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Hôpitauxmilitairesguerre1418 - Santé Guerre

Journal de guerre du service de santé - vendredi 10 mai 1940

23 Janvier 2020 , Rédigé par François OLIER Publié dans #GUERRE 1939-1945

 

Vendredi 10 mai 1940

 

 

Le 10 mai 1940, sept mois après la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne, cette dernière lance ses armées sur les Pays-Bas, la Belgique et la France mettant fin à la « Drôle de guerre ».

LE SERVICE DE SANTE DANS LA MANOEUVRE "DYLE"

 

            06h 15 - Les Ière (Blanchard), VIIe (Giraud) et IXe (Corap) armées commencent à exécuter la manoeuvre offensive "Dyle", préférée à l'hypothèse défensive "Escaut", en dirigeant vers la Hollande, à travers la Belgique, leurs formations sanitaires organiques et celles de réserve générale affectées pour la circonstance. Pendant leur marche vers le front, en Belgique, elles ne disposent pas de leurs hôpitaux d'évacuation primaire (HoE1) déployés, hormis l'HoE1 n°3 au Préventorium de Marcoing (médecin-commandant Brion) appartenant à la Ière armée et les HoE1 n°2 de Rethel (médecin-commandant Bonneterre) et n°4 de Liesse (médecin-commandant Surreau) de la IXe armée.

            Les missions de traitement sont assurées pendant ce vaste mouvement en avant par les centres hospitaliers de la zone des armées fonctionnant comme hôpitaux d'évacuation primaire, voire secondaire (HoE2), cas du centre hospitalier du Touquet Paris-Plage (médecin-colonel Debeyre).

 

            Centres hospitaliers fonctionnant comme hôpitaux d'évacuation, au profit des Ière et VIIe armées en mouvement :

                        Ière armée

            Centre hospitalier (CH) de Cambrai :

            - 1 000 lits de médecine à l'hôpital complémentaire (HC) "Notre-Dame-de-Grâce" et à l'HC du "Grand séminaire".

            Centre hospitalier de Saint-Quentin :

            - 2 000 lits dans l’hôpital militaire du lieu et neuf hôpitaux complémentaires, dont deux HC importants : "Lycée H. Martin" et "Cordier".

 

            Centre hospitalier de Péronne :

            - 820 lits dont 300 à l'HC "Lycée de jeunes filles".

           Mais aussi les hôpitaux militaires et mixtes de Maubeuge, Valenciennes, Le Quesnoy et Avesnes, établissements de 30 à 120 lits.

 

            Centre hospitalier de Maubeuge - mise en place du dispositif sanitaire prévu pour le jour J :

            a) - un centre d'aiguillage des évacuations est installé aux "Grisettes" dans un hangar situé à l'intersection des routes Maubeuge, Avesnes, Ferrières-la-Grande ;

            b) - un poste de triage s'implante à l' Ecole pratique armé par l'ambulance chirurgicale légère n°241 (médecin-commandant Desbonnets) ;

            c) - les malades et blessés hospitalisés à l'hôpital militaire sont mis en état d'évacuation et dirigés sur Le Cateau et Saint-Quentin.

 

            Centre hospitalier de Valenciennes - L'ambulance chirurgicale légère n°261 (médecin-capitaine Igelrans) effectue le triage des blessés dans les sous-sols aménagés de l'hôpital général et organise le point d'embarquement voie ferrée (PEVF) de Marly-les-Valenciennes. Le centre hospitalier reçoit en renfort :

            - le groupe chirurgical mobile n°1 (médecin-lieutenant-colonel Sauve-Evausy), qui occupe les salles militaires de l'Hôtel-dieu ;

            - la section d'hygiène lavage désinfection n°151 (pharmacien-lieutenant Bultez), installée à la caserne Ronzier ne se déploie pas, les installations de désinfection et de bains de la ville étant encore utilisables ;

            - la compagnie sanitaire automobile n°551 (capitaine Delahaye) ;

            - la 17e compagnie d'infirmiers de réserve générale.

         

Corps de Cavalerie - Le service de santé du Corps de cavalerie (médecin-colonel Jean Lambert des Cilleuls) établit en Belgique des "postes de recueil" sanitaires échelonnés sur les itinéraires Court-Saint-Etienne, Gembloux, etc.

            Comme le notera plus tard le médecin-général Mahaut dans ses "Commentaires" annexés au journal des marches et opérations de sa direction "le 10 mai fut une journée extrèmement calme. Après les coups de téléphone destinés à mettre tout en place, rien ne vînt troubler la quiétude de la direction."

