varia
PAUL MEVEL (1869-1927)
/image%2F0274064%2F20220720%2Fob_504c6b_mevel.jpg)
Bonjour à tous
En ces temps de canicule - Je vous rassure, ce matin, il pleut sur Brest - Je disais donc, qu'en ces temps de canicule, mieux vaut rester chez soi et lire un bon livre...
Aussi je vous propose, pour une fois, pas mon dernier roman, mais le dernier ouvrage d'Anne Forrer, cardiologue à Vannes, qui nous invite à découvrir la biographie de Paul Mével, un médecin breton engagé (1869-1927). Engagé, il l'est comme médecin de ville à Douarnenez, port de marins et d'ouvriers sardiniers. Ce médecin polyvalent, "notable" du monde médical breton de la IIIe République a laissé derrière lui une très importante documentation que le talent du docteur Forrer, historienne de la Médecine, a permis de mettre en relief.
Dans ce papier du blog, je me contenterai de décrire l'importante partie de son ouvrage (p. 99-155) consacrée à la Grande Guerre et aux pérégrinations aux armées du docteur Mével.
Le docteur Paul Mével ne m'est pas inconnu. En 2014 j'avais assuré la transcription de son rapport de campagne en 1914 et de ceux de ses compagnons de l'ambulance n°2/11 dans plusieurs de mes papiers, dont :
AVEC LES BLESSES DU XIe CORPS D’ARMEE REFUGIES AU COUVENT DES ABYS (Combat de Maissin, 22 août 1914). - hopitauxmilitairesguerre1418.overblog.com - à poursuivre sur ce blog.
Ces rapports étaient extraits des fonds inépuisables des archives du musée du service de santé des armées au Val-de-Grâce à Paris. Dans son Paul Mével, le docteur Forrer a poursuivi cette recherche et l'a amplifiée, en associant les rapports de ses confrères. On trouvera à la fin de son ouvrage un appareil de notes très complet (651 notes) et une importante bibliographie, intéressant en particulier, le service de santé militaire dans la guerre 1914-1918.
Prisonnier avec la 2/11 après la Belgique, il est relâché en qualité de sanitaire, via la Suisse au lendemain de la Marne. Affecté, dans la zone des armées à l'ambulance n°9/4 (1er novembre 1914-15 mai 1915), puis sédentarisé à Couvrelles, Buzancy, etc. on le retrouve ensuite au centre d'évacuation de Fismes, fonctionnant comme hôpital d'évacuation (octobre 1915-juillet 1916), puis à Reims. Sa deuxième partie de guerre le trouve affecté dans la zone de l'intérieur dans des dépôts régimentaires ou des formations hospitalières : à Brest, à Vannes, à Paris, à Marly-le-Roi, à Quimper où il est démobilisé le 26 février 1919.
Ce petit aperçu sur sa Grande Guerre ne donne qu'une faible idée de l'oeuvre de ce "médecin breton engagé".
Pour les passionnés de l'Histoire du Service de santé militaire 14-18, pour ceux qui souhaitent publier les souvenirs de leurs ancêtres médecins jetés dans la tourmente de la guerre, ce livre peut servir de "modèle" grâce à l'appui de ses nombreuses sources tant archivistiques que bibliographiques... (p. 181-206). Du bien bel ouvrage. A lire et à faire lire.
Anne Forrer, Paul Mével, Un médecin breton engagé 1869-1927, éd. Coiffard, mai 2021, 208 p., 21€. - ISBN : 978-2-919339-74-7.
GOODBYE CHATOT ! - Vademecum éditions (vademecum-editions.com)
A PARTAGER AVEC LES PASSIONNES DE LA GRANDE GUERRE.
LES KITS MEDICAUX DE L'US ARMY, 1941-1945
Bonjour à tous
Il m'est très agréable de vous présenter aujourd'hui, le livre "Les kits médicaux de l'U.S. Army, 1941-1945" de Debout & Durieux-Trouilleton. Tout d'abord parce que je connais, depuis près de quarante ans l'un des auteurs, Jean-Claude DEBOUT, "maître collectionneur" et expert européen incontesté du Militaria Santé de l'US Army ; mais aussi parce que je sais que l'ouvrage qu'il nous propose est le travail d'une vie de collection et de recueil de documentation.
Les passionnés de Militaria qui l'ont croisé dans les expositions dynamiques de Militaria en Europe, se rappelleront la qualité des pièces qu'il présente avec talent, science et... modestie. Ce dernier trait de caractère accompagne souvent, toujours ? - j'ai pu le constater- les grands collectionneurs... Une belle phalange à laquelle je n'appartiens pas.
