LES AUTOCHIRS (1914-1918)
La Plume Rouge - Les Éditions du Net
Le Conquet, 1755 - Olivier Féas, jeune mousse qui ne peut plus embarquer, entre en apprentissage chez un maître chirurgien du Conquet. Dans cette petite garnison du bout du monde se multiplient ...
Travaillant en 1986 sur un catalogue des véhicules techniques du service de santé dans la Grande Guerre (resté inédit à ce jour), entrepris dans les fonctions de conservateur des matériels du service de santé à l’établissement central des matériels de mobilisation de Caen-Mondeville, établissement aujourd’hui dissous ; j’avais été amené, lors de mes recherches, à relever des mentions de ces fameuses « autochirs » et de leurs véhicules spéciaux… Cette enquête entamée en Normandie je l’ai poursuivie, de 1995 à 2000, au Val-de-Grâce, à Paris, où j’ai dépouillé le riche fonds du musée sur 14-18. L’ensemble documentaire considérable ainsi rassemblé, méconnu voire inédit, j’en ai proposé une synthèse « La Genèse d’une épopée » à la revue Médecine et Armées, laquelle, en dépit de ses 22 pages… a fait preuve de beaucoup de bienveillance, à la marge de ses « critères », en l’acceptant et en le publiant en 2002…
Depuis cette date la curiosité des chercheurs ne s’est pas démentie. En 2008 le professeur Larcan et le docteur Ferrandis m’ont fait l’honneur de citer largement mon article dans leur ouvrage : Le Service de santé aux armées pendant la Première Guerre mondiale, ed. LBM, Paris, 2008, p. 137 et suiv. et de réserver une annexe de leur livre à mes monographies sommaires d’autochirs (p. 544-548), telles qu’elles avaient été publiées dans Médecine et Armées.
En 2009, le Forum 1914 relançait l’intérêt porté aux autochirs au travers d’un « fil » consacré à Maurice Marcille (1871-1941), auquel « fil » MM. Laurent Provost et Michel Pineau apportèrent au dossier nombre d’éléments restés dans l’ombre, extraits des archives de l’Assistance Publique de Paris, sur les débuts « exotiques » de Marcille dans la carrière chirurgicale ; caractère qui vaudra à Marcille de figurer en bonne place dans la correspondance de Georges Duhamel (1884-1966) de l’Académie Française. L’historiographie des autochirs se développe, en France mais aussi chez nos voisins belges.P. Loedts a ainsi trouvé des similitudes entre les « carrières médico-militaires » atypiques de Marcille et du belge Antoine Depage (1862-1925). Tout reste à écrire.
A l’occasion de la mise en ligne par l’ECPAD du film : Ambulance chirurgicale automobile n°7, présenté le 27 mai 2014 dans ce blog, je vous propose aujourd’hui le PDF de mon article in-extenso sur les Autochirs 1914-1918, publié en 2002 dans Médecine et Armées. Cet article comprend la liste des autochirs 14-18.
Bonne lecture – François OLIER.
résumé en français
"Cette étude retrace, à l’aide de documents d’archives pour la plupart inédits, la naissance des ambulances chirurgicales automobiles plus connues sous le nom d’autochirs. La première partie de ce travail met en exergue le rôle prépondérant, dans leur création, d’un officier de réserve, Maurice Marcille, chirurgien des hôpitaux et ingénieur « par nature », lequel, envers et contre tous, saura imposer au service de santé militaire français une formation chirurgicale mobile très novatrice pour l’époque. Un deuxième volet met en évidence les difficultés d’organisation et de fonctionnement de ces autochirs, leur lente évolution ainsi que les conditions d’éviction de son concepteur, Marcille, personnage entier et atypique, qui mènera un combat perdu d’avance pour conserver et faire évoluer son concept de la chirurgie de guerre. Une dernière partie présente la version ultime de ce qui deviendra la grande œuvre du service de santé militaire français en 1914-1918 : I’autochir type 1917. Cette formation sanitaire représentera le pôle d’excellence de la chirurgie militaire française et sera rapidement adoptée par plusieurs services de santé étrangers dont celui de l’armée américaine.
THE « AUTOCHIRS » - Mobile hospital - (1914-1918). THE BIRTH OF A SAGA. This study relates through archives, most of them unpubli- shed, the birth of surgical car units best lcnown under the name of “ Autochirs ”. The first part of this work under- lines the prominent rôle in their création of a reservist offi- cer, Maurice Marcille, surgeon in hospitals and engineer “by nature”, who despite ail oppositions, will manage to impose on the french military health department a mobile surgery training very innovativc at that time. A second part puts forward the organisation and functioning diffi- culties of thèse autochirs, their slow évolution as well as the way their designer, Marcille, an atypical chairacter of great integrity who will lead an already lost struggle in order to keep and make his war surgery concept. The last part will show the ultimate turning of what will become the great work of the french military health department between 1914-1918 : the 1917 “ autochir ” type. This sanitary training will represent the pôle of excellence of the french military surgery and will rapidly be adopted by several foreign military health departments including US army. Key words: History of médical service - War surgery - World War I - Mobile hospital - Mobile surgical unit
(Médecine et armées, 2002, 30, 3, 299-320)
I. - INTRODUCTION.
Le règlement sur le service de santé en campagne de 1910, modifiant celui de 1892, n’affectait à la chaîne logistique sanitaire du corps de bataille français que des moyens de transport et de traitement hippomobiles d’un autre âge. À la mobilisation de 1914, toutes ces formations sanitaires partirent rejoindre les divisions et corps d’armée avec leurs voitures de chirurgie conçues en 1874, héritières des enseignements de la guerre de 1870. Ces véhicules hippomobiles, cœur des ambulances divisionnaires, n’offraient aux chirurgiens aucun des moyens modernes de pratique de leur art. Les récentes conquêtes de la chirurgie n’y étaient pas mise en œuvre : l’asepsie y était nulle, la propreté douteuse, l’aération inexistante, l’éclairage absent. La table d’opération était dressée à même le sol, dans la paille, sous la tente ou dans tout local prêt à la recevoir. Le chirurgien de carrière rejoignant les armées à l’Été 1914 avait l’impression générale de régresser et se plaignait amèrement de ses difficiles conditions d’exercice qui n’avaient que peu évolué depuis les conquêtes du Premier Empire. Le déficit en matériels chirurgicaux récents était immense. En l’absence de volonté et de moyens financiers mis en place par l’Etat-major et la 7e direction (service de santé) du ministère de la Guerre, ce déficit se révéla insurmontable durant les premiers mois de la guerre.
Le principe d’une formation chirurgicale automobile réunissant toutes les techniques modernes de traitement (radiologie, stérilisation, chauffage, éclairage, etc.) n’était pas une nouveauté. Dès 1912, la société des constructions mécaniques du Havre, dépendant du groupe Schneider..."
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François OLIER. LES AUTOCHIRS (1914-1918). Genèse d’une épopée, dans Médecine et Armées, 2002, 30, 3, 299-320.