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Hôpitauxmilitairesguerre1418 - Santé Guerre

ARCHIVES MEDICALES des HOPITAUX MILITAIRES (1914-1918)

Rédigé par François OLIER Publié dans #Recherche Archives Documentation, #Généalogie

Historique de la conservation des archives hospitalières militaires 14-18 – Statistique médicale de la guerre 14-18 – Bureaux d’archives des hôpitaux fermés (1917)

Lors de la Première guerre mondiale il n’existait pas d’organisme central de conservation des archives médicales à l’instar du Service des archives médicales et hospitalières des armées (SAMHA de Limoges) actuel dont l’historique succinct, l’organisation et le fonctionnement ont fait l’objet d’un article de MM. Bessière et Merlet mis en ligne par le CRID 14-18

Mon objectif, au travers des notes qui suivent, est de présenter, après un rapide « survol » des origines, l’historique des archives médicales des hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918, période qui n’a pas été développée par les précédents auteurs.

 

L'ouvrage "Scandales Médicaux pendant la guerre" d'Henry de Golen (réédition 1933), avec enquête sur l'ouvrage et l'auteur. La guerre à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris en 1917-1918. Un ouvrage gommé des bibliographies sur la Grande Guerre...

 

I - Aux origines des archives hospitalières militaires.

L’on peut retrouver de nos jours, quelques traces de fonds anciens d’archives hospitalières militaires. Pour le XVIIIè siècle, l’on recherchera dans les fonds anciens d’Intendance (série C). Je connais les fonds des archives départementales d’Ille-et-Vilaine à Rennes (série C, intendance de Bretagne) et ceux des archives départementales du Calvados (série C, généralité de Caen) qui détiennent quantités de liasses sur les hôpitaux militaires au XVIIIe siècle en Bretagne et Basse-Normandie. Ce sont essentiellement des correspondances administratives parfois accompagnées de pièces justificatives (extraits de registres d’entrée, billets d’hôpitaux, etc.). Les séries - à proprement parler « hospitalières » – et les plus nombreuses, vous les trouverez dans les archives départementales et communales dans les séries H (antérieures à 1790), L (1790-1800) et H-dépôt pour les archives hospitalières versées par les hôpitaux « quelle que soit leur ancienneté » : entrées de militaires aussi bien dans les hôtels-Dieu du XVIe que dans les hôpitaux mixtes relevant de la loi de 1877 (secteurs ou pavillons militaires dans les hôpitaux civils) et bien entendu dans les fonds municipaux des grandes villes qui peuvent en être détentrices.

Pour ce qui concerne les fonds d’archives militaires (SHD), Les pièces conservées relèvent essentiellement de l’état civil ancien des hôpitaux militaires et des régiments (par exemple, les registres de décès des campagnes de la guerre de Sept Ans en Allemagne (1756-1763), Ya 4..). Les archives à proprement parler « hospitalières », quant à elles, doivent être recherchées au niveau local (département et commune, cf. supra). Par exception, à titre d’exemple, l’on peut mentionner la très belle série des registres d’entrées des hospitalisés de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris (depuis le 18 août 1796 jusqu'en 1892)* et nombre « d’épaves » (France et Afrique-du-Nord) conservées à Limoges, au Val-de-Grâce et dans certains dépôts d'archives départementales et communales de métropole.

Les conflits du XIXe siècle sont assujettis aux mêmes classements, avec l’ouverture de nouveaux dépôts aux Archives nationales (état civil, hôpitaux des colonies, Affaires Etrangères, etc.). Une nouvelle variable va également s’imposer dans la conservation des archives militaires, dont héritera le SAMHA de Limoges, celle de la documentation générée par la statistique médicale.

(*) -Val-de-Grâce à Paris, registre des entrées : de 1796 à 1892, manquent : 01/10/1819-15/03/1822 ; 25/11/1828-30/06/1830 ; 01/12/1839-31/12/1843 ; 21/12/1847-04/08/1848 ; 16/09/1861-22/03/1863.

II - Présentation de la statistique médicale militaire (1851-1914).

