ERIC MANSUY - LA GRIPPE ESPAGNOLE A BELFORT, EN 1918
NOUVEAU ! Mon roman historique sur Brest et Le Conquet au XVIIIe siècle.

AHPSV - Association pour l'histoire et le patrimoine sous-vosgiens,
20 rue de la Savoureuse, 90200 GIROMANY
[…] Dans ce cataclysme planétaire d’une ampleur telle que le nombre des morts qu’il a semés sur son parcours reste un sujet de conjectures un siècle plus tard, le Territoire de Belfort n’a pas échappé au sort commun. Il est à ce titre d’autant plus intéressant d’y étudier les manifestations du mal que le département concentre des caractéristiques permettant d’obtenir une vision nette de sa propagation chez les militaires et – quoique dans une moindre mesure – chez les civils, sur la ligne de front et à l’arrière de celui-ci, dans les hôpitaux militaires et civils, dans les cantonnements et dans les communes […]
Belfort et le Territoire avant la grippe
Eric Mansuy étudie tout d’abord la place des maladies infectieuses dans la garnison de Belfort et cela, dès 1877 : goitre, fièvre typhoïde, etc. A la mobilisation de 1914 et dans les semaines qui suivent le but est de ne pas revoir les catastrophes sanitaires du précédent conflit de 1870-1871. Ainsi le service de santé de la place de Belfort multiplie les campagnes de vaccinations anti-typhoïdiques : 50 000 dès novembre 1914 ! La catastrophe n’aura pas lieu… Toutefois la bataille de la lutte anti-infectieuse n’est jamais totalement gagnée. Eric Mansuy précise les poussées épidémiques et les luttes ultérieures, jusqu’en 1918, jusqu’au cataclysme de la grippe espagnole.
Comment cerner la grippe…
Eric Mansuy détermine ensuite le cadre de son étude : Belfort en 1918. Quelles en ont été les unités de lieu, de temps, et d’action.
- Le lieu. Le « front de Belfort », dans la terminologie militaire 14-18 : le « Secteur de Haute-Alsace » ;
- Le temps. Il se focalise sur l’épidémie de grippe de 1918 caractérisée par deux phases distinctes : la première d’avril à août, la seconde, plus virulente, de septembre à décembre.
- L’action. « Baruch Spinoza a écrit que « l’humilité est un sentiment de tristesse qui provient de ce que l’homme contemple son impuissance et sa faiblesse ». Il y a bien là, en tous points, de quoi qualifier la quête de la réalité de l’épidémie de grippe de la fin de la Première Guerre mondiale, dans une confrontation à des archives lacunaires, des traces écrites insatisfaisantes, et aussi et surtout, la consultation de fiches de décès à la rédaction ambiguë ».
Tout est dit !
Eric Mansuy nous détaille, à la façon d’un entomologiste, les deux phases de l’épidémie pour Belfort, à travers l’étude attentive des journaux des marches et opérations des régiments et bataillons et des JMO des directions du service de santé des grandes unités ; lesquels sont disponibles sur internet. Un véritable travail d’enquête, unité par unité. C’est le cœur de son étude à découvrir.
Dans ses « Conclusions » Eric Mansuy, confirme dans son étude, celles déjà mises en avant par d’autres auteurs :
- Incompréhension du commandement et du service de santé militaire face à ces poussées épidémiques en 1918 ;
- recherche difficile des causes : fatigues des troupes, « travaux pénibles », du « très mauvais temps », et de « terrains détrempés », tous facteurs qui ont favorisé la persistance et la propagation d’une grippe saisonnière.
- Irruption de formes exceptionnelles et contagieuses de « broncho-pneumonie » ou de « pleurésie », auxquelles sont affectées les causes classiques de l’insalubrité des locaux, des cantonnements, la promiscuité, les contacts avec la population, les flux de permissionnaires, les mouvements d’unités militaires. A ces causes, je rajouterai personnellement le rappel de la classe 1920 et de son contingent d’engagés volontaires qui avaient déjà dû faire face aux privations de quatre ans de guerre, etc.
Eric Mansuy fait la constatation bienvenue que ce n’est pas une cause unique qui est à la base de l’épidémie de grippe espagnole mais une « conjonction d’éléments, tout à la fois climatiques et pathologiques ».
Il cite l’historien Freddy Vinet, lequel dans son remarquable et tout récent ouvrage « La Grande grippe. 1918. La pire épidémie du siècle. Histoire de la grippe espagnole » (Vendémiaire, 2018) jette un éclairage nouveau et précise des pistes de recherches intéressant les soldats victimes des gaz ! Mais pas seulement, comme je le précisais plus haut ; ainsi la population touchée concernait des populations jeunes, « dans la force de l’âge ».
Enfin, une dernière particularité strictement militaire et – a priori locale ? - mise en relief par Eric Mansuy concerne l’appartenance à un corps de troupe particulier :
- Les malgaches, les « coloniaux » en général, les artilleurs et les affectés spéciaux essaimés en usines et aux travaux agricoles.
Comme de coutume dans les publications d’Eric Mansuy, son étude est accompagnée d’une solide bibliographie.
Je laisse à l’auteur le soin de conclure… temporairement un sujet d’actualité où de nombreuses et solides monographies restent à écrire (gazés, jeunes classes, civils, etc.). Ces travaux pourraient faire l’objet de TER universitaires, à partir de dépouillements sur pièces médicales au SAMHA de Limoges pour les militaires et dans les séries « Hdépôt » des archives départementales de l'Hexagone pour les civils.
