ARRAS 1914 – LES HOPITAUX MILITAIRES DANS LA TOURMENTE (27 AOUT-8 SEPTEMBRE 1914)
D’après le rapport inédit du médecin principal Famechon (A), médecin-chef de la place d’Arras.
27 août 1914 – Arras est évacué par le Commandant d’Armes et par les Dépôts du 33e d’infanterie et du 3e Génie, le recrutement, la sous-intendance, la gendarmerie, le Trésor, la Poste, etc… L’ingénieur en chef du chemin de fer du Nord fait évacuer la gare et sauter les voies. Aucun service ne fonctionne plus.
Je n’ai reçu aucun ordre, aucune instruction, je n’ai même pas été avisé du départ de la garnison. Mais informé par la rumeur publique qu’il devait avoir lieu dans la nuit suivante, j’ai fait prévenir le Commandant d’armes (Colonel Faure) dans la soirée du 26, ainsi que le capitaine de gendarmerie qu’un officier et deux soldats allemands prisonniers en traitement à l’hôpital mixte, étaient en état de voyager et qu’il me paraissait tout à fait indiqué de les emmener.
Les renseignements recueillis de toutes parts me permettaient, en effet, d’envisager comme prochaine l’occupation d’Arras par les Allemands et il était d’un grand intérêt de rendre impossible la délivrance de ces prisonniers, dont l’un, lieutenant Ettel comte Schwerin (B) était certainement un prisonnier de marque. La gendarmerie est venue le chercher dans le courant de la nuit. – En s’en allant, le lieutenant a chargé les soldats infirmiers Cordier et Dohin de me remercier des soins qu’il avait reçu pendant son séjour à l’hôpital.
A partir du 27 août, je reste donc seul à Arras avec le médecin auxiliaire Petel, du 33e d’Infanterie, qui avait été mis à ma disposition par Monsieur le Directeur du Service de Santé [page 8] avec le médecin major de 2e classe Carpentier de l’Hôpital auxiliaire n°7 bis et le personnel de l’hôpital temporaire n°4, médecins aide majors Deldalle et Boulogne, pharmacien aide-major Masclet, officier[s] d’administration Caron et Ladent, et les infirmiers des diverses formations au nombre de 80 environ.
Nous sommes isolés du reste du monde ne recevant aucune nouvelle de l’extérieur, aucune assistance, sinon celle des propriétaires d’automobiles de la région qui mettent gracieusement leurs voitures à ma disposition et ont rendu à nos blessés pendant cette période tragique, les plus grands services.
M. l’officier d’administration Caron, gestionnaire de l’hôpital temporaire n°4, m’expose la situation difficile dans laquelle il se trouve, n’ayant encore reçu aucune avance de fonds et ayant été obligé de faire face aux dépenses de sa formation avec ses ressources personnelles et celles des autres officiers.
Je vais trouver M. le Préfet Briens (C), seule autorité restée à Arras, et demande son assistance. M. le Préfet me fait le meilleur accueil et me remet immédiatement une somme de 2000 francs prélevée sur les fonds d’une souscription ouverte pour les victimes de la guerre, que je verse entre les mains de M. l’officier d’administration Caron.
Ma situation devient de plus en plus difficile ; des blessés provenant des combats livrés dans la région Arras-Bapaume me sont amenés d’une façon presque ininterrompue depuis 24 heures dans des charrettes, des chariots, ou des voitures automobiles. En même temps, de nombreux fuyards, trainards et éclopés appartenant pour la plupart à la 82e division territoriale [page 9] viennent à l’hôpital demander un abri et des aliments. Les comités des deux sociétés d’assistance (secours aux blessés et Union des Femmes de France) veulent bien me prêter leur concours et assurer le gîte et la subsistance de ces malheureux.
Mon service technique est très lourd. Je n’ai pour m’assister que M. le médecin auxiliaire Petel dont le zèle et le dévouement ont été au-dessus de tout éloge, Madame Petel et quelques autres jeunes femmes, ainsi que les religieuses de l’hôpital. J’ai passé la nuit du 26 au 27 à l’hôpital auxiliaire n° 101, où M. le médecin auxiliaire Petel ancien interne des hôpitaux de Paris, a pratiqué sur un artilleur du 44e Territorial, une laparotomie pour plaie pénétrante de l’abdomen par balle, opération qui a été suivie de succès.
Le 28 août, en me rendant à l’hôpital à 7 heures du matin, j’observe que la ville semble déserte. A 9 heures passe une troupe assez nombreuse et en désordre, on me dit que c’est une partie de la garnison de Lille, qui aurait été déclarée ville ouverte et évacuée. Dans la matinée, arrivent encore de nombreux trainards et éclopés.
J’obtiens de la municipalité qu’un local sera mis à ma disposition (ancien moulin à huile) pour les recevoir. Leur subsistance sera assurée par la ville et par les sociétés d’assistance.
A 11 heures, le maire de Bapaume (D) me prévient par un mot écrit au crayon qu’un combat se livre dans la région et qu’il [page 10] y a de nombreux blessés à relever et à secourir. J’envoie mon automobiliste le sergent Leroy, du 5e territorial, prévenir tous les propriétaires de voitures automobiles dont j’avais eu soin de prendre les adresses, et de nombreux véhicules, de tous modèles et de toutes formes, se dirigent bientôt sur le champ de bataille distant de 20 à 25 kilomètres. J’adresse au maire de Bapaume tout ce dont je puis disposer en fait d’objet de pansement.
Dès une heure de l’après-midi, les voitures commencent à revenir chargées ; elles s’arrêtent devant la porte de l’hôpital Saint-Jean, où je procède moi-même au triage et à la répartition des blessés. Quelques convalescents armés de bâtons, (à défaut de police) font le service d’ordre et éloignent les curieux.
Je garde les blessés graves à l’hôpital mixte (Saint-Jean) où ils sont immédiatement pansés et opérés par M. le médecin auxiliaire Petel et par mon confrère civil, le docteur Lestoquoy. Les autres blessés sont dirigés sans transbordement sur les hôpitaux auxiliaires et temporaires, où tous les médecins civils et militaires sont à leur