En France, il faut attendre les travaux de Jean-Charles Chenu (1808-1879) entrepris à l’instigation du baron Hippolyte Larrey (1808-1895) pour voir la statistique médicale militaire se développer et permettre, sur une large échelle, l’utilisation des données thérapeutiques pour la mise en oeuvre d’une véritable épidémiologie des armées. Cette statistique médicale, déjà utilisée par l’armée anglaise dès 1836, fit l’objet de la loi du 23 janvier 1851 qui ordonnait « qu’une statistique médicale sera annexée chaque année au compte-rendu sur le service du recrutement ». Cette statistique ne fut que tardivement appliquée, en 1861, à l’armée française. Il faudra attendre les travaux de Chenu sur la guerre de Crimée (statistique publiée en 1865), sur la guerre d’Italie (publiée en 1869) pour que l’intérêt de la statistique médicale s’impose lors des conflits majeurs (Guerre de 1870-1871) ou secondaires (Chine, Cochinchine, Syrie, Mexique, publiée en 1877). Pour assurer la publication de cette « statistique » un bureau spécial rattaché au secrétariat du Conseil de santé fut « chargé de concentrer les rapports sanitaires et d’en coordonner les résultats. » Ainsi pour élaborer la statistique sur la Crimée (1854-1856) - plus de 400 000 entrées dans les ambulances et hôpitaux français - et élaborer les 1 150 000 fiches nécessaires à l’étude, près de 18 sous-officiers secrétaires furent attachés à cette entreprise. Ces fiches provenaient de l’exploitation systématique des « cahiers de visite » et des registres de décès de l’expédition qui furent stockés dans une salle de l’hôtel des Invalides. Il en fut de même à chaque campagne de guerre.

Nota : Cette documentation statistique est une véritable « mine » pour les généalogistes à la recherche de leurs ancêtres blessés ou tués lors des campagnes militaires du Second Empire. A titre d’exemple voici quelques fiches bio-médicales parmi des centaines d'autres :

III – Archives et statistiques militaires durant la Grande Guerre

A) - La statistique médicale dans la guerre 1914-1918

C’est avec cette organisation, dépendant du Conseil de santé, rattachée, par décret du 7 août 1912, directement au ministre de la guerre que débuta la Grande Guerre. Le 21 mars 1915, devant la masse documentaire à exploiter, un service spécial, dit « de la statistique médicale de l’armée pendant la guerre » fut créé. Ce service pour son fonctionnement s'appuyait sur l'instruction du 13 juin 1913. La direction de ce nouvel organisme fut confiée à Jacques Bertillon (1851-1922), médecin de formation, statisticien et démographe, chef de la statistique municipale de la ville de Paris. Sa mission fut complétée par une instruction ministérielle du 25 mars 1915. En définitive, l’ensemble des travaux de ce bureau, illustrant l’épidémiologie militaire de l’ensemble de la guerre, fut publié en 1922 sous le titre de : Statistique médicale. Ministère de la Guerre. Paris : imp. Nationale, 1922, 304 p.

B) - Les archives hospitalières militaires dans la guerre 1914-1918

En 1914, les archives médicales étaient conservées par les formations hospitalières du temps de paix à l’instar des hôpitaux civils. Les documents médicaux « portant à la fois le nom d’un malade et la nature de la maladie dont il était atteint » devaient être détruits au bout de dix ans. Les cahiers de visite étaient incinérés. Par exception, devaient être conservés indéfiniment : les registres des entrées, de décès, des autopsies, de statistique médicale, matricule des officiers attachés à l’établissement, de correspondance, de malades en observation, de rapports médico-légaux, des opérations pratiquées.

La Guerre allait modifier cet état de chose en multipliant les formations hospitalières (estimées à près de dix mille) qui généraient des centaines de milliers de registres et des milliers de tonnes de documentation. Au fil du temps la conduite de la guerre modifia continuellement le plan hospitalier et les capacités hospitalières. Dès 1914-1915, des milliers de formations furent mises en sommeil ou fermées définitivement. Leurs archives furent versées au siège des directions du service de santé des régions militaires tant de la zone des armées que de l’intérieur. Pour permettre la gestion de ces volumes considérables d’archives qui encombraient les locaux, la 7e direction (santé) du ministère de la guerre, constitua en mars 1917 dans les directions régionales, des bureaux d’archives des hôpitaux fermés (Circ. Min. n°454 ci/7 du 15 mars 1917).