« […] Telle est donc l’incomplète et nébuleuse histoire de la propagation et des effets de l’épidémie de grippe dans le Territoire de Belfort et à ses abords en 1918 : une histoire immergée dans les mémoires et dans les sources, dont n’émergent que de trop rares caractéristiques, et qui n’a pas encore livré toute sa vérité et toutes ses particularités, loin s’en faut […] »
RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE (DECEMBRE 1918-FEVRIER 1919) - 3e PARTIE

Personnel sanitaire de la Mission - Répartition du personnel médical - Médicaments - Commissions de contrôle des P.G. des frontières - Commissions maritimes (pp. 3-12).
JOURNAL DU SERVICE DE SANTE - 3e PARTIE
Mission militaire française à Berlin, rapport du médecin-major de 1ère classe REHM (suite)
Malades hospitalisés dans les lazaretts des camps et dans les hôpitaux - Trains sanitaires - Autos sanitaires - Navires-hôpitaux.
" [p. 12, suite] 7° - Malades hospitalisés dans les lazaretts des camps et dans les hôpitaux.
Il est de toute justice de reconnaître avant toute chose, que dans la majorité des cas, nos hospitalisés ont reçus des médecins allemands tous les soins désirables.
Certaines formations sanitaires sont assez bien aménagées, quelques-unes laissent vraiment à désirer, mais l'ensemble n'est pas mal [p. 13]. La nourriture est partout insuffisante, mais des dons de petits vivres venus de France ont généralement suffi à assurer l'alimentation des hospitalisés. Les chiffres des malades français communiqués par le service de santé du Kriegsministerium sont des chiffres absolument fantaisistes. Au 20 octobre, ils donnaient les totaux suivants : pour les français 9000 malades, 2400 blessés, 200 tuberculeux. Il est possible qu'il y ait eu parmi ces malades beaucoup de grippés qui aient guéri depuis.
Bien des malades au début sont montés dans des trains de valides pour rentrer plus vite de sorte que la statistique est impossible à établir.
On peut estimer que le chiffre approximatif d'hospitalisés français vers le 20 décembre était de 6000 au plus.
Il a été dans beaucoup de camps, possible aux médecins français de soigner les malades dans les lazaretts. Par contre, le contrôle dans les hôpitaux a été impossible. C'est pour cette raison que j'ai profité du passage à Berlin, fin décembre, de 3 médecins de la Croix-Rouge de Genève pour les prier de faire une enquête sur les hôpitaux de Magdebourg qui m'avaient été signalés comme particulièrement défectueux. Leur enquête a établi que l'un de ces hôpitaux était bien, et que les conditions de fonctionnement de l'autre étaient acceptables. A Berlin, j'ai visité l'hôpital auxiliaire (Alexandrinenstrasse) qui laissait une impression franchement médiocre.
Les malades alliés en ont été évacués fin décembre par un train sanitaire anglais. Le Tempelhof Baracken Lazareth que j'ai visité également et qui contenait 340 malades alliés était bien. Les malades ont quitté cette formation le 23 janvier par train sanitaire.
8° - Trains sanitaires [p. 14]
Jusqu'au 25 décembre, j'ai conservé l'espoir devant les promesses toujours renouvelées des allemands, d'obtenir d'eux l'application au moins partielle des conditions auxquelles ils s'étaient engagés dans l'annexe de l'armistice du 28 novembre concernant l'évacuation des malades et blessés alliés.
A ce moment j'ai jugé qu'il valait mieux, quelque soient la grandeur de l'effort à accomplir et les difficultés extrêmes que nous allions rencontrer, rapatrier nous-mêmes les hospitalisés alliés.
La grande difficulté a consisté à obtenir le chauffage des trains sanitaires. Le raccordement de la tuyauterie de la locomotive allemande avec celle des wagons français a été presque toujours impossible et il a fallu employer des moyens de fortune qui ont donné un chauffage insuffisant. La température a été heureusement assez clémente pendant la période où les trains ont fonctionné.
Des 80 trains sanitaires que les Allemands se vantaient de pouvoir mettre à notre disposition, 5 ou 6 seulement étaient capables de rendre quelques services. Ils ont [été] utilisés comme le montre la carte. Presque tous les autres trains étaient inutilisables, le personnel sanitaire les ayant abandonnés, en emportant le matériel.
Le temps pressait, les évacuations de P.G. valides battaient leur plein : tous les trains disponibles roulaient vers l'Ouest le flot humain joyeux qui retournait dans la Patrie. L'hiver clément jusque-là, menaçait de causer des perturbations dans les transports par voies ferrées ; le mouvement révolutionnaire grandissant chaque jour risquait [p. 15] d'aggraver la situation. Les malades inquiets, lançaient les premiers appels au secours. Il n'y avait plus à hésiter, ni à compter sur d'autres. Le 24 décembre des trains et des autos sanitaires sont demandés à Spa comme indispensables.
Le 27 décembre des précisions sont données sur les points où il conviendra d'envoyer 6 trains sanitaires français. Le 1er janvier, 3 autres trains sont demandés.
Le 4 janvier, 18 trains sanitaires français concentrés à Mayence, sont prêts à partir pour l'Allemagne.
