligne. Pendant notre évacuation d’Our à Opont, le 23 août, des soldats et sous-officiers non blessés, qui avaient passé la nuit dans les bois, s'étaient joints furtivement à notre convoi. [page 14] Le Sergent allemand nous demanda d'en dresser la liste. Il y en avait 40. Les hommes, peu intéressants, bien portants, se conduisant en pillards, nous les avons laissés à Opont, tandis que nous avons transporté nos blessés d’Opont au château des Abys. Parmi les non-blessés, je signale tout particulièrement l'adjudant P……, du 19e de ligne, ancien colonial, pour sa conduite honteuse (A). Pendant l'évacuation de Our à Opont, le 23 août, il est venu me trouver en me demandant si, au cas où nous tomberions dans les mains des Allemands, ils regarderaient sa blessure et enlèveraient son pansement. Il avait la main gauche enveloppée dans un pansement que maintenait un gant de peau dont les doigts étaient coupés et il portait cette main en écharpe. Puis il m'avoua qu'il n'avait pas de blessure de guerre, et que son pansement recouvrait une coupure sur le dos de la main gauche qu'il s'était fait en coupant du pain. Je le soupçonne fort de s'être mutilé, étant donné que cette coupure était sur la face dorsale de la main gauche, parallèle au grand axe de la main. Je refusai de le considérer comme blessé et lui donnai l'or­dre de quitter son écharpe. Il me demanda alors un brassard d'in­firmier pour se faire passer comme sous-officier sanitaire. Je le lui refusai naturellement et le renvoyai avec mépris. A Opont il se mit à piller les maisons abandonnées et, faisant croire à ses camarades blessés qu'il achetait ce qu'il avait, il leur revendait les vivres qu’il avait pillés. L'aide-major Le Lyonnais a eu connaissance d'autres faits précis du même ordre à la char­ge de ce sous-officier. Le Médecin-major Mével, de son côté, l'a vu, à Maissin, au mois de septembre, soignant des blessés en se faisant passer près des Allemands pour médecin. Il a d’ailleurs, parait-il d'après un récit fait par des civils belges [page 15] menacé d'être fusillé par les allemands. Nous avons déposé tous ces faits au lieutenant de gendarmerie de la place de Pontarlier, lors de notre arrivée en France. Laissant à Opont cet adjudant avec tous les non-blessés, nous avons été débarrassés d’éléments qui menaçaient d'entraver sérieusement la bonne marche de notre ambulance improvisée. Après avoir décidé de quitter Opont pour le château des Abys à Beth, en laissant les non-blessés à Opont avec les Alle­mands, je proposai à l'aide-major Le Lyonnais de m’occuper d'aller chercher les blessés qu'on nous avait signalés à Framont pendant que lui-même s'occuperait de l'évacuation d’Opont à Beth. Il nous restait trois voitures de réquisition. Deux se­raient donc employées à l’évacuation d’Opont, et la troisième me servirait à aller chercher les blessés de Framont pour les ramener directement au château des Abys.