C) - Les "bureaux d’archives des hôpitaux fermés"

Ces bureaux furent installés dans chaque direction régionale du service de santé de France et des colonies, et perdurèrent bien au-delà de la Grande Guerre.

Le personnel de ces bureaux se composait d’une poignée de personnels. Ainsi à la DRSS de la 14e région de Lyon, en juin 1918, l’on trouvait : Un archiviste, un secrétaire, un planton-manipulateur (magasinier). Dans cette équipe restreinte, l’archiviste possédait un « statut » bien défini par des circulaires et instructions ministérielles particulières (voir infra). L’instruction n° 10458-3/7 du 25 avril 1917 précisait que le bureau d’archives constituait un « service spécial » dont l’archiviste, le plus souvent un homme de troupe, était désigné par l’administration centrale, à l’exemple du personnel officier. Cet archiviste, assimilé aux « faisant fonction de gestionnaire d’hôpital », pouvant être promu adjudant, était tenu « personnellement indispensable dans le poste auquel il avait été affecté ». Ces archivistes militaires étaient pour la plupart des bibliothécaires ou archivistes-paléographes de formation. A titre d’exemple, nous pouvons mentionner Barthélémy-Amédée Pocquet du Haut-Jussé (1891-1988) le célèbre archiviste-paléographe, historien de la Bretagne. Cet élève de la promotion 1910 de l’Ecole des chartes, major de sa promotion, en 1914, séjourna à l’Ecole française de Rome (1915-1917, 1920) avant d’être incorporé comme archiviste du service de santé de la région Nord à Boulogne-sur-Mer. C’est ce qu’en dit, en 1989, Jacques Charpy dans la nécrologie qu’il lui consacra.

Nous pouvons compléter cette notice par d’autres affectations de Barthélémy Pocquet du Haut-Jussé relevées au Musée du Val-de-Grâce : mobilisé comme soldat au 27e bataillon de chasseurs alpins (19 mai 1917) ; archiviste à la direction du service de santé (DSS) de la région du nord à Boulogne-sur-Mer (août 1917) ; caporal (septembre 1917), passe comme archiviste à la DSS de la 16e région militaire de Montpellier en décembre 1917 puis est nommé à la DSS de la 10e région militaire de Rennes par décision ministérielle n°2281 A-3/7 du 16 janvier 1919. Il est promu sergent en mars 1919.
[Références sur les archivistes : Instruction n° 19780-3/7 du 16 août 1917 sur l’assimilation des archivistes aux adjudants au point de vue des indemnités - Circulaire n° 4974 B-1/7 du 1er février 1919 au sujet des archivistes des bureaux régionaux des archives du service de santé - Instruction n° 19994 B-1/7 du 13 mai 1919 sur les archives des hôpitaux fermés].

Les locaux – Implantés à proximité des bureaux des DRSS, les bureaux d’archives s’installaient dans des espaces divers restés libres : casernes, appartements, etc. Par exemple, le bureau d’archives de la 18e région occupait un appartement de cinq pièces dans une maison au 39 rue de Cheverus à Bordeaux. A Montpellier, le bureau fonctionnait à la caserne de la Citadelle, etc.

Mission des bureaux – est connue au travers des rapports mensuels fournis par les archivistes. Ces derniers devaient récupérer et centraliser les archives des hôpitaux fermés ; en assurer l’inventaire et le classement. Pour l’administration centrale ils devaient aussi rédiger des « notices historiques » qui sont précieuses aujourd'hui et des « états sommaires » des fonds classés. Enfin, ils étaient chargés d’opérer des recherches dans les fonds documentaires, au profit d’ayants droit militaires auxquels ils adressaient des duplicata de documents (CM n° 454-Ci/7 du 15 mars 1917).