S'il était possible à ceux qui en France ou dans un autre pays allié ont souffert de l'attente et trouvé long, dans leur impatience bien excusable, le retour des chers êtres vaincus par la blessure ou par la maladie, de mesurer l'effort formidable accompli par ces trains sanitaires français qui ont roulé dans des conditions inimaginables jusqu'au fond de l'Allemagne, entre le 6 et le 18 janvier, en plein hiver, en pleine révolution, presque sans contrôle des autorités allemandes étonnées souvent de leur venue, aiguillés par erreur où ils ne devaient pas aller, dirigés sur des centres ou les malades avaient été enlevés la veille de leur arrivée, par le caprice d'une autorité locale allemande, s'ils avaient pu voir passer un train pareil, filant parfois durant 15 jours dans les plaines grises et désolées, pour chercher et ramener leur enfant à leurs soins et à leur tendresse, s'ils avaient pu sentir l'émotion d'un tel spectacle, il n'en est pas un qui trouverait que tout le possible n'a pas été fait.
Quelques malades sont morts dans ces trains.
Des médecins des C.A. ou des camps, la veille du passage du train sanitaire, m'ont fait par le téléphone, part de leur hésitation à charger le lendemain des malades qui presque mourants voulaient partir. De loin on juge mal de ces choses. Je leur ai répondu d'abord qu'il fallait [p. 16] raisonner les malades et les laisser sur place puisqu'ils étaient intransportables. Quelques autres médecins ont satisfait au désir exprimé par les malades.
Le 21 janvier visitant moi-même les 340 malades alliés qui attendaient pour le lendemain au Tempelhof Lazareth à Berlin la venue du train sanitaire français 24bis PLM, j'y ai trouvé 3 malades tuberculeux couchés, dont la température était élevée. L'un était français, un autre italien, le troisième arabe. J'ai fait tout pour les convaincre qu'il fallait rester, leur promettant même que je viendrais souvent les voir. Des larmes coulaient sur leurs joues amaigries et de toute leur voix ils me criaient qu'ils voulaient mourir dans le train français, en France… Le lendemain, au moment de l'appel du départ, ils étaient au pied de leur lit dans l'espoir que je ne les reconnaitrais pas. Je les ai laissés partir pour ne pas les tuer de chagrin.
On a songé tout d'abord à enlever les malades par nationalité mais le procédé n'était pas pratique à cause de la lenteur des concentrations qu'il aurait fallu effectuer et de l'impression fâcheuse produite par le départ de leurs camarades sur les malades restants. C'est cette raison qui explique que quelques petits groupes de Serbes et de Roumains aient été emmenés par les trains sanitaires.
Et puis les évènements se sont précipités, faisant craindre avec des troubles plus sérieux, la grève générale des chemins de fer.
On avait songé aussi à laisser sur place tous les grippés qui n'étaient pas convalescents. Il a fallu modifier cette conception et enlever les grippés transportables. J'ai demandé, en prévision de leur arrivée dans les HoE qu'il soit installé des salles d'isolement pour les recevoir.
20 trains sanitaires français partis de Mayence et de Bâle sont venus en Allemagne. Le dernier train de ramassage quitte aujourd'hui Mayence pour enlever les 125 derniers malades transportables [p. 17] réunis par les autos sanitaires françaises et anglaises à Chemnitz, Dresde, Wittemberg, Magdebourg, Erfurt et Cassel. Les 19 trains sanitaires ont enlevé 5000 malades et blessés alliés dont 3465 français, 1095 italiens, 230 anglais, 55 belges, 100 serbes, 50 roumains, 5 portugais et 2 grecs. Avec le 20e train, plus de 5100 malades seront partis.
Les 8 trains sanitaires anglais ont enlevé environ 1750 malades dont 675 français environ.
Les 4 trains sanitaires allemands allant à grande distance ont enlevé environ 1100 malades alliés dont 500 français environ.
Les trains sanitaires belges, hollandais, suisses et américains à petit rayon, ont enlevé environ 2500 malades alliés dont 800 français environ.
Les 3 trains sanitaires italiens ont enlevé 750 italiens environ et 60 malades français.
On pourra remarquer que les 25 trains sanitaires alliés et neutres ont enlevé environ 5000 malades, mais si l'on regarde la carte on verra par comparaison avec le rayon de pénétration des 20 trains sanitaires français qui ont enlevé plus de 5000 malades combien l'effort fourni par la France est considérable. Les 25 trains sanitaires alliés et neutres ont fait en Allemagne environ 12 000 kil. Les 10 trains sanitaires allemands à grande et à courte distance ont fait 6 500 kil. Les 20 trains sanitaires français ont fait plus de 16 000 kil.
Ceux qui sont allés jusque dans l'Est de l'Allemagne sont restés 2 semaines en route. Pour le train de Posen, ville occupée par les autorités polonaises, il a fallu faire des démarches auprès de ces autorités pour obtenir le passage du train. Le Service de santé du Kriegsministerium m'a affirmé, lorsque je lui ai parlé de mon intention d'envoyer un train à Posen que la chose serait impossible [p. 18] Il trouvait déjà bien extraordinaire que je puisse télégraphier et recevoir des télégrammes des 2 médecins français que j'avais envoyé à Posen, malgré l'occupation de cette ville par les Polonais et malgré l'existence d'un front de bataille à l'ouest de cette localité.
Il a été possible d'obtenir des renseignements sur 30 blessés français signalés à Kalisch (*), évacués ensuite sur Prague d'où ils ont gagné la France dans un train tchécoslovaque amenant à la Conférence de la Paix les représentants de la République tchécoslovaque.