 

                        VIIe armée

            En attendant le déploiement des formations sanitaires de l'armée, en cours de mouvement en Belgique, l'armée belge propose l'hôpital "Saint-Jean" (400 lits) à Bruges, pour y organiser un poste chirurgical avancé (PCA). De même, à l'Institut orthopédique de Zwijnaarde, la VIIe armée prépare l'implantation d'un nouveau PCA, ainsi qu'à Saint-Nicolas (hôpital civil "Saint-Louis"). Les moyens hospitaliers de Gand sont reconnus dans la journée. A la nuit, le quadrillage médico-chirurgical est mis en place: Bruges, Dixmude, Eekloo, Lichtervelde, Deinze, Saint-Nicolas, Lier, Braaschaat. "Aucun incident n'est signalé ». La note n°6116-1/FT du 10 mai 1940 fixe les règles de réquisition en Belgique et prévoit exclusivement pour le Service de santé militaire français : "les soins aux blessés et malades".

Afin de faciliter la manoeuvre sanitaire des trois armées engagées par l'option "Dyle", plusieurs formations sanitaires de la réserve générale sont accordées sur la ressource gérée par l'aide-major général du service de santé. Ces éléments doivent être acheminés entre J2 et J8 :

 

TABLEAU n°1 - Renforcement des armées engagées durant la manœuvre « Dyle » en formations sanitaires de réserve générale :

Type de formation sanitaire

Ière armée

VIIe armée

IXe armée

 

HoE1

2 (n°13 et 20)

2 (n°14 et 22)

1 (n°19)

 

ACL

2 (n°411 et 422)

1 (n°416)

 

 

GCM

6

1

2

 

ECM

10

 

4

 

SHLD

2

1

 

 

SH

1

 

 

 

CSA

2 (n°974 et 980)

1 (n°975)

 

 

CIRG

1

1

 

 

DE

 

1

 

 

Lot d’abris

 

1

 

 

 

MANOEUVRE SANITAIRE

(Armées non engagées dans la manoeuvre "Dyle")

 

                        IIe armée

            Centre hospitalier d'Ancemont (HoE1 n°5) - 41 lits sont occupés à 0H00. Dans la journée du 10 mai : 155 entrées et 18 évacués.

enlightened[cf. Manoeuvre sanitaire, IXe armée.]

 

                        IIIe armée

            Centre hospitalier de Labry - arrivée des premiers blessés (qui seront de l'ordre de 250 par jour). Le groupe chirurgical mobile n°27 et l'ambulance chirurgicale légère n°280 secondent l'ambulance chirurgicale lourde n°427 (médecin-capitaine Larget).

 

            Centre hospitalier de Morhange - L'ambulance chirurgicale lourde n°413 (médecin-capitaine Banzet) subit un bombardement aérien. La formation sanitaire est inutilisable (deux tués et un blessé). Evacuation immédiate des blessés sur l'hôpital d'évacuation primaire n°6 de Burthecourt (médecin lieutenant-colonel Farinaud).

enlightened [cf. Mémorial].

 

                        IXe armée

            Centre hospitalier d'Ancemont (HoE1 n°5) - [rattaché à la IIe armée] Arrivée des premiers blessés de guerre de la IXe armée à l'hôpital d'évacuation primaire n°5 (médecin-commandant Pinard). Mise en oeuvre du chantier "Triage-évacuations".

 

            Centre hospitalier de Fourmies - L'ambulance chirurgicale lourde n°423 (médecin-commandant Boppe) va se déployer au collège "Saint-Pierre". Bombardement, puis évacuation sur Liesse et Compiègne (12 mai).

 

            La compagnie sanitaire automobile n°972 procède à l'évacuation des blessés de l'hôpital d'évacuation primaire n°2 de Rethel. Une section sanitaire automobile de la CSA n°972 évacue les hôpitaux de Charleville et les blessés des localités frontières de la Belgique. Six véhicules sanitaires sont détachés à l'hôpital de Rimogne (12 kms Sud-Ouest de Rocroi) pour son évacuation sur Aubigny-les-Potées et Liesse (HoE1 n°4).