Les archivistes, pour récupérer les fonds d’archives, menaient des enquêtes de terrain : L’archiviste Eloi Laval de la 17e région de Toulouse signalait, en janvier 1918, qu’à l’Isle-Jourdain (Gers) « les recherches faites, en présence de l’archiviste, en vue de retrouver les archives de l’hôpital bénévole n° 62bis, ont permis de découvrir seulement un brouillon des entrées (…) ». L’archiviste de la 18e région, mentionnait que l’hôpital auxiliaire n°127 prévu à Saint-Trojan « ne fut jamais ouvert » tandis que les hôpitaux bénévoles 128bis d’Arthez et 129bis d’Artrix (Basses-Pyrénées) « existèrent seulement en théorie et ne fonctionnèrent jamais. »…

L’aspect « classement » impliquait la manipulation de tonnes de documents et le rangement des fonds récupérés. Ainsi à Bordeaux, à l’ouverture du bureau, le 20 juin 1917, le dépôt organisé dans les locaux de l’hôpital militaire comprenait les fonds de 94 hôpitaux supprimés en 1914-1916 ; ils étaient 209 en juin 1918 et 357 en novembre 1919. L’objectif était de regrouper l’ensemble des fonds hospitaliers de la 18e région militaire à la DRSS de Bordeaux.

Le pendant « recherches » s’étendit progressivement et ne fit qu’augmenter au fil des années dans toutes les directions du service de santé. L’archiviste de Lyon répondait, du 1er avril au 1er novembre 1919 à 5262 correspondances et adressait 4384 extraits ou duplicata de pièces médicales ; celui de Châlons (6e région), du 11 novembre 1918 au 31 août 1919, traitait 7199 demandes... Jusqu’à leur fermeture, à la suite du Plan Armées 2000, les dernières directions régionales du service de santé, détentrices d’archives de la Première Guerre Mondiale (Bordeaux et Rennes) continuèrent d’assurer cette fonction de « recherches » et délivraient encore des duplicata aux ayants droit.

Au fur et à mesure de la fermeture des directions, à la suite des réorganisations régionales, les fonds d’archives médicales de la guerre 14-18 migrèrent au gré des dissolutions et des maintiens, et cela jusqu’à la création, après la Seconde Guerre Mondiale, du service des archives médicales et hospitalières des armées. Dans ce nouvel organisme fusionnèrent les fonctions de conservation des documents produits tant par les services de la statistique médicale que par ceux des archives hospitalières. Aujourd’hui l’ensemble des archives hospitalières et médicales de la Grande Guerre (hormis les archives médicales des hôpitaux maritimes conservés dans les ports) est regroupé au SAMHA de Limoges, lequel organisme a repris, entre autres, les missions dévolues aux "bureaux d'archives des hôpitaux fermés" de la Grande Guerre.


 

POUR EN SAVOIR PLUS sur les archives et archivistes du service de santé :

Sur René Bonnat (1878-1945), archiviste-paléographe.

Sur Henri Bourde de la Rogerie (1873-1949), archiviste-paléographe au front...

Sur André Lesort (1876-1960), archiviste-paléographe

Sur les archives de la Marine, à Brest.

Contact SAMHA :

Service des Archives Médicales et Hospitalières des Armées

23 rue de Chateauroux - BP 21105 - 87052 LIMOGES-CEDEX 2

exploitation.samha@orange.fr

Fonds 14-18 du SAMHA Limoges : IMPORTANT

Une demande de documents médicaux se prépare. N'oubliez pas que les recherches au SAMHA s'effectuent "sur mesure" à votre profit. Que les outils de recherche à la disposition des agents locaux sont des fichiers "manuels" de centaines de milliers de fiches et/ou registres. Aussi pour éviter une réponse négative ou des échanges de courriers intempestifs et inutiles, préparez soigneusement votre courrier de demande, sans omettre une adresse postale pour l'envoi des documents...

Renseignements obligatoires pour une recherche individuelle dans le fonds d'archives des formations sanitaires 1914-1918 :

- Nom, Prénom et date de naissance de la personne recherchée

- Matricule et régiment au moment de la blessure

- Date de blessure, nom ou numéro des formations sanitaires.

Pièce à fournir : Photocopie de la fiche matricule

"Pour tous types de recherches, donner le maximum d'informations"...

Le tome 5 des Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918 est disponible aux éditions Ysec de Louviers.

 

Photo : Bureau de comptabilité et de renseignements du service de santé, 1 rue Lacretelle à Paris. Bureau des inventaires, service du capitaine Delille - en charge de la liquidation des successions, le bureau qui dépendait de l'administration centrale employait, en janvier 1915, plus de 1 200 secrétaires.

Mise à jour : 10 décembre 2020
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