9° - Autos sanitaires
Pour assurer le ramassage de tous les malades isolés devenus transportables et leur concentration dans des hôpitaux placés sur le passage des trains sanitaires, il a fallu songer à utiliser des automobiles sanitaires. Les Allemands étant incapables de nous en fournir, j'ai demandé à Spa le 24 décembre que 30 automobiles sanitaires françaises soient mises à ma disposition pour être répartis dans divers corps d'armée en Allemagne. Après entente avec le colonel médecin Pollock de la mission britannique pour le rapatriement des P.G. Il fut décidé que les Anglais assureraient le service par autos sanitaires dans les 2/3 des corps d'armée avec 50 voitures. Je me réservai 1/3 des corps d'armée pour le service par autos sanitaires. Depuis, les Anglais ont envoyé 5 voitures par CA soit 90 au total. L'effort était vraiment bien grand pour l'œuvre à accomplir, mais ils ont fouillé très scrupuleusement tous les C.A. après les avoir divisés en secteurs. Nos autos françaises réunies le 7 janvier à Rastadt ont été employées de la façon suivante :
- 1 a fait la région de Stuttgard ;
- 1 la région de Wurzbourg ;
- 5 sont allées par route à Nuremberg pour drainer les malades de la Bavière. Elles y opèrent encore en ce moment [p. 19] et j'ai prescrit au médecin-major de 2e classe Montane d'en garder deux avec lui pour visiter tous les intransportables de Bavière et de Wurtemberg.
- 2 ont été employées à faire la navette sur Giessen.
- 5 sont arrivées sur wagons à Berlin, le 19 janvier.
L'une d'elle a été envoyée à Stettin pour visiter le 2ème CA, une deuxième a été envoyée à Magdebourg pour drainer le 4ème CA. La troisième et la quatrième ont été envoyées sur wagons à Hambourg. Elles y recherchent en ce moment les intransportables signalés dans le Schlesvig et la partie est du 9ème CA. La cinquième, visite le 3ème CA. Elle est allée à Spandau, Brandenbourg, Döberits et va aller à Perleberg.
- 3 ont été envoyées à Hanovre où elles ont visité tout le Xe CA. Deux d'entre elles, avec le docteur Saint Mathieu sont parties hier pour voir quelques malades dans la région de Munster.
- 2 ont été dirigées sur Cassel
- 1 sur Erfurt
- 3 à Leipzig d'où elles sont utilisées pour Dresde et la Saxe.
Les régions de Posen, Danzig, Allenstein, Königsberg et Breslau étant parcourues en ce moment par 23 autos sanitaires anglaises, j'ai jugé inutile d'y envoyer des autos françaises.
J'estime que toutes les autos sanitaires françaises pourront être ramenées en France vers le 5 février. Elles auront rendu les plus grands services. Chaque voiture avait une réserve d'essence pour 1400 kilomètres [p. 20].
10° - Navires hôpitaux
Les malades qui se trouvaient hospitalisés dans les 1er, 20ème, 17ème, 2ème et 9ème CA ont été pour la plus grande part, emmenés par navires hôpitaux anglais ou par bateaux suédois, danois et allemands aménagés.
Des trains sanitaires allemands, complets ou réduits à quelques wagons ont assuré le transport des malades des centres hospitaliers des CA aux hôpitaux des ports. Cette organisation a été concertée entre les Généraux Kommandos et les médecins français qui leur avaient été attachés. L'exécution en a été parfaite.
- 60 malades alliés sont partis de Hambourg
- 87 de Warmemünde
- 473 de Stettin
- 725 de Dantzig
- 75 de Königsberg
1420 au total. Sur ce chiffre, on peut compter 500 français environ.
Les navires hôpitaux anglais allaient directement en Angleterre. Les petits bateaux aménagés emportaient les malades à Copenhague où il reste actuellement 350 malades alliés qui attendent pour leur rapatriement, la venue du navire hôpital anglais "Formose" annoncé comme parti de Southampton le 27 janvier [1919].
A SUIVRE - Les malades et blessés français intransportables laissés en Allemagne, avec leur identité et leur localisation - Conclusion.
NOTES :
(*) Auj. Kalisz (Pologne)
RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE (DECEMBRE 1918-FEVRIER 1919) - 2e PARTIE
Retour vers la 1ère PARTIE - Présentation du service de santé de la Mission militaire française de Berlin (pp. 1-3)
JOURNAL DU SERVICE DE SANTE - 2e PARTIE
Mission militaire française à Berlin, rapport du médecin-major de 1ère classe REHM (suite)
Personnel sanitaire de la Mission - Répartition du personnel médical - Médicaments - Commissions de contrôle des P.G. des frontières - Commissions maritimes.
" [p. 3, suite] 1° - Personnel sanitaire de la Mission
Du 9 au 19 décembre, il m'a été possible de rendre compte au Sous-secrétariat d'Etat du service de santé [SSESS] à Paris, par des résumés succincts, des évènements qui me semblaient devoir être signalés. Dès le 11 [décembre], prévoyant que je ne pourrais suffire à mener à bien , la tâche qui allait m'incomber. J'ai demandé au général Dupont l'adjonction d'un médecin. Le kriegsministerium a été invité à faire venir auprès de moi à Berlin, le médecin-major de 2e classe Mauran, prisonnier au camp de Graudenz. M. Mauran rejoint Berlin le 17 [décembre].
Dès le 20 décembre, absorbés entièrement tous deux par des appels téléphoniques ou des télégrammes nécessités par l'organisation du Service [p. 4], il nous est impossible d'adresser le moindre rapport au SSESS. Quelques télégrammes résumant les mesures prises pour assurer le bon fonctionnement du Service, sont adressés à Paris. La Commission d'armistice de Spa transmet au SSESS tous les télégrammes qui lui sont adressés avec la note "Aviser S.S. Santé Paris".