Au château des Abys…

Le mardi 25 août, donc, dans l'après-midi, je laissai le docteur Le Lyonnais et le docteur Flaties s'occuper du transport de nos blessés d’Opont au château des Abys. Je demandai au sergent allemand de me prêter la bicyclette qu'il avait, puisque les Allemands m'avaient pris la mienne. Il me prêta sa bicyclet­te de bonne grâce, et je partis pour Framont sur une bicyclette peinte aux couleurs nationales allemands». Après être passé au couvent des Abys prévenir l'ambulance n°2 de notre installation près d'elle, puis au château des Abys faire préparer les granges par les domestiques laissés au château par leurs maîtres pour installer nos blessés, je suis par­ti pour le village de Framont. Sur la route, je vis une quantité de sacs, de linge, de vestes, de képis, de gamelles, marmites, bidons, etc. abandonnés ­[page 16] par les soldats français. Je résolus de les ramasser lorsque je passerais avec une voiture. Je rencontrai des Belges qui me signalèrent deux blessés, l'un sur le bord d'un champ, l'autre sur la lisière d'un bois qu'ils m’indiquèrent. Un de ces belges, un fermier possédait 16 vaches qu’il ne savait où mettre, sa ferme ; à Larmoine, étant brûlée. Je l'invitai à les mettre dans un pré que j'avais vu derrière le château des Abys, et de me donner tous les jours son lait. Voulant être payé, je lui promis de lui faire des bons. Il me dit alors avec étonnement : « Alors, vous faites des bons ? Les Allemands prennent ce dont ils ont besoin et ne font pas de bons. En ce cas, je suis tout disposé à vous donner le lait de mes vaches ». Il ajouta qu'un de ses camarades pourrait se joindre à lui et qu'à, eux d'eux ils pourraient me donner 100 litres de lait par jour. C'est ainsi que Je pus donner du lait en abondance à mes blessés pendant tout le temps de notre séjour en Belgique.

A Framont, je trouvai, non pas 12 blessés, mais 20 blessés tous français, que les Allemands avaient abandonnés en leur promettant qu'une ambulance française viendrait les prendre. Le capitaine de Barbayrac du II8e de ligne qui était venu de Framont à Opont dans la matinée, ainsi que je l'ai raconté plus haut, m’a dit qu’il avait été blessé le 22 août au soir, au combat de Maissin. Il avait été relevé par un régiment alle­mand, dans la nuit, sur la route de Paliseul à Maissin. On l'avait installé sur des sacs de soldats, dans une voiture d'infanterie et on l'avait ainsi transporté pendant 4 à 5 kilo­mètres. En passant à Framont on l'avait déposé en lui disant d'attendre une ambulance française. 11 n'avait eu que son pansement individuel et aucun médecin allemand ne l’a soigné. Il est resté à Framont dans une grange jusqu'au 25 août. Les Bel­ges qui l'avaient recueilli et le nourrissaient apprirent par hasard notre présence à Opont, vinrent me prévenir que des blessés français avaient été abandonnés par les Allemands le 23 août à Framont et c'est ainsi que le Capitaine de Barbayrac se fit conduire à Opont le 25 dans la matinée et que je pus réunir dans la même journée tous les blessés abandonnés à Framont [page 17] Revenu à Opont après avoir reconnu les blessés et après avoir demandé aux Belges de réunir à Framont tous les blessés qu'il pourrait y avoir dans les villages voisins , je pris une de mes voitures de réquisition, avec un conducteur, 2 bran­cardiers et 4 ou 5 brancards. Je commençai par faire les détours nécessaires pour aller prendre les 2 blessés qu’on m'avait signalés à mon premier voyage. Puis je fis battre les champs par mes 2 brancardiers pour y ramasser tout le matériel français qu'ils trouveraient, pendant que moi-même, je faisais le même travail sur le bord de la route. Je fis charger dans la voitu­re tout le linge, chemises, caleçons, chaussettes, mouchoirs, toutes les vestes, tous les képis, toutes les marmites, quarts et bidons, gamelles, que je trouvai. Je fis laisser les sacs eux-mêmes, ne pouvant me charger d'objets ne pouvant servir à mes blessés (…).