En ma qualité d'ancien responsable du Conservatoire des matériels du service de santé de Caen-Mondeville (ECMMSSA), j'ai un souvenir ému, à la vue de ces matériels sanitaires américains, qu'il a m'a été donné - avec le matériel français - de rechercher, de classer et d'exposer, au profit du service de santé militaire français, durant près d'une décennie (1986-1993).
Les amis qui m'accompagnent sur ce blog et se passionnent par le Militaria US apprécieront ce beau livre de référence, contenant des centaines d'illustrations. Du bien bel ouvrage que l'on doit aux talents de Jean-Claude et d'Eric Durieux-Trouilleton. Un grand merci à tous les deux ! Les anglo-saxons vont nous envier ce "Medical Supply Catalogue, MED 1944" qui deviendra à l'instar du mythique Yank's 1944 de Günther Gillot & Louis Linet, la nouvelle bible du collectionneur de Militaria Sanitaire.
En attendant une traduction en langue anglaise qui serait bien venue, les passionnés - de tous les continents - peuvent commander, en français, l'ouvrage chez :
Histoire et Collections, 6 avenue de la République, 75011 Paris, France - www.histoireetcollections.com - ref 1168 - ISBN : 979-10-380-1168-7 - 160 p., ill. N&B, couleur.
Prix 35€
RENDEZ-VOUS AU FORT DU DELLEC
Bonjour
Je vous donne rendez-vous au fort du Dellec à Plouzané, le dimanche 26 septembre 2021, de 12h00 à 19h00, pour une séance de dédicace de mon "Hôpital maritime de Brest dans la tempête, 1939-1945", à l'invitation de l'Association Brest44.
A bientôt !
L'ECOLE DE SANTE NAVALE (1939-1945)
PARUTION AOUT 2020
Un ouvrage à compte d'auteur paru l'été dernier qui vient de m'être signalé par un abonné :
Louis-Armand HERAUT (docteur), L'Ecole de santé navale (1939-1945), L'école de santé militaire de Bordeaux entraînée dans la tourmente, Torrazza Piemonte, 2020, 164 p.
Ce livre a obtenu le Prix d'Histoire de la Médecine aux armées (2020) décerné par la société des amis du musée du service de santé des armées, Val-de-Grâce à Paris.
Imprimé par Amazon - ISBN 9782957378401 - 90000 - E-Pub et/ou tirage papier : 20.01€
L'ouvrage illustré de photographies d'anciens élèves nous fait découvrir les promotions (1939-1945) d'élèves de l'école principale du service de santé de la marine, connue sous l'appellation d'usage de "Santé navale" qui forma, à Bordeaux, de 1890 à 2011 plus de 9000 élèves. L'ouvrage du docteur L.A. Héraut (Promotion Bordeaux 1957) présente la destinée de plusieurs de ces élèves durant les évènements de la Seconde guerre mondiale, des amphis des facultés de médecine de Bordeaux et Montpellier, des "relèves médicales" en Allemagne ou du STO après leur "départ" de "Santé navale". Une poignée d'entre eux seront les "témoins privilégiés des derniers moments apocalyptiques du IIIe Reich...". Une autre poignée passera chez De Gaulle via l'Espagne ou dans les maquis. "L'Ecole de santé navale" est un livre de témoignages, de souvenirs de ces promotions méconnues et "empêchées" de jeunes médecins de marine et "coloniaux" qui s'exprimèrent, dès 1945, en se portant volontaires pour l'Indochine.
LYCEE SAINT-SERNIN DE TOULOUSE, 1914-1918
Le travail « d’orientation et de conseil » que je pratique à mon modeste niveau depuis 1996 est bien souvent ingrat et donne lieu, en dépit de centaines de courriels d’échanges, « statistiquement parlant », à bien peu de satisfactions tangibles. Aujourd’hui il m’est agréable de partager avec vous un lien vers un site d’enseignement bien connu des Toulousains : le lycée Saint-Sernin.
En mai 2020 j’ai été contacté par Madame Marie Perny, professeur agrégée d’Histoire qui animait le travail d’étudiants d’hypokhâgne, sur la valorisation d’une archive « 14-18 » du lycée Saint-Sernin. Courageusement, en plein confinement de Printemps, à la tête de son « commando » d’étudiants de lettres classiques, travaillant en distanciel, elle coordonnait la recherche documentaire sur les hôpitaux militaires de Toulouse en général et sur l’hôpital complémentaire n°17 en particulier, d’où ce contact.