Me rendant compte dès les premiers jours qu'aucune des conditions prévues par l'Armistice ne pourra être remplie par les Allemands en ce qui concerne le convoiement des trains, les soins dans les camps, le transport des hospitalisés par trains sanitaires allemands, l'utilisation des voies fluviales et des transports maritimes, me rendant compte qu'il ne faudrait compter que sur nous-même pour sortir à tout prix d'Allemagne, nos malades et nos blessés, je décide d'organiser mon service d'après le plan suivant :
- Répartition immédiate des médecins français dans les camps ; Convoiement des trains sanitaires et bateaux par ces médecins ; Distribution des médicaments dans les camps et lazarets ; Fonctionnement des Commissions des frontières ; Commissions maritimes ; création d'un organe médical dans chaque Corps d'Armée ; Hospitalisation des Prisonniers de guerre (PG) ; trains sanitaires ; autos sanitaires ; navires-hôpitaux ; Question des intransportables.
2° - Répartition du personnel médical
Le 16 janvier 1919, l'oberstabartz Becker du Kriegsministerium me remet enfin une liste de répartition du personnel médical français. [p. 5] Près de 150 médecins sont rassemblés à Graudenz, Strasbourg, Prusse Orientale, et Kl. Wittenberg, inemployés. Une vingtaine seulement sont occupés dans les camps. Dès 220 signalés sur la liste, ces 170 seuls ont pu être utilisés. Les autres ont échappé à mon contrôle. La plupart d'entre eux se trouvant à la signature de l'armistice, dans la région Ouest de l'Allemagne, d'où ils ont gagné les lignes alliées.
La protestation énergique adressée au Kriegsministerium, au sujet de l'inutilisation de ces médecins qui ne demandaient qu'à secourir nos prisonniers délaissés par les médecins allemands a permis d'obtenir dans des limites de temps assez rapides, l'exécution de toutes les mesures que j'ai exigées.
J'ai pu me rendre compte, non sans émotion, de l'impression produite sur nos hommes par notre venue dans les camps. Mettant à profit les quelques heures dont j'ai disposé durant les premiers jours de mon arrivée à Berlin, je suis allé visiter les camps de Döberitz et de Zossen, ainsi que l'hôpital de l'Alexandrinenstrasse à Berlin. Je me suis rendu dans plusieurs baraques et me suis entretenu avec les hommes. Ils ne m'ont demandé que des choses très raisonnables : aucun n'a fait preuve de mauvais esprit, tous avaient la plus belle attitude militaire. Ils ont été très profondément touchés de ce que nous faisions pour eux et ils m'ont témoigné la gratitude qu'ils nous gardaient.
Quand on a visité un camp d'Allemagne, on a une idée d'ensemble de ce que peuvent être les autres. Ayant été fait deux fois prisonnier au cours de la campagne, j'en ai vu quelques-uns. Tout a été sacrifié au coup d'œil, à l'impression qu'en garderaient les neutres chargés de les visiter. Vastes baraques séparées les unes des autres par de grands espaces. Terrain sablonneux, généralement bien choisi, sur un lieu un peu élevé [p. 6] ; douches, feuillées. L'aspect général d'une monotonie désolante évidemment, ne manque pas cependant de laisser une impression de bonne organisation et presque de propreté.
La nourriture est partout notoirement insuffisante malgré le décompte scrupuleux des calories ingérées sous forme d'aliments que la nécessité seule vous permet d'absorber. Les colis et les dons venus de France ont heureusement, en grande partie, paré à cette insuffisance et sauvé la vie à nos soldats. Le travail a été particulièrement pénible dans certains kommandos où beaucoup de prisonniers, mal nourris, mal traités, sont morts. Si le prisonnier à souffert dans son corps, il a souffert davantage dans son âme, mais la rétine d'un délégué neutre enquêtant dans les camps ne pouvait fixer les vexations et les mauvais traitements infligés à nos prisonniers.
J'ai organisé le service sanitaire, de telle sorte qu'un ou plusieurs médecins se trouvent dans chaque camp de troupe.
Quelques-uns de ces praticiens ont rempli les fonctions de médecins traitants dans les lazarets de ces camps. D'autres se sont occupés exclusivement de la visite des P.G., et de l'amélioration des conditions d'hygiène.
Il leur a été recommandé tout particulièrement, de veiller au moment de l'évacuation des P.G., à ce qu'il soit procédé avant l'embarquement, au douchage, et à l'épouillage des hommes. Les premiers trains de valides ont été accompagnés par des infirmiers munis de médicaments et du matériel de pansements nécessaires en cas d'accidents. Cette manière d'opérer a permis d'assurer jusqu'au bout l'assistance médicale aux prisonniers restés dans les camps. Les médecins ont reçu l'ordre de n'accompagner que les derniers convois de valides dans chaque camp, en raison d'un médecin par train. Des médecins sont restés auprès des malades dans les lazarets des camps lorsque le nombre [p. 7] de ces malades était assez élevé ou lorsque les soins n'y étaient pas convenablement assurés par les médecins allemands.
Les médecins convoyeurs ont été invités à veiller à ce que des hommes trop fatigués, des grippés, des malades aigus et des intransportables ne cherchant à se glisser dans le train des valides au moment de l'embarquement. La ruée vers les trains a été si âpre qu'avant le fonctionnement de cette organisation, des accidents se sont produits. On comprendra facilement toute la difficulté du rôle du médecin chargé de dépister des malades, qui s'efforcent de ne point le paraître, dans l'espoir de rentrer dans leur Patrie.
Ces médecins ont été invités à signaler à l'arrivée à destination aux médecins des commissions de P.G. les malades apparus suspects de maladies contagieuses en cours de route. Ils avaient ordre de prévoir dans chaque train, 1 ou 2 compartiments d'isolement. Ils devaient laisser les malades graves dans une gare qui en assurerait l'hospitalisation et les signaler aux médecins de la commission de P.G.