[page 18] A Framont, il y avait encore du matériel abandonné. Avec un sac de distribution je demandai aux Belges de remplir le sac de distribution pendant que j'allais embarquer les blessés. Il était environ 7 heures du soir lorsque nous sommes arrivés à Framont. Nous avons mis environ 3 heures pour ramas­ser notre matériel pendant 7 kilomètres de trajet. Mais au lieu de 20 blessés, il y en avait maintenant 30. Les Belges, ainsi que je le leur avais demandé, en avaient ramené 10 des villages voisins pendant que je retournais à Opont pour en revenir avec une voiture. Grâce à deux voitures de plus que les gens de Framont me prêtèrent je pus enlever de suite 19 blessés et une grande partie du matériel que j’avais recueilli. Je dus en laisser 11 que j'allais chercher le len­demain. Je laissai les moins malades, sauf une fracture de jambe qu'il était impossible de transporter sans immobilisation. Notre convoi partit de Framont vers 9 heures du soir et arriva au château des Abys entre 10 heures l/2 et 11 heures du soir. Mes brancardiers et moi-même n'avions pas mangé depuis le matin à 10 heures. Je n'ai eu qu’à me louer du dévouement de ces soldats ». Ce mercredi matin, 26 août, avec les mêmes brancardiers je retournai à Framont en emportant dans la voiture un appareil à fracture et je ramenai au château des Abys les derniers blessés laissés à Framont et tout ce que j’avais pu emporter de matériel la veille. Dans les jours qui ont suivi, il nous arriva encore deux ou trois blessés français que nous amenèrent les Belges. J'ai la certitude d'avoir réunis au château des Abys tous les blessés français abandonnés par les Allemands dans un rayon de 7 à 8 kilomètres.

[page 19] Je puis dire que j’ai fourni du 22 au 27 août le maximum de l’effort physique dont j’étais capable. Les nuits sans sommeil, la nourriture insuffisante, les kilomètres à pied et à bicyclette pour aller chercher les blessés et le matériel, et aussi les émotions de la prise par les Allemands, les ren­contres avec les Allemands pendant ces courses, tout cela avait épuisé mes forces physiques, et le 26 août, je fus pris de troubles gastro-intestinaux avec inflammation de larynx et des corps thyroïdes, en même temps que j'avais des raideurs musculaires rendant difficiles les mouvements. Malgré cela, le jeudi 27 août, je me rendis encore à Our pour exécuter la dernière partie du programme que je m'étais tracé : rapporter de Our ce que j'y avais laissé de matériel. Avec deux brancardiers et une voiture, emportant 3 sacs à distribution, je retournai à Our. Les Belges, par peur des Allemands, avaient remis sur la route tout ce que je leur avais laissé. La cantine d'approvi­sionnements de réserve était défoncée et vidée. Les cantines d’officiers blessés avaient été enlevées par les Allemands ; les fusils étaient cassés ; la crosse était cassée et le canon tordu. Les sacs étaient fouillés, mais il en restait d'intacts cependant. Je remplis deux sacs de distribution avec les chemises, ca­leçons, vestes, gamelles, marmites, etc. qui étaient sur le bord de la route devant l'église. Puis je me rendis dans l'école où avait été établi le poste de secours de l'ambulance n°1 pour remplir le troisième sac de ce qu'il y avait encore de matériel. Pendant que nous procédions à ce travail, un Belge m'an­nonça l'arrivée d'une compagnie allemande. Je me précipite [page 20] hors de l’école et cours au-devant de mes deux sacs pleins de matériel que j'avais laissés devant l'église et j'attendis que les Allemands qui arrivaient fussent à ma hauteur. C’était une patrouille d'infanterie d'environ 40 à 50 hommes conduits par un officier ou un sous-officier. Lorsqu'ils furent à ma hau­teur, j'étendis le bras au-dessus de mes sacs et dis : « Für die Kranken » [« pour les malades »], avant que le chef du détachement m'ait adressé la parole. Il me demanda seulement si J'avais beaucoup de malades. Je lui dis en allemand, que j'en avais trop, beaucoup trop et que je ramassais des vêtements de rechange pour eux. Il me dit "c'est bien", et le détachement partit. J'achevai mon char­gement et je partis avec ma voiture. Lorsqu’au petit trot, je dépassai le détachement allemand sur la route, son chef me salua. Nous étions donc installés au château des Abys. Le poste resté à Opont, ne nous y suivit pas et, à partir de là, nous avons joui d'une liberté relative. Les Allemands venaient de temps en temps voir si nous étions toujours là. Jamais ils ne nous ont envoyé de médecin allemand. Jamais ils ne se sont in­quiétés de notre ravitaillement. Nous avons donc dû vivre en­tièrement par nous-mêmes.