Face à leur défi, je me suis efforcé d’y prendre part, en apportant ma petite pierre de Bretagne à leur petite entreprise. Le rendu interactif de leur projet, tant dans le fond que dans la forme, est vraiment bluffant, et mérite d’être partagé par les abonnés de mon blog. A relayer sans modération auprès d’autres passionnés du monde éducatif de votre connaissance. Il reste 10 000 hôpitaux à documenter !
Je cesse mon blabla et je cède la place au travail remarquable de la classe de Madame Perny, un nid de futurs conservateurs du Patrimoine... Bonne découverte sur un accompagnement musical de Maurice Ravel. Bravo !
AVEC LA LEGION CORSE (1914-1916) … PAR LE MEDECIN MAJOR TRABAUD
L’association « Guerre-en-Vosges » nous invite à découvrir le témoignage du médecin-major Jean-Paul Trabaud (1884-1956), médecin-chef du 373e régiment d’infanterie, sur la campagne de ce régiment engagé dans les Vosges (La Chapelote, côte 452, etc.), de sa création en août 1914, jusqu’à sa dissolution en juin 1916.
Les « mémoires » du docteur Trabaud, qui exerça à Nice, sont l’un des rares témoignages sur ce que l’on appellera la « légion corse » durant les deux ans de son engagement dans les Vosges. Madame Geneviève Canalle, sa petite-fille, a confié, à l’association, le manuscrit de son grand-père, à charge pour elle de l’éditer. C’est aujourd’hui chose faite et le manuscrit nous est proposé, par souscription, sous la forme d’un bel ouvrage illustré de 196 pages, en format A4, complété de documents recueillis par l’association « Guerre-en-Vosges ».
Extrait de la préface de Jacques Bourquin, président de l’association : "À la lecture du récit du docteur Trabaud, on comprend mieux l'impression qu'ont faite ces vieux soldats à leur arrivée dans les Vosges. On comprend aussi pourquoi le régiment a été rapidement organisé à son arrivée dans les Vosges pour séparer les plus anciens (territoriaux et réservistes de la territoriale) des plus jeunes (de l'active ou de la réserve), et pourquoi son engagement a été progressif. Il nous fait découvrir comment a été organisé le service de santé qu'il a créé et fait fonctionner lors de l'attaque allemande du 27 février 1915 à la Chapelotte. Son récit Avec la légion corse en campagne est d'autant plus intéressant qu'il n'a pas été fait postérieurement. Il est daté du 20 juin 1916, le régiment ayant été dissous le 15 du même mois."
Je souhaite plein succès à cette édition méritoire, en cette période difficile liée à la Covid-19, du témoignage d'un médecin de régiment de la réserve territoriale - les fameux « pépères » - qui va étoffer la trop légère bibliographie intéressant l’organisation et le fonctionnement, dans ses limites et ses lacunes, du service de santé régimentaire en 1914-1918.
Le dernier mot revient à monsieur Jean-Pierre Cuny, vice-président de « Guerre-en-Vosges », qui guide, jusqu’à la Chapelotte, de nombreux Corses et Vosgiens, et qui ne ménage pas ses efforts pour entretenir la mémoire de ces valeureux combattants : "On le doit bien à ces soldats qui sont venus de loin pour se battre ici, par - 31° et sur 1,10 m de neige…"
Bonne lecture en compagnie du médecin-major Trabaud.
ALEXANDRIE (EGYPTE) DANS LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
NOUVEAU ! Mon roman historique sur Brest et Le Conquet au XVIIIe siècle.

Jean-Yves Empereur (dir.), Alexandrie dans la Première Guerre mondiale, Alexandrie Moderne, 01, CEAlex, Centre d'Etudes Alexandrines, Alexandrie, 2018, 434 p.
ISBN : 978-2-490128-03-7, 40 €
Cet ouvrage est le fruit d’une coopération du Centre d’études alexandrines d’Egypte, lequel, dans le cadre de la commémoration du Centenaire de la Grande Guerre, organisa en 2014-2015 une exposition qui rencontra un vif succès. L’édition d’un ouvrage-souvenir faisant son chemin, le CEAlex nous propose aujourd’hui une monographie très complète, en français, sur la Grande Guerre à Alexandrie.