Ils avaient ordre d'adresser un rapport sur leur mission au sous secrétariat d'Etat au service de santé, en rentrant en France […]
3° - Médicaments
A chaque délégation de prisonniers venus des camps auprès du général Dupont, et qui en fait de [la] demande, il a été remis dès le 12 décembre un paquet de médicaments et de pansements, prélevés sur ceux emportés de Paris, par la mission française et sur des dons reçus du comité de la Croix-Rouge Danoise, Suisse, et du département sanitaire de la mission anglaise [p. 8] Fin décembre 25 paniers n° 2 et 10 paniers n°1bis débarqués de l'El Kantara venant de France à Hambourg ont été reçus à Berlin et immédiatement répartis en Saxe, Bavière, 3ème et 4ème corps [d'armée].
Les paniers restés à Hambourg ont été sur mon ordre distribués dans les 10ème et 9ème C.A.
Les 2ème, 1er, 17ème et 20ème C.A. ont été ravitaillés en médicaments par les commissions de Stettin et de Dantzig.
Des représentants du Comité International de la Croix-Rouge de Genève nous ont remis fin décembre, des bidons d'huile camphrée, des ampoules auto-injectables, des tablettes de Digalène, des thermomètres, des verrres à ventouses et du Cognac. Distribution en a été faite aussitôt dans quelques camps où sévissait la grippe.
Les caisses de médicaments envoyées de Paris, par les soins du Service de santé ont été réparties dans les camps et les lazareths dès réception du premier envoi. Un deuxième envoi n'a été que partiellement utilisé, pour les besoins des malades restants, et pour venir en aide aux prisonniers italiens, roumains, serbes et russes de Lamsdorf atteints de maladie n° 22 (*).
Le colonel de la mission roumaine, un officier de la mission yougo-slave, un délégué de la mission géorgienne ayant fait appel à notre assistance, quelques paquets de médicaments, pansements et fortifiants leur ont été remis par nos soins.
Le 20 janvier, j'ai reçu 70 caisses de médicaments de la Croix-Rouge Française, six (6) d'entre elles ont été utilisées.
4° - Commission de contrôle des P.G. des frontières
- - Front germano-hollandais. Cette question a complétement échappé [p. 9] au contrôle de la Mission de Berlin. Le fonctionnement de cette commission a été réglé à la Haye par le général Boucabeille (**).
Des médecins et des infirmiers détachés de la commission médicale de Hambourg, ont été envoyés au général Boucareille, sur sa demande, pour renforcer son personnel médical.
- - Ligne du Rhin - Le Conrôle des P.G. rentrant par cette voie nous a complétement échappé aussi. Seul le médecin Baille de Rastatt, m'a envoyé quelques télégrammes, signalant le passage de P.G. ; valides ou le retour de trains sanitaires français.
- - Front germano-suisse - Le médecin-major Lesterlin m'a tenu très régulièrement et d'une façon parfaite au courant de tous les passages de P.G. valides ou malades par Constance.
La commission de Léopoldshöhe réduite à sa plus simple expression, ne nous a fourni aucun renseignement.
Les docteurs Chevillot et Tirel envoyés de France au moment où il était question de constituer à Lechfeld et Puchheim des camps de rassemblement ont été utilisés à Augsbourg.
5° - Commissions maritimes
Ces commissions sont arrivées dans les ports maritimes entre les 24 et 28 décembre.
Le rapatriement des P.G. par voies ferrées ayant acquis assez rapidement un développement intense, et imprévu par la Commission d'armistice, il en est résulté que le rôle des commissions maritimes s'est trouvé diminué. Les sous-commissions des ports fluviaux n'ont pas eu à fonctionner, aucun transport n'ayant été fait par bateaux fluviaux.
Le port de Brême n'a été utilisé que pour 2 embarquements. Deux médecins de la commission de Hambourg y ont été détachés quelques jours pour [p. 10] assurer ce service.
Copenhague devenant un centre de rassemblement de P.G. valides et malades amenés par des petits bateaux suédois et danois des ports allemands de la Baltique, une commission maritime y a été envoyée. Trois médecins y ont été adjoints, venant de Stettin et de Warnemünde.
Hambourg, Warnemünde, Stettin, Dantzig et Köenigsberg ont fonctionné, donnant un rendement réduit par rapport aux prévisions.
Au moment où j'ai procédé à la répartition des médecins français prisonniers dans les camps, j'ai désigné en même temps des médecins et des infirmiers pour assurer le contrôle médical des prisonniers dans les ports où quelques navires opéraient déjà.
Ces commissions médicales provisoires ont passé le service aux commissions médicales venues de France et les médecins qui les constituaient ont été utilisés pour le convoiement des navires de commerce allemands réquisitionnés, sur lesquels le service médical n'était pas assuré. D'autres médecins prisonniers ayant convoyé jusqu'aux bateaux, les P.G. venant des camps, ont constitué une réserve qui a servi au convoiement des navires. Une instruction a été remise aux médecins convoyeurs les invitant à s'assurer de l'observation des règles de l'hygiène à bord, à veiller à ce que le bien-être des hommes soit aussi complet que possible (couvertures, boissons chaudes, etc.), à s'assurer qu'il n'y avait pas de soldats trop fatigués avant le départ du paquebot et à passer 2 visites quotidiennes pendant le voyage.
Ils disposaient d'une infirmerie avec des couchettes en nombre suffisant, et de 2 ou 3 cabines d'isolement pour les suspects ? Ils étaient invités à adresser en débarquant, un rapport au sous-secrétariat d'Etat Service de santé Paris.