A notre arrivée au château des Abys, je suis allé trouver le chef de l'ambulance n°2, Monsieur le médecin major Mével pour lui demander de nous réunir à lui et de faire du couvent et du château des Abys, une seule ambulance sous ses ordres. Nous avions en effet un nombre de blessés sensiblement égal des 2 côtés, 150 environ dans chaque formation (j'en ai eu 200 en­tre les mains). Mais l'ambulance n°2 avait 6 médecins : nous étions trois. L’ambulance avait 41 hommes (38 infirmiers et 3 ordonnan­ces) nous en avions 22. L’ambulance avait un pharmacien et deux officiers d’administration : nous n’en avions pas. Les sœurs du couvent [page 21] se chargèrent de faire la cuisine et le pain pour les blessés et de se procurer tout le nécessaire pour la nourri­ture qu'elles faisaient elles-mêmes dans les cuisines de leur pensionnat de jeunes filles, alors inutilisés. Nous étions dans une maison particulière où il était impossible de faire la cui­sine pour 150 à 200 personnes. Il me semblait que le sort de nos blessés tant au point de vue de la nourriture qu'à celui des soins médicaux aurait beaucoup gagné à cette réunion sans que les blessés de l'ambulance du couvent y aient rien perdu. Mais l’officier gestionnaire de l’ambulance n°2 Monsieur Cazaux, me dit qu’administrativement il était très difficile de nous réunir, nous isolés, à une ambulance entière régulièrement constituée, pour nous en détacher ensuite, et que si, nous pouvions marcher seuls, tant bien que mal, Il était plus réglementaire de ne pas nous réunir. Tout ce qu'il put faire pour nous, fut de nous donner un carnet de bons et un carnet d'ordres de réquisition, Monsieur le médecin major Mével me dit donc que, malgré tout son désir de nous aider, il ne pou­vait faire plus. Seulement on nous invita, nous, les 3 officiers du château, à venir manger à la table des officiers de l'ambulance n°2, au couvent.

Nous nous sommes donc arrangés tout seul. L'aide major Le Lyonnais, étant de l'active, prit le commandement de notre formation de fortune et se chargea des réquisitions et des voi­tures. Il possédait d'ailleurs dans sa voiture, une caisse de comptabilité et d'administration, tandis que moi, je n'avais aucun matériel, Le médecin auxiliaire Floties et moi-même, nous nous occupions surtout de la besogne médicale. Du 22 au 27 août, nous n’avions pas eu de pain, ni nous ni nos blessés. Mais nous avons pu en avoir grâce à un meunier [d’Our]. Nous le faisions nous-mêmes. Le meunier [d’Our] four­nissait la farine, mélange de seigle et de froment, avec pré­dominance croissante d'ailleurs, du seigle. Deux brancardiers, sachant un peu boulanger, allaient avec une voiture chercher la farine à Our. A Opont, nous avons trouvé un four abandonné. [page 22] Les brancardiers transportaient la farine [d’Our] à Opont. Là ils faisaient le pain et le rapportaient ensuite à Beth, au château des Abys. Deux autres brancardiers furent chargés de la boucherie. L'aide major Le Lyonnais réquisitionnait le bétail qu'on nous livrait vivant. Les deux brancardiers, tant bien que mal, à l'aide d'une pioche terminée, de l’autre côté par une masse, tuaient le bé­tail et le dépeçaient, les 4 brancardiers faisaient la cuisine dans le jardin du château et ce n'est que grâce aux marmites que j'avais recueillies les premiers jours que nous avons pu faire la cuisine pour nos blessés. A Opont, nous l’avions fai­te grâce aux ustensiles que nous ont prêtés les soldats du poste de police allemand qui nous gardait.