 

                        Corps expéditionnaire français en Scandinavie

            Constitué à l’origine au profit d'une intervention en Finlande (janvier 1940) et finalement dirigé sur la Norvège (15 avril). Débarquement à Namsos (Norvège) le 19 avril de la 5e demi-brigade de chasseurs (1ère division légère de Chasseurs). Les 27 et 28 avril, débarquement du deuxième échelon de cette grande unité dans la région de Skaanland en vue d'opérations dans la région de Narvik. Entre le 29 avril et le 2 mai, rembarquement des forces de la région de Namsos, par suite de l'impossibilité de couvrir efficacement la base contre les actions aériennes ennemies. Le 3 mai, embarquement sur le El Djezaïr, à Namsos, des blessés de la 5e demi-brigade, relâche à Scapa-Flow du 4 au 6 mai 1940 et transbordement des blessés sur le navire-hôpital français Sphinx. Arrivée à Gourock le 6 mai. Le 7 mai, débarquement dans la région de Harstad, Bellangen (Narvik) des éléments organiques du corps expéditionnaire français en Scandinavie destinés au renforcement de la 1ère division légère de Chasseurs (13e demi-brigade de légion étrangère et brigade polonaise des Chasseurs du Nord).

                        Eléments du service de santé en Norvège (au 10 mai) :

            - Chefferie : médecin-capitaine Merklen, faisant fonction de médecin-chef du corps expéditionnaire français en Norvège, en l'absence du médecin-commandant Toureng, médecin-chef, retenu en Grande-Bretagne.

            Les moyens sanitaires sont ceux des postes de secours régimentaires, sans aucun autre renforcement. Le matériel sanitaire a été chargé séparément puis "égaré" à l'embarquement à Brest, par défaut d’allotissement des dotations et il ne sera jamais débarqué en Norvège...

                        Eléments du service de santé au Royaume-Uni :

            - A Glasgow, direction du service de santé : médecin-commandant Toureng, dépendant de la direction des bases et services du CEFS ;

            - A Bella-Houston : ambulance chirurgicale légère n°271 (médecin-commandant Migayron) et ambulance médicale n°90 (médecin-capitaine Henri).

            Ces éléments organiques, hormis une équipe chirurgicale de l'ambulance chirurgicale légère n°271, ne rejoindront jamais la Norvège.

ZONE DE L'INTERIEUR

 

                        Directions régionales du service de santé

            "Aussitôt connue la nouvelle du déclenchement de l'attaque allemande, le sous-secrétaire d'état [au service de santé militaire] adressa à tous les directeurs régionaux une dépêche, par laquelle il les invitait, notamment:

- à libérer, au maximum, les formations hospitalières territoriales par des sorties effectuées suivant tous les modes justifiés;

- à faire vérifier par les chirurgiens consultants des secteurs toutes les installations chirurgicales, leurs ressources en personnel, la constitution de leurs équipes, l'instrumentation, la stérilisation;

- à ouvrir et à mettre en état de fonctionnement tous les hôpitaux en sommeil et réintégrer, jusqu'à nouvel ordre, les hôpitaux thermaux dans l'hospitalisation générale;

- à rappeler, d'urgence, les officiers mis en congé sans solde par application des circulaires 1805, 3491, 3492 et non encore rayés des cadres."

HOPITAUX D'EVACUATION SECONDAIRE

 

                        HoE2 n°2 (Bar-le-Duc)

            L'hôpital d'évacuation secondaire n°2 (médecin-colonel Badie) est implanté dans les casernes "Oudinot" et "Exelmans". Il comprend 2 200 lits pouvant être portés à 2 600. Le centre hospitalier dispose également de quatre hôpitaux complémentaires dont le lycée "Henri Poincaré" (250 lits) et l'hôpital complémentaire "Ecole Saint-Louis". Dans son rapport en date du 30 avril 1940, le contrôleur-général Valette, en mission d’inspection, constate que l'HoE2 n°2 "est trop avancé" et propose comme nouveau site d'implantation : Epernay.

 

                        HoE2 n°4 (Epernay)

            L'hôpital d'évacuation secondaire n°4 (médecin-colonel Pauron) est une formation de réserve générale, non déployée, dont les personnels "officiers" sont détachés à :

            - l'hôpital mixte de Châlons-sur-Marne ;

            - l'hôpital complémentaire "Cognaq-Jay" à Reims ;

            - l'hôpital complémentaire "Libergier" à Reims;

            - l'hôpital complémentaire "collège de garçons" à Epernay;

            - l'hôpital complémentaire "lycée de jeunes filles" à Reims;

            - l'hôpital complémentaire "asile départemental de vieillards" à Châlons.

EVACUATIONS SANITAIRES

 

                        Voie Ferrée

                        Destruction de voies ferrées dans les régions de Laon, Metz, Conflans-Jarny, Toul, Nancy. "Vingt-cinq interruptions dans nos voies, dont moitié réparées le soir même".