6 - Médecins français chargés dans les C.A. allemands de la Direction générale du service sanitaire français. [p. 11]
Les commissions médicales appelées à fonctionner auprès des commissions maritimes comprenant, du fait de la réduction du nombre des P.G. rapatriés par voie de mer, une quantité beaucoup plus élevée de médecins, il en est résulté qu'une R.P.S. a été disponible. Dix-huit (18) médecins seulement ont été affectés aux commissions des ports. Les autres m'ont servi à créer l'organisation très importante d'un service médical français fonctionnant dans chaque C.A.
Mes instructions ou mes demandes de renseignements aux médecins de certains camps parvenant mal à cause de la difficulté et de la lenteur des communications, j'ai employé des médecins attachés aux Généraux Kommandos comme organe de liaison avec ces camps.
Toutefois leur rôle le plus important a consisté à obtenir des autorités allemandes tous les renseignements utiles sur les malades devenus intransportables des C.A., à rassembler dans des centres les malades devenus transportables, à faire des tournées de contrôle dans des autos fournies par les Généraux Kommandos, à surveiller le passage des trains sanitaires français dans la traversée de leur corps d'armée ; à signaler sur mon indication aux médecins-chefs de ces trains les modifications à apporter à l'itinéraire de leur train, à diriger enfin les autos sanitaires venues de France, mises à leur disposition et à visiter tous les malades français intransportables restés dans leurs C.A.
J'ai été appelé, en raison des difficultés résultat d'un éparpillement très grand des médecins des camps, à constituer ce premier échelon de centralisation. Cela n'a pas suffi en raison de l'autonomie sinon proclamée, du moins existante de certaines régions de l'Allemagne et j'ai dû faire un groupement plus réduit comme les pointillés [p. 12] au crayon bleu l'indiquent sur la carte.
Le médecin-major de 2e classe Granier (prisonnier de guerre) a eu à s'occuper de la Bavière et du Wurtemberg. Il a été remplacé ensuite dans son service par le médecin-major de 2e classe Constant, primitivement affecté à la commission médicale de Brême, a assuré la direction de la Saxe et de la moitié sud du 5e C.A.
Un médecin de Dantzig s'est occupé des 1er, 17ème, 20ème, C.A. Un médecin de Stettin a fait le 2e C.A. Deux médecins ont été envoyés à Posen auprès des autorités polonaises et deux autres à Breslau.
Les 3ème, 4ème, 7ème, 10ème et 11ème C.A. étaient centralisés à Berlin.
Hambourg et Warnemünde se partageaient le 9ème C.A.
Tous ces médecins de C.A. avaient pour mission de me renseigner sur tous les mouvements de malades alliés par télégramme ou par téléphone, tous les 2 jours. C'est cette organisation qui nous a permis de sortir nos malades d'Allemagne, dans des conditions de rapidité qu'on n'osait espérer. Elle s'est opposée chaque fois que cela a été nécessaire, sur mon ordre, aux déplacements des malades alliés que les Allemands ordonnaient parfois sans rime ni raison, provoquant ainsi des perturbations dans la marche de nos trains sanitaires, dont il fallait sans cesse modifier l'itinéraire."
Notes :
(*) - Maladie n° 22 : typhus.
(**) - Général de brigade Bernard Boucareille (1872-1949). En 1918-1919, il est affecté à la Mission temporaire à La Haye, où il est membre de la légation de la république française en Hollande depuis le 13 juin 1916. Rayé des contrôles de l'armée d'active le 1er janvier 1919.
RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE (DECEMBRE 1918-FEVRIER 1919) - 1ère PARTIE

RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE (DECEMBRE 1918-FEVRIER 1919)
Bientôt l'Armistice ! Ce premier billet va me permettre de partager une série de documents sur le rapatriement des prisonniers de guerre d'Allemagne, du point de vue du Service de santé, du 10 décembre 1918 au 8 février 1919. Ces notes et rapports proviennent du musée du service de santé des armées au Val-de-Grâce à Paris et de collections privées.
Cette documentation inédite intéresse la Mission militaire française en Allemagne du général Dupont chargée du rapatriement de plus de 500 000 prisonniers de guerre (PG) français ; lesquels au terme de l'article X de la Convention d'armistice devaient être rapatriés "immédiatement".
Cette série documentaire, en plusieurs livraisons, détaillera :
- les activités du Service de santé français placé sous la direction du médecin major de 1ère classe Rehm ; ce dernier reçut la mission de récupérer près de 6000 blessés français malades et blessés dispersés sur le territoire allemand alors en but au chaos, aux tensions révolutionnaires et aux difficultés de ravitaillement ;
- Les activités des organismes de Croix-Rouge (danoise, polonaise) au profit des PG français, etc.
Au départ de la mission médicale militaire de Berlin, il restait en Allemagne, le 25 janvier 1919 : 77 malades et blessés français intransportables ; le 27 janvier, ils étaient 65. A la même époque, les centres de triage et de rapatriement des prisonniers, positionnés aux frontières terrestres et maritimes de l'Hexagone avaient vu passer : 620 813 individus, dont 16 851 furent hospitalisés.
"Mission Française à Berlin pour le Rapatriement des Prisonniers de Guerre
n° 1591/annexe 3
Rapport du médecin-major de 1ère classe Rehm sur le fonctionnement du Service de santé au cours des rapatriements des prisonniers de guerre.
La Mission militaire française pour le rapatriement des prisonniers de guerre, a commencé ses travaux le 10 décembre 1918.
Dès les premiers jours, de tous les endroits les plus éloignés d'Allemagne, sont arrivés en foule des délégations envoyées par les camps, pour chercher, conseils, assistance et protection.
Des renseignements qu'apportent les prisonniers, il apparaît que la tâche sera lourde pour remettre de l'ordre dans le désarroi qui règne. Dégagés de tout travail, débarrassés souvent de toute surveillance les prisonniers quittent en masse les kommandos et refluent dans les camps principaux qu'ils encombrent. La nourriture est plus insuffisante que jamais, les envois en vivres, les colis particuliers pillés en cours de route, arrivent considérablement réduits ou n'arrivent plus. Les mesures d'hygiène, garantie de la santé dans les camps, se relâchent : les soins ne sont plus assurés ou le sont mal ; les médecins allemands quittent l'armée et retournent à leur clientèle.
L'épidémie de grippe qui était en voie de décroissance notable en octobre et en novembre, prend de cet ensemble de circonstances favorables à son développement un nouvel essor. Les camps restés indemnes jusqu'à l'armistice, sont contaminés par des isolés qui arrivent des kommandos. [p. 2] Dans certaines agglomérations, la situation est sérieuse, dans quelques autres elle apparaît tragique.
Pour enrayer le mal, des mesures s'imposent qu'il va falloir prendre de toute urgence. Pour les appliquer, on va se trouver face à face tout de suite avec des difficultés sans nom. L'anarchie, le désordre, la désorganisation règnent partout.
La direction des camps a passé des officiers aux conseils de soldats. Quelques-uns d'entre eux gardent un semblant de discipline, d'autres encouragent la dispersion de nos prisonniers, essayant de semer les idées bolchevistes, favorisant les départs individuels vers les lignes des alliés, en procurant contre de l'argent, des wagons accrochés à des trains commerciaux, à nos captifs hantés par l'idée de regagner la France coûte que coûte.
L'exode des affamés se poursuit vers le Rhin, à pied, en voiture, en chemin de fer. Les plus affaiblis meurent près du but.
Le ministère de la Guerre, ou plutôt l'image qui en reste, (tant le contraste est impressionnant, entre ces officiers tous en vêtements civils et les maîtres incontestés de jadis) fait des efforts désespérés pour maintenir son prestige dans le chaos sans nom et assurer la direction des choses militaires.
Il a la prétention [Ministère de la Guerre/kriegsministerium) de s'occuper de tout, de donner des ordres aux régions qui ne l'écoutent plus. Il s'emploie, de toute la bonne volonté qu'il peut déployer, à nous aider dans notre tâche qu'il retarde et contrarie par le temps précieux qu'il nous fait perdre.
Rien n'est prêt des renseignements qu'il était tenu de nous fournir de par les conditions contenues dans l'annexe de l'armistice. Le service de santé du Kriegsministerium désemparé, nous promet tout, sans pouvoir tenir quoi que ce soit. Quand l'insistance se fait plus pressante ; on nous assure que le renseignement demandé sera communiqué "Morgen frün" ["demain matin"] [p. 3] En attendant on nous affirme que la répartition dans les camps des médecins français demandée pour parer à la situation angoissante de nos prisonniers est chose faite, que les médicaments ne manquent pas, que 80 trains sanitaires allemands sont prêts à emmener en France tous les hospitalisés alliés, qu'ils n'attendent qu'un ordre du Maréchal Foch et la garantie qu'il ne sera pas porté atteinte au personnel sanitaire allemand des convois.
Une longue semaine se passe désespérante, toute d'efforts qui paraissent stériles et cependant la situation déjà s'améliore.
Des officiers français prisonniers commencent à venir dans les camps pour en prendre la direction, des médecins français découverts en nombre assez élevé dans une agglomération (*) sont envoyés d'urgence dans les points les plus menacés.
Quelques médicaments et pansements sont remis aux délégués qui viennent à Berlin. Les hommes soutenus par l'idée que l'on s'occupe d'eux reprennent confiance ; la discipline renaît et le moral remonte."
Notes :
(*) Il s'agit de Graudenz (auj. Grudziądz en Pologne), Dupont, p. 156.
Bibliographie en ligne
Général Dupont, "Une mission en Allemagne - Le rapatriement des prisonniers", Revue des Deux Mondes, 57, 1920, pp. 114-166.
Olivier Lahaie, « Face à l’Allemagne vaincue, les services de renseignement français (novembre 1918-avril 1919) », Revue historique des armées, 251 | 2008, 61-71.
CROIX-ROUGE, DES FEMMES DANS LA GUERRE
Produit par Sylvie Gautier, CAMERA LUCIDA et Histoire.
Auteur : Valérie Jourdan.
Réalisé par Valérie Jourdan (2018) France
"Les guerres sont le théâtre d'atrocités mais aussi d'avancées humanitaires. La guerre 14-18 va être un tournant dans l'histoire de la Croix-Rouge française où les femmes, à l'épreuve du feu, vont propulser cette association de secours au rang d'organisation humanitaire internationale. Face à l'horreur des combats, près de 100.000 infirmières vont assister, sans faillir, les blessés et contribuer à créer un mythe : celui de l'ange blanc. De l'aristocrate à la femme du peuple, le film met en lumière les différents visages des femmes de la Croix-Rouge, leur émancipation et leur engagement à l'origine des fondations de l'œuvre humanitaire."
Coproduit par l’ECPAD qui nous en donne quelques extraits :
LE SERVICE DE SANTE DE LA PLACE FORTE DE BREST 1914-1918

J'adresse cette invitation à ceux qui peuvent se rendre disponibles... A jeudi, à Brest !