Je me fais le relai de cette sortie qui intéressera particulièrement les passionnés de l’Histoire du service de santé militaire et des sciences médicales, au travers des articles richement illustrés d’un fort chapitre de plus de 80 pages sur « Alexandrie, havre pour les malades et les blessés »
[…] Extrait du sommaire :
Les navires-hôpitaux en Méditerranée orientale, François-Marie Lahaye - p. 280-286.
Alexandrie ville-hôpital, Cécile Shaalan - p. 286-327.
Alexandrie ou les coulisses médicales du Front d’Orient (1915-1916), Anne Marie Moulin - p. 328-347.
Amour et patriotisme. Le destin tragique d’une jeune aide-soignante, Jean-Philippe Girard - p. 348-356.
Infirmières et marraines de guerre, Dominique Gogny - p.356-363.
CAHIERS DE L'IROISE - n°230 - LES RUSSES EN BRETAGNE
NOUVEAU ! Mon roman historique sur Le Conquet et Brest au XVIIIe siècle.
RUSSES ET BOLCHEVIKS EN BRETAGNE (XIXe -XXIe siècles)
La Société d'étude de Brest et du Léon, éditrice des Cahiers de l'Iroise, propose au public le 12 décembre 2018 un fort numéro de 217 pages entièrement consacré aux "Russes et aux Bolcheviks en Bretagne".
Ce numéro exceptionnel consacre une série de huit articles inédits à des sujets intéressant le Premier conflit mondial, de 1914 à 1919 et à l'arrivée des Russes à Brest en 1916.
Vous trouverez ci-après un extrait du sommaire (en PDF) faisant connaître les auteurs français et russes qui ont collaboré à ce n° 230, dont votre serviteur.
Communiqué de presse - auteurs et sujets développés.
ERIC MANSUY - LA GRIPPE ESPAGNOLE A BELFORT, EN 1918
NOUVEAU ! Mon roman historique sur Brest et Le Conquet au XVIIIe siècle.

AHPSV - Association pour l'histoire et le patrimoine sous-vosgiens,
20 rue de la Savoureuse, 90200 GIROMANY
[…] Dans ce cataclysme planétaire d’une ampleur telle que le nombre des morts qu’il a semés sur son parcours reste un sujet de conjectures un siècle plus tard, le Territoire de Belfort n’a pas échappé au sort commun. Il est à ce titre d’autant plus intéressant d’y étudier les manifestations du mal que le département concentre des caractéristiques permettant d’obtenir une vision nette de sa propagation chez les militaires et – quoique dans une moindre mesure – chez les civils, sur la ligne de front et à l’arrière de celui-ci, dans les hôpitaux militaires et civils, dans les cantonnements et dans les communes […]
Belfort et le Territoire avant la grippe
Eric Mansuy étudie tout d’abord la place des maladies infectieuses dans la garnison de Belfort et cela, dès 1877 : goitre, fièvre typhoïde, etc. A la mobilisation de 1914 et dans les semaines qui suivent le but est de ne pas revoir les catastrophes sanitaires du précédent conflit de 1870-1871. Ainsi le service de santé de la place de Belfort multiplie les campagnes de vaccinations anti-typhoïdiques : 50 000 dès novembre 1914 ! La catastrophe n’aura pas lieu… Toutefois la bataille de la lutte anti-infectieuse n’est jamais totalement gagnée. Eric Mansuy précise les poussées épidémiques et les luttes ultérieures, jusqu’en 1918, jusqu’au cataclysme de la grippe espagnole.
Comment cerner la grippe…
Eric Mansuy détermine ensuite le cadre de son étude : Belfort en 1918. Quelles en ont été les unités de lieu, de temps, et d’action.
- Le lieu. Le « front de Belfort », dans la terminologie militaire 14-18 : le « Secteur de Haute-Alsace » ;
- Le temps. Il se focalise sur l’épidémie de grippe de 1918 caractérisée par deux phases distinctes : la première d’avril à août, la seconde, plus virulente, de septembre à décembre.
- L’action. « Baruch Spinoza a écrit que « l’humilité est un sentiment de tristesse qui provient de ce que l’homme contemple son impuissance et sa faiblesse ». Il y a bien là, en tous points, de quoi qualifier la quête de la réalité de l’épidémie de grippe de la fin de la Première Guerre mondiale, dans une confrontation à des archives lacunaires, des traces écrites insatisfaisantes, et aussi et surtout, la consultation de fiches de décès à la rédaction ambiguë ».
Tout est dit !
