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Hôpitauxmilitairesguerre1418 - Santé Guerre

DAMVILLERS (Meuse) 1914

5 Août 2013 , Rédigé par François OLIER Publié dans #les hopitaux

DAMVILLERS (Meuse) 1914 – L’HOPITAL TEMPORAIRE DE COUVERTURE EST OCCUPE PAR LES ALLEMANDS…

 

D’après le médecin général inspecteur A. Mignon (Le Service de Santé pendant la Guerre 1914-1918, I, pp. 26-27) les hôpitaux de couverture étaient des formations sanitaires éphémères situées entre Meuse et Moselle « essaimées dans la Woëvre et probablement exclusives à cette contrée ». Ces hôpitaux mis sur pied en 1907 à l’initiative du général Charles-Arthur Maitrot (1849-1924), chef d’état-major du 6e corps d’armée (Châlons-sur-Marne), à partir des ressources des sociétés d’assistance locales, étaient destinés, à la mobilisation, à recueillir les petits malades, les blessés et éclopés de leur voisinage en attendant le déploiement des ambulances et des formations sanitaires des étapes. Leur fonctionnement y compris dans le ramassage et le transport des blessés était assuré au moyen de la réquisition. Ces hôpitaux de couverture, appelés aussi « hôpitaux temporaires de couverture » se replièrent, mission accomplie, à partir du 21 août 1914, sur Verdun, Châlons-sur-Marne et Nevers. Ces hôpitaux ne possèdaient pas de numérotation particulière. Ceux qui furent maintenus seront transformés en hôpitaux bénévoles [développement des notices hospitalières dans le tome 5 des Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918, à paraître].

Localisation (exemple à la 3e armée) : Aulnois-sous-Ventuzey, Jouy-sous-les-Côtes, Saint-Julien, Raulincourt, Apremont, Woinville, Buxières, Vigneules, Hattonchâtel, Saint-Maurice-sous-les-Côtes, les Eparges, Fresnes-en-Woëvre, les Petits-Monthairons, Haudiomont, Ville-en-Woëvre, château d’Honnoncelle, Etain, Spincourt, Damvillers, Mangiennes.

 

Je propose aujourd’hui la transcription du court rapport de captivité du médecin aide-major de 2e classe Paul Maillard, médecin-chef de l’hôpital temporaire de couverture de Damvillers.

« J’étais désigné en cas de mobilisation pour remplir les fonctions de médecin-chef de l’hôpital temporaire de couverture de Damvillers (Meuse). Cet hôpital renfermant 120 lits fonctionna sans arrêt depuis le début des hostilités [7 août] jusqu’au 26 août. Ce jour là, quand les uhlans apparurent, il me restait environ 15 blessés qu’il m’avait été impossible d’évacuer. J’avais en outre en traitement un uhlan qui avait été frappé d’une balle le matin même, à l’entrée du village. L’officier commandant la patrouille vint à l’ambulance et après avoir vérifié mes pièces d’identité, me laissa l’entière liberté de soigner mes blessés comme auparavant. Le lendemain et les jours suivants, de nombreux blessés entrèrent à l’hôpital et je continuais à les traiter, de concert avec leurs médecins.

Brusquement, le 5 septembre, et par ordre du Général, nous fûmes enfermés, ma femme et moi, dans notre propre maison, avec défense absolue d’en sortir l’un ou l’autre sous peine d’être fusillés. Nous étions accusés de correspondre avec la place de Verdun au moyen d’un téléphone souterrain, et dans le but de trouver cet appareil des officiers firent pratiquer des fouilles et perquisitionnèrent dans ma maison plus de trente fois. Enfin le 26 [page 2] octobre, le général commandant le 5e corps d’armée de réserve dont le quartier général se trouvait à Ecurey, me donna l’ordre de partir le lendemain matin, en compagnie de ma femme. Entre temps, tous les habitants mâles du village, et parmi eux un vieillard aveugle de 80 ans avaient été emmenés en captivité en Allemagne.

Donc le 27 octobre, nous fûmes transportés en automobile à Montmédy d’où nous partîmes pour Thionville dans un train de blessés. Le 31 octobre, on nous fit monter dans un train sans nous en indiquer notre destination. Notre voyage s’est effectué dans un compartiment de seconde classe, réservé, et toujours accompagnés par un officier. Le 1er novembre, nous arrivions à la gare de Mayence, où je fus séparé de ma femme. Cette dernière fut logée à mes frais dans un hôtel, et je fus conduit sous escorte à la citadelle où sont enfermés les officiers alliés prisonniers. En général, les officiers allemands se sont montrés, à notre égard, corrects et même courtois.(…) »

En mai 1915, le médecin aide-major Paillard fut rapatrié via la Suisse.

 

Annexe (V. 2, complément du 19 août 2013) : Dans son ouvrage Le Service de santé pendant la Guerre 1914-1918. Paris : Masson, 1926, p. 88-90 et 94, le Médecin général inspecteur Mignon précise qu'en qualité de directeur du service de santé de la IIIe armée il envoya le 22 août 1914 une équipe sanitaire divisible en deux groupes indépendants pour organiser à Damvillers un "poste sanitaire avancé" qui fonctionnerait à la gare de la ville et dans les locaux de l'hôpital temporaire de couverture. Cette équipe fonctionna jusqu'au 24 août à 14h30 avant d'être rappelée à Verdun. Composition de l'équipe : Médecin major de 2e classe Lozé, pharmacien aide-major Hermelin, officier d'administration Cussac, 15 infirmiers et deux dames infirmières.

En parallèle à cette initiative de l'armée, l'on sait, grâce au JMO du service de santé de la 9e DI (SHD-T, Vincennes, 26N285/10, fol. 5 r et v). l'on sait que l'ambulance n°1/9 DI fonctionna à Damvillers le 24 août ; tandis que le lendemain l'ambulance n°2/9 DI, en prvenance de Dombras se présentait à Damvillers, sans fonctionner, avant de poursuivre sa retraite vers Consevoye.

Source : Musée du service de santé des armées, au Val-de-Grâce, à Paris, carton n° 638 (Maillard).

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