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Hôpitauxmilitairesguerre1418 - Santé Guerre

« ARCHIVISTE-BIBLIOTHECAIRE » DU SERVICE DE SANTE MILITAIRE AU FRONT (1917-1918).

21 Février 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #les hommes, #Bretagne 1914-1918, #recherche archives documentation

« ARCHIVISTE-BIBLIOTHECAIRE » DU SERVICE DE SANTE MILITAIRE AU FRONT (1917-1918).

Henri Bourde de la Rogerie (1873-1949) - Un archiviste paléographe à l’hôpital d’évacuation (HoE) de Bouleuse (Marne).

Parmi les emplois d’archivistes diplômés de l’Ecole des Chartes proposés par le service de santé militaire en 1914-1918, celui « d’archiviste-bibliothécaire » du groupement des services chirurgicaux et scientifiques (G.S.C.S.) confié à Henri Bourde de la Rogerie, ancien archiviste départemental d’Ille-et-Vilaine (1912-1934) est resté unique. C’est à ma connaissance, le seul archiviste paléographe (Promo 1895) qui ait été employé par les autorités militaires, dans sa spécialité, si près du front, à 20-30 kilomètres des lignes.

Le Groupement des services chirurgicaux et scientifiques est né de la volonté du sous-secrétaire d’état au service de santé, Justin Godart (1871-1956) qui souhaitait, aux armées, développer la recherche et faire coïncider l’enseignement médico-militaire avec les programmes de l’Université. La création de cette nouvelle structure avait un double objectif : faire progresser la chirurgie de guerre par la collaboration de chirurgiens et de chercheurs et diffuser la connaissance des meilleures méthodes de traitement par l’enseignement. Cette unité militaire de recherche fut confiée au professeur Claudius Regaud (1870-1940) qui s’entoura de nombreux spécialistes alliés pour animer ce centre d’instruction et de perfectionnement ouvert à nos alliés anglo-saxons.

Le G.S.C.S. fut organisé en deux échelons, rattachés à la 5e armée, implantés à Prouilly et Epernay. D’avril à juin 1917, le groupement s’installa sommairement à l’HoE de Prouilly qui fut rapidement évacué, le 5 juin 1917, à la suite de bombardements allemands sur des dépôts logistiques situés à proximité de l’hôpital. Le repli s’opéra sur l’HoE de Bouleuse implanté à 17 kilomètres de Reims. Dans cette formation hospitalière baraquée de plus de 3000 lits, le G.S.C.S. prit une importance considérable sous la conduite du professeur Regaud qui était « un apôtre ascétique avec un merveilleux esprit d’organisation » (Leriche, cité par Segal et al.).

De fait la masse documentaire générée, tant d’étude que de suivi des hospitalisés, étant devenue considérable, C. Regaud estima nécessaire la présence d’un professionnel des archives et du classement. Le 5 juillet 1917 (demande n° 52 du G.S.C.S.) il sollicitait des bureaux de Justin Godart l’affectation d’un « archiviste-bibliothécaire », en charge :

« 1) – de la réunion, du classement et de la conservation de tous les documents se rapportant aux observations cliniques et scientifiques qui devront être versés aux archives par les chefs de service à la sortie des blessés soignés dans les divers échelons du groupement ; 2) – de la conservation et de la gestion des bibliothèques qui pourront être annexées au « groupement » ; 3) – du classement et de la conservation des fiches bibliographiques de chirurgie de guerre que je me propose de faire dresser, en collaboration avec le service des « Archives et documents » et celui des « Archives de médecine et de pharmacie militaires » (A) - signé : Regaud. »

Très rapidement, dès le 24 juillet, Justin Godart relaya sa demande à la direction du personnel du Grand Quartier Général (n° 17697-3/7), demandant expressément la mise à disposition du directeur du service de santé de la 5e armée, du sergent-fourrier, du 86e régiment d’infanterie territoriale, Henri Bourde de la Rogerie pour servir comme « archiviste-secrétaire » au G.S.C.S. de Bouleuse. (Ordre n° 31009/EM/1 du 29 juillet.

L’école médico-chirurgicale interalliée ou « faculté de médecine de guerre » fonctionna à Bouleuse jusqu’à l’offensive allemande de mai-juin 1918. A cette date, pressé par les succès allemands vers la montagne de Reims, le G.S.C.S. fut évacué sur son échelon arrière d’Epernay. L’HoE de Bouleuse abandonné dès le 29 juin 1918 ne fut libéré que le 22 juillet 1918. Entretemps il avait été entièrement pillé, à l’instar des autres hôpitaux d’évacuation (HoE) ; ses archives et bibliothèques dispersées et brûlées, mettant en évidence – s’il en était besoin - toute la vanité qu’il y avait à organiser si près du front un dépôt d’archives vivantes doublé d’un centre documentaire et de recherche unique. Quant au sergent Bourde de la Rogerie, je perds sa trace après Bouleuse ; en juin 1918, il serait passé au bataillon territorial de mitrailleurs du 1er corps d’armée ?

  1. – Il s’agit d’un périodique, la revue du corps de santé de l’armée de terre qui prend le nom, de 1883 à 1935, d’ « Archives de Médecine et de Pharmacie Militaires ».

Sources :

Archives du musée du service de santé des armées, Val-de-Grâce à Paris, cart. n° 551.

Arch. du musée Curie, à Paris. Fonds privé Claudius Regaud. Inventaire CR-HoE.

Pocquet Du Haut-Jussé Barthélemy-A, Henri Bourde de la Rogerie. In :Bibliothèque de l'école des chartes. 1950, tome 108. pp. 192-193.

Segal A, Ferrandis J-J, Pallardy G, et al., « L’hôpital d’Origine d’Etape (H.O.E.) de Bouleuse/ Aubilly/ Ste-Euphraise dans la tourmente du début de la deuxième bataille de la Marne (fin mai-début juin 1918) ». In : Histoire des Sciences Médicales, XXXVIII, 3, 2004, pp. 333-50.

Pour en savoir plus sur les hôpitaux d’évacuation (HoE) faits prisonniers et pillés lors de l’offensive Ludendorff, en mai-juin 1918 : HoE de Saint-Gilles ; HoE de Mont-Notre-Dame.
Remerciements aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine de Rennes de m’avoir autorisé à publier la photographie d’Henri Bourde de la Rogerie, leur ancien conservateur.
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H
Bonjour,<br /> " L’HoE de Bouleuse abandonné dès le 29 juin 1918 ne fut libéré que le 22 juillet 1918."<br /> C'est le 29 Mai et non Juin qu'a eu lieu cette évacuation.<br /> <br /> Bien à vous,<br /> H.h.
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L
De nombreuses souffrances demeuraient !
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