Eric Mansuy nous détaille, à la façon d’un entomologiste, les deux phases de l’épidémie pour Belfort, à travers l’étude attentive des journaux des marches et opérations des régiments et bataillons et des JMO des directions du service de santé des grandes unités ; lesquels sont disponibles sur internet. Un véritable travail d’enquête, unité par unité. C’est le cœur de son étude à découvrir.
Dans ses « Conclusions » Eric Mansuy, confirme dans son étude, celles déjà mises en avant par d’autres auteurs :
- Incompréhension du commandement et du service de santé militaire face à ces poussées épidémiques en 1918 ;
- recherche difficile des causes : fatigues des troupes, « travaux pénibles », du « très mauvais temps », et de « terrains détrempés », tous facteurs qui ont favorisé la persistance et la propagation d’une grippe saisonnière.
- Irruption de formes exceptionnelles et contagieuses de « broncho-pneumonie » ou de « pleurésie », auxquelles sont affectées les causes classiques de l’insalubrité des locaux, des cantonnements, la promiscuité, les contacts avec la population, les flux de permissionnaires, les mouvements d’unités militaires. A ces causes, je rajouterai personnellement le rappel de la classe 1920 et de son contingent d’engagés volontaires qui avaient déjà dû faire face aux privations de quatre ans de guerre, etc.
Eric Mansuy fait la constatation bienvenue que ce n’est pas une cause unique qui est à la base de l’épidémie de grippe espagnole mais une « conjonction d’éléments, tout à la fois climatiques et pathologiques ».
Il cite l’historien Freddy Vinet, lequel dans son remarquable et tout récent ouvrage « La Grande grippe. 1918. La pire épidémie du siècle. Histoire de la grippe espagnole » (Vendémiaire, 2018) jette un éclairage nouveau et précise des pistes de recherches intéressant les soldats victimes des gaz ! Mais pas seulement, comme je le précisais plus haut ; ainsi la population touchée concernait des populations jeunes, « dans la force de l’âge ».
Enfin, une dernière particularité strictement militaire et – a priori locale ? - mise en relief par Eric Mansuy concerne l’appartenance à un corps de troupe particulier :
- Les malgaches, les « coloniaux » en général, les artilleurs et les affectés spéciaux essaimés en usines et aux travaux agricoles.
Comme de coutume dans les publications d’Eric Mansuy, son étude est accompagnée d’une solide bibliographie.
Je laisse à l’auteur le soin de conclure… temporairement un sujet d’actualité où de nombreuses et solides monographies restent à écrire (gazés, jeunes classes, civils, etc.). Ces travaux pourraient faire l’objet de TER universitaires, à partir de dépouillements sur pièces médicales au SAMHA de Limoges pour les militaires et dans les séries « Hdépôt » des archives départementales de l'Hexagone pour les civils.
« […] Telle est donc l’incomplète et nébuleuse histoire de la propagation et des effets de l’épidémie de grippe dans le Territoire de Belfort et à ses abords en 1918 : une histoire immergée dans les mémoires et dans les sources, dont n’émergent que de trop rares caractéristiques, et qui n’a pas encore livré toute sa vérité et toutes ses particularités, loin s’en faut […] »
RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE (DECEMBRE 1918-FEVRIER 1919) - 3e PARTIE

Personnel sanitaire de la Mission - Répartition du personnel médical - Médicaments - Commissions de contrôle des P.G. des frontières - Commissions maritimes (pp. 3-12).
JOURNAL DU SERVICE DE SANTE - 3e PARTIE
Mission militaire française à Berlin, rapport du médecin-major de 1ère classe REHM (suite)
Malades hospitalisés dans les lazaretts des camps et dans les hôpitaux - Trains sanitaires - Autos sanitaires - Navires-hôpitaux.
" [p. 12, suite] 7° - Malades hospitalisés dans les lazaretts des camps et dans les hôpitaux.
Il est de toute justice de reconnaître avant toute chose, que dans la majorité des cas, nos hospitalisés ont reçus des médecins allemands tous les soins désirables.
Certaines formations sanitaires sont assez bien aménagées, quelques-unes laissent vraiment à désirer, mais l'ensemble n'est pas mal [p. 13]. La nourriture est partout insuffisante, mais des dons de petits vivres venus de France ont généralement suffi à assurer l'alimentation des hospitalisés. Les chiffres des malades français communiqués par le service de santé du Kriegsministerium sont des chiffres absolument fantaisistes. Au 20 octobre, ils donnaient les totaux suivants : pour les français 9000 malades, 2400 blessés, 200 tuberculeux. Il est possible qu'il y ait eu parmi ces malades beaucoup de grippés qui aient guéri depuis.