                        Mise en alerte générale, par l'aide-major général et le 4e bureau de l'état-major général, des trains sanitaires (TS) stationnés dans la zone de l'Intérieur.

 

                        Régulatrice de communications n°1 (Amiens)

            La RC n°1 (médecin colonel Brizon) est installée dans les locaux d'une vieille usine désaffectée ; elle dispose, au 10 mai 1940, de dix-huit trains sanitaires dont deux sont prêtés à l'armée britannique et de dix autorails sanitaires (2 à Boulogne, 4 à Amiens, 4 à Fives).

 

                        Régulatrice de communications n°2 (Laon)

            Hôpital complémentaire de RC n°2 (Médecin-capitaine Coste) - Bombardement de la ville de Laon (nombreux blessés dont un médecin-auxiliaire). Les blessés sont transportés dans les caves. "L'hôpital n'a plus qu'à fermer ses portes. Les blessés sont continuellement en voyage entre les lits et les souterrains".

            - le train sanitaire n°360 (médecin-lieutenant De Prat), de Rethel (360 évacués) à Nogent-l’Arthaud (sanatorium de Villers-sur-Marne), le 10 mai.

 

                        RC n°3 (Saint-Dizier)

            La chefferie est à Saint-Dizier et les services à Vitry-le-François.

            - le train sanitaire n°160 (médecin-lieutenant Fuselier), de Verdun (300 évacués) sur Rochefort (12 mai).

            - le train sanitaire n°463 (médecin-lieutenant Goulesque), de Verdun (149 évacués) et Vouziers (210 évacués) sur Epernay (10 mai).

            - le train sanitaire n°466 (médecin-lieutenant Cornu) de Vouziers (262 évacués) et Sainte-Ménéhould (88 évacués) sur Châteauroux (11 mai).

 

                        RC n°5 (Troyes, médecin-colonel Hassenforder)

            IVe armée - dispose de neuf autorails sanitaires (5 à Sarrebourg et 4 à Château-Salins) et de dix-neuf trains sanitaires mis en place par la RC n°5 de Troyes.

            - le train sanitaire n° 108 (médecin lieutenant Perdu), de Droitaumont (300 évacués) sur Vittel.

            - le train sanitaire n°164 (médecin-lieutenant Coladant), du 10 au 11 mai, de Metz, Pont-à-Mousson sur Vittel (384 évacués), désinfection, reste sur place.

            - le train sanitaire n° 325, de Longwy (225 évacués) sur Nogent-l’Artaud (11 mai).

            - le train sanitaire n°420 (médecin-lieutenant Susbielle), du 9 au 11 mai, de Vittel sur Cahors, désinfection à Cahors et retour en garage à Brienne.

            - le train sanitaire n°464 (médecin-lieutenant Demoly), de Vittel (360 évacués) sur Limoges (11 mai).

 

                        RC n°7 (Creil)

            Six trains sanitaires de renfort sont demandés par l'aide-major général au 4e bureau de l'état-major général pour Creil.

 

                        RC n°8 (Saincaize, médecin-colonel Paris)

            La chefferie de la RC n°8 est au château de Sampanges par Gimouille. L'hôpital complémentaire de régulatrice n°8 est à Nevers (Ecole professionnelle). La réserve de personnels sanitaires est cantonnée à Saint-Pierre-le-Moutier ; les réserves avancées de matériels et de médicaments sont installées dans les usines "Souriou" de Vierzon.

RAVITAILLEMENT SANITAIRE

 

            L'aide-major général demande à la 7e Direction (ministère de la Guerre, Service de santé) de hâter l'envoi des "lots de traitement pour brûlures", en cours de constitution à la Pharmacie centrale des armées de Malakoff.

MEMORIAL

 

Paul Cavalin, né le 20 janvier 1917 à Gourin (Morbihan), élève à l’Ecole du Service de santé militaire de Lyon, médecin-auxiliaire au 61e régiment d’artillerie détaché au parc d’artillerie de forteresse n°4, mort au combat le 10 mai 1940 à Morhange (Moselle).

 

Jean Kunossy, né le 12 mai 1905 à Budapest (Hongrie), médecin-auxiliaire attaché à la 9e batterie de repérage, mort lors de l’explosion d’un avion allemand revenant d’une mission de bombardement à Borre non loin de la commune d’Hazebrouck (Nord) le 10 mai 1940.

Journal de guerre du service de santé - vendredi 10 mai 1940
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