Aussi, malgré les difficultés nombreuses, nous avons pu donner du pain, de la viande, des légumes et du lait à nos blessés. Le matériel sanitaire de l'aide major Le Lyonnais nous permit de les soigner. Je pus donner une chemise, un caleçon, un mouchoir, un ké­pi ou un bonnet de police, une veste ou une capote ,une gamel­le , un quart et un bidon à nos 150 blessés qui avaient tous semé leurs sacs et leurs musettes sur le champ de bataille ; je me félicitai d’avoir ramassé tout ce matériel. Nous avons ainsi vécu par nos propres moyens et soigné les blessés que j'avais réunis sans qu'à aucun moment les Allemands se soient inquiétés de nous ravitailler en nourriture ni en matériel médical. Depuis le jour où le poste Opont est parti, nous avons [été laissés] tranquilles par les Allemands.

Le 9 septembre 1914, Monsieur le médecin major Mével vint me trouver au château pour me faire part de ses intentions. Les ressources du couvent, et, pour nous, celles du pays, com­mençaient à s'appauvrir. Nos pansements et médicaments s'épui­saient. [page 23] D'autre part les blessés demandaient de moins en moins de soins, les uns étaient morts, les autres s’améliorant très vite. Dans ces conditions ; Monsieur le médecin major avait l'intention de se rendre à l'ambulance allemande la plus proche, au château de Roumont et de demander à être évacué. Il estimait que nous avions maintenant plus de services à rendre en France. Il fut donc décidé que Monsieur Mével irait avec un de ses aide-majors, son officier gestionnaire et un sergent au château de Roumont, avec notre voiture de réquisition. Il revint le soir accompagné d'un sergent allemand. Nos blessés étant évacuables, les Allemands avaient décidé de fai­re l’évacuation le 11 Septembre. Le 10 Septembre, le sergent allemand vint au château voir nos blessés. Il n'y en avait que trois d'inévacuables qu’il voulut bien laisser chez les soeurs du couvent des Abys.

Le 11 septembre, avec 46 fourragères, le château et le couvent furent évacués à Libramont. Il me restait alors 148 blessés, dont 145 furent évacués et 3 furent laissés au couvent. Au couvent, il y avait environ 160 blessés, ce qui fai­sait en tout environ 300 blessés prisonniers. Après un trajet de 20 Km en fourragère, nous sommes arri­vés à Libramont, à 5 heures du soir. Il y avait une pluie bat­tante sans interruption depuis notre départ. Nous avions demandé de remettre l'évacuation au lendemain, on nous le refusa. Nos blessés étalent trempés jusqu'aux os et transis de froid en arrivant à Libramont (…) »

La suite du voyage est à découvrir dans le rapport du docteur Mével qui est transcrit sur notre blog : Avec les blessés du XIe corps d’armée réfugiés au couvent des Abys (combats de Maissin, 22 août 1914).

Ce rapport Mével constitue la première partie de notre dossier de témoignages sur les combats de Maissin (22 août 1914).

Notes :

  1. – Sur l’adjudant P…. du 19e régiment d’infanterie et son attitude « honteuse » à Opont et autres lieux ; les faits sont confirmés dans la relation du docteur Le Lyonnais, mais pas dans celle du docteur Mével.

Légende de la photo : La gare de Bouillon – L’ambulance n°1/11 (Médecin major Clot) après avoir laissé le docteur Bourguignon à Our, se replie sur Bouillon où elle arrive le 23 août à 11 h. 00. Sur ordre du directeur du service de santé (médecin inspecteur Descours), elle s’installe à la gare de Bouillon et organise les évacuations sanitaires du corps d’armée par le chemin de fer à voie étroite sur Sedan.

Sources : Arch. Musée du service de santé des armées, carton n° 634, dos. 19, Bourguignon ; carton 637, dos. 67, Le Lyonnais.

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