Bien des malades au début sont montés dans des trains de valides pour rentrer plus vite de sorte que la statistique est impossible à établir.
On peut estimer que le chiffre approximatif d'hospitalisés français vers le 20 décembre était de 6000 au plus.
Il a été dans beaucoup de camps, possible aux médecins français de soigner les malades dans les lazaretts. Par contre, le contrôle dans les hôpitaux a été impossible. C'est pour cette raison que j'ai profité du passage à Berlin, fin décembre, de 3 médecins de la Croix-Rouge de Genève pour les prier de faire une enquête sur les hôpitaux de Magdebourg qui m'avaient été signalés comme particulièrement défectueux. Leur enquête a établi que l'un de ces hôpitaux était bien, et que les conditions de fonctionnement de l'autre étaient acceptables. A Berlin, j'ai visité l'hôpital auxiliaire (Alexandrinenstrasse) qui laissait une impression franchement médiocre.
Les malades alliés en ont été évacués fin décembre par un train sanitaire anglais. Le Tempelhof Baracken Lazareth que j'ai visité également et qui contenait 340 malades alliés était bien. Les malades ont quitté cette formation le 23 janvier par train sanitaire.
8° - Trains sanitaires [p. 14]
Jusqu'au 25 décembre, j'ai conservé l'espoir devant les promesses toujours renouvelées des allemands, d'obtenir d'eux l'application au moins partielle des conditions auxquelles ils s'étaient engagés dans l'annexe de l'armistice du 28 novembre concernant l'évacuation des malades et blessés alliés.
A ce moment j'ai jugé qu'il valait mieux, quelque soient la grandeur de l'effort à accomplir et les difficultés extrêmes que nous allions rencontrer, rapatrier nous-mêmes les hospitalisés alliés.
La grande difficulté a consisté à obtenir le chauffage des trains sanitaires. Le raccordement de la tuyauterie de la locomotive allemande avec celle des wagons français a été presque toujours impossible et il a fallu employer des moyens de fortune qui ont donné un chauffage insuffisant. La température a été heureusement assez clémente pendant la période où les trains ont fonctionné.
Des 80 trains sanitaires que les Allemands se vantaient de pouvoir mettre à notre disposition, 5 ou 6 seulement étaient capables de rendre quelques services. Ils ont [été] utilisés comme le montre la carte. Presque tous les autres trains étaient inutilisables, le personnel sanitaire les ayant abandonnés, en emportant le matériel.
Le temps pressait, les évacuations de P.G. valides battaient leur plein : tous les trains disponibles roulaient vers l'Ouest le flot humain joyeux qui retournait dans la Patrie. L'hiver clément jusque-là, menaçait de causer des perturbations dans les transports par voies ferrées ; le mouvement révolutionnaire grandissant chaque jour risquait [p. 15] d'aggraver la situation. Les malades inquiets, lançaient les premiers appels au secours. Il n'y avait plus à hésiter, ni à compter sur d'autres. Le 24 décembre des trains et des autos sanitaires sont demandés à Spa comme indispensables.
Le 27 décembre des précisions sont données sur les points où il conviendra d'envoyer 6 trains sanitaires français. Le 1er janvier, 3 autres trains sont demandés.
Le 4 janvier, 18 trains sanitaires français concentrés à Mayence, sont prêts à partir pour l'Allemagne.
S'il était possible à ceux qui en France ou dans un autre pays allié ont souffert de l'attente et trouvé long, dans leur impatience bien excusable, le retour des chers êtres vaincus par la blessure ou par la maladie, de mesurer l'effort formidable accompli par ces trains sanitaires français qui ont roulé dans des conditions inimaginables jusqu'au fond de l'Allemagne, entre le 6 et le 18 janvier, en plein hiver, en pleine révolution, presque sans contrôle des autorités allemandes étonnées souvent de leur venue, aiguillés par erreur où ils ne devaient pas aller, dirigés sur des centres ou les malades avaient été enlevés la veille de leur arrivée, par le caprice d'une autorité locale allemande, s'ils avaient pu voir passer un train pareil, filant parfois durant 15 jours dans les plaines grises et désolées, pour chercher et ramener leur enfant à leurs soins et à leur tendresse, s'ils avaient pu sentir l'émotion d'un tel spectacle, il n'en est pas un qui trouverait que tout le possible n'a pas été fait.
Quelques malades sont morts dans ces trains.
Des médecins des C.A. ou des camps, la veille du passage du train sanitaire, m'ont fait par le téléphone, part de leur hésitation à charger le lendemain des malades qui presque mourants voulaient partir. De loin on juge mal de ces choses. Je leur ai répondu d'abord qu'il fallait [p. 16] raisonner les malades et les laisser sur place puisqu'ils étaient intransportables. Quelques autres médecins ont satisfait au désir exprimé par les malades.
Le 21 janvier visitant moi-même les 340 malades alliés qui attendaient pour le lendemain au Tempelhof Lazareth à Berlin la venue du train sanitaire français 24bis PLM, j'y ai trouvé 3 malades tuberculeux couchés, dont la température était élevée. L'un était français, un autre italien, le troisième arabe. J'ai fait tout pour les convaincre qu'il fallait rester, leur promettant même que je viendrais souvent les voir. Des larmes coulaient sur leurs joues amaigries et de toute leur voix ils me criaient qu'ils voulaient mourir dans le train français, en France… Le lendemain, au moment de l'appel du départ, ils étaient au pied de leur lit dans l'espoir que je ne les reconnaitrais pas. Je les ai laissés partir pour ne pas les tuer de chagrin.
On a songé tout d'abord à enlever les malades par nationalité mais le procédé n'était pas pratique à cause de la lenteur des concentrations qu'il aurait fallu effectuer et de l'impression fâcheuse produite par le départ de leurs camarades sur les malades restants. C'est cette raison qui explique que quelques petits groupes de Serbes et de Roumains aient été emmenés par les trains sanitaires.
Et puis les évènements se sont précipités, faisant craindre avec des troubles plus sérieux, la grève générale des chemins de fer.
On avait songé aussi à laisser sur place tous les grippés qui n'étaient pas convalescents. Il a fallu modifier cette conception et enlever les grippés transportables. J'ai demandé, en prévision de leur arrivée dans les HoE qu'il soit installé des salles d'isolement pour les recevoir.
20 trains sanitaires français partis de Mayence et de Bâle sont venus en Allemagne. Le dernier train de ramassage quitte aujourd'hui Mayence pour enlever les 125 derniers malades transportables [p. 17] réunis par les autos sanitaires françaises et anglaises à Chemnitz, Dresde, Wittemberg, Magdebourg, Erfurt et Cassel. Les 19 trains sanitaires ont enlevé 5000 malades et blessés alliés dont 3465 français, 1095 italiens, 230 anglais, 55 belges, 100 serbes, 50 roumains, 5 portugais et 2 grecs. Avec le 20e train, plus de 5100 malades seront partis.
Les 8 trains sanitaires anglais ont enlevé environ 1750 malades dont 675 français environ.
Les 4 trains sanitaires allemands allant à grande distance ont enlevé environ 1100 malades alliés dont 500 français environ.
Les trains sanitaires belges, hollandais, suisses et américains à petit rayon, ont enlevé environ 2500 malades alliés dont 800 français environ.
Les 3 trains sanitaires italiens ont enlevé 750 italiens environ et 60 malades français.
On pourra remarquer que les 25 trains sanitaires alliés et neutres ont enlevé environ 5000 malades, mais si l'on regarde la carte on verra par comparaison avec le rayon de pénétration des 20 trains sanitaires français qui ont enlevé plus de 5000 malades combien l'effort fourni par la France est considérable. Les 25 trains sanitaires alliés et neutres ont fait en Allemagne environ 12 000 kil. Les 10 trains sanitaires allemands à grande et à courte distance ont fait 6 500 kil. Les 20 trains sanitaires français ont fait plus de 16 000 kil.
Ceux qui sont allés jusque dans l'Est de l'Allemagne sont restés 2 semaines en route. Pour le train de Posen, ville occupée par les autorités polonaises, il a fallu faire des démarches auprès de ces autorités pour obtenir le passage du train. Le Service de santé du Kriegsministerium m'a affirmé, lorsque je lui ai parlé de mon intention d'envoyer un train à Posen que la chose serait impossible [p. 18] Il trouvait déjà bien extraordinaire que je puisse télégraphier et recevoir des télégrammes des 2 médecins français que j'avais envoyé à Posen, malgré l'occupation de cette ville par les Polonais et malgré l'existence d'un front de bataille à l'ouest de cette localité.
Il a été possible d'obtenir des renseignements sur 30 blessés français signalés à Kalisch (*), évacués ensuite sur Prague d'où ils ont gagné la France dans un train tchécoslovaque amenant à la Conférence de la Paix les représentants de la République tchécoslovaque.
9° - Autos sanitaires
Pour assurer le ramassage de tous les malades isolés devenus transportables et leur concentration dans des hôpitaux placés sur le passage des trains sanitaires, il a fallu songer à utiliser des automobiles sanitaires. Les Allemands étant incapables de nous en fournir, j'ai demandé à Spa le 24 décembre que 30 automobiles sanitaires françaises soient mises à ma disposition pour être répartis dans divers corps d'armée en Allemagne. Après entente avec le colonel médecin Pollock de la mission britannique pour le rapatriement des P.G. Il fut décidé que les Anglais assureraient le service par autos sanitaires dans les 2/3 des corps d'armée avec 50 voitures. Je me réservai 1/3 des corps d'armée pour le service par autos sanitaires. Depuis, les Anglais ont envoyé 5 voitures par CA soit 90 au total. L'effort était vraiment bien grand pour l'œuvre à accomplir, mais ils ont fouillé très scrupuleusement tous les C.A. après les avoir divisés en secteurs. Nos autos françaises réunies le 7 janvier à Rastadt ont été employées de la façon suivante :
- 1 a fait la région de Stuttgard ;
- 1 la région de Wurzbourg ;
- 5 sont allées par route à Nuremberg pour drainer les malades de la Bavière. Elles y opèrent encore en ce moment [p. 19] et j'ai prescrit au médecin-major de 2e classe Montane d'en garder deux avec lui pour visiter tous les intransportables de Bavière et de Wurtemberg.
- 2 ont été employées à faire la navette sur Giessen.
- 5 sont arrivées sur wagons à Berlin, le 19 janvier.
L'une d'elle a été envoyée à Stettin pour visiter le 2ème CA, une deuxième a été envoyée à Magdebourg pour drainer le 4ème CA. La troisième et la quatrième ont été envoyées sur wagons à Hambourg. Elles y recherchent en ce moment les intransportables signalés dans le Schlesvig et la partie est du 9ème CA. La cinquième, visite le 3ème CA. Elle est allée à Spandau, Brandenbourg, Döberits et va aller à Perleberg.
- 3 ont été envoyées à Hanovre où elles ont visité tout le Xe CA. Deux d'entre elles, avec le docteur Saint Mathieu sont parties hier pour voir quelques malades dans la région de Munster.
- 2 ont été dirigées sur Cassel
- 1 sur Erfurt
- 3 à Leipzig d'où elles sont utilisées pour Dresde et la Saxe.
Les régions de Posen, Danzig, Allenstein, Königsberg et Breslau étant parcourues en ce moment par 23 autos sanitaires anglaises, j'ai jugé inutile d'y envoyer des autos françaises.
J'estime que toutes les autos sanitaires françaises pourront être ramenées en France vers le 5 février. Elles auront rendu les plus grands services. Chaque voiture avait une réserve d'essence pour 1400 kilomètres [p. 20].
10° - Navires hôpitaux
Les malades qui se trouvaient hospitalisés dans les 1er, 20ème, 17ème, 2ème et 9ème CA ont été pour la plus grande part, emmenés par navires hôpitaux anglais ou par bateaux suédois, danois et allemands aménagés.
Des trains sanitaires allemands, complets ou réduits à quelques wagons ont assuré le transport des malades des centres hospitaliers des CA aux hôpitaux des ports. Cette organisation a été concertée entre les Généraux Kommandos et les médecins français qui leur avaient été attachés. L'exécution en a été parfaite.
- 60 malades alliés sont partis de Hambourg
- 87 de Warmemünde
- 473 de Stettin
- 725 de Dantzig
- 75 de Königsberg
1420 au total. Sur ce chiffre, on peut compter 500 français environ.
Les navires hôpitaux anglais allaient directement en Angleterre. Les petits bateaux aménagés emportaient les malades à Copenhague où il reste actuellement 350 malades alliés qui attendent pour leur rapatriement, la venue du navire hôpital anglais "Formose" annoncé comme parti de Southampton le 27 janvier [1919].
A SUIVRE - Les malades et blessés français intransportables laissés en Allemagne, avec leur identité et leur localisation - Conclusion.
NOTES :
(*) Auj. Kalisz (Pologne)