HoE 1914 : hôpital d’évacuation ou hôpital origine d’étapes
Dans les relevés d’abréviations de la Grande Guerre, les lettres "HOE" sont le plus souvent traduites par « Hôpital Origine d’Etapes ». Un débat relayé par le passionnant Forum 1914 s’est engagé entre les "forumeurs" pour valider cette définition. J’ai proposé, en 2010, dans le tome 2 des Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918(A) des éléments de réflexion qui me paraissent toujours pertinents et que je vous propose aujourd'hui.
L’appellation « hôpital origine d’étapes » est une formule d’état-major, tombée en désuétude, bien avant 1914, dans le langage courant des armées. Dans le règlement du Service de santé en campagne du 31 octobre 1892, comme dans celui du 26 avril 1910 qui le remplaça, il n’est nullement fait mention « d’hôpital origine d’étapes » mais d’hôpital d’évacuation. Je pense que cette formule provenait du fait que l’hôpital d’évacuation s’implantait selon les règlements des chemins de fer en campagne, à proximité de la gare origine des étapes (GOE), qui s’était elle-même substituée à la gare ordinaire des étapes (GOE) du règlement de 1892, située en limite avant de la zone des étapes de la zone des armées, en « tête d’étapes de guerre ».
En août-septembre 1914, c’est bien rarement, car trop en pointe en phase de retraite, que ce cas de figure se présenta. Le plus souvent, ce n’était pas l’hôpital d’évacuation en entier, mais des sections autonomes (2e section suivant le réglement ) ou éléments isolés du service de santé (ambulances faisant fonction d'HoE) qui furent détachés auprès des GOE, rapidement appelées « stations d’évacuations » ou « stations d’évacuations sanitaires avancées ». En dépouillant l’ensemble des journaux de marche et opérations des hôpitaux d’évacuation je n'ai jamais relevé de mention « d’hôpital origine d’étapes » ; seulement celle « d’hôpital d’évacuation » parfois celle « d’HE » et plus rarement en 1914, l’abréviation « d’HoE » qui entrera dans le langage courant et imagé de la Grande Guerre…
Pour le Poilu, l’HoE reste « l’achoé » en dépit de l’abréviation de fantaisie : hospice ordonnances embusqués proposée par A. Dauzat dans son Argot de la Guerre (A. Colin, Paris, 1919) et de la seule mention contemporaine – à ma connaissance (B) - relevée : HOE « hôpital origine d’étapes » qui figure au Larousse médical illustré de la Guerre de Galtier-Boissière, (Larousse, Paris, 1917).
Pour ma part je pense que c’est pour le moins un comble de traduire HOE par Hôpital Origine d’Etapes alors que les logisticiens santé de l’époque l’avaient abandonné bien avant la Grande Guerre ; si l’on souhaite le traduire de manière plus appropriée, je propose de l’écrire « HoE» pour Hôpital d’évacuation.
(A) - F. Olier et J.-L. Quénec’hdu. Hôpitaux militaires dans la guerre 1914-1918. Louviers : Ysec, 2010, 320 p. Dossier thématique : Organisation et fonctionnement des hôpitaux d’évacuation (p. 10-25).
(B) – Les lecteurs qui auraient connaissance d’autres mentions bibliographiques ou archivistiques de l'HoE, "hôpital origine d'étapes", contemporaines de la Grande Guerre seraient très aimables de m’en faire part.
Photo : Hôpital d'évacuation secondaire (HoE2) de Cravant ((Yonne), constitué sous tentes et baraques à partir des éléments de l'HoE n°15. 10 juin-26 novembre 1918, 1200 lits. Notice dans le tome 2 des Hôpitaux militaires..., p. 218 (5e RM, Yonne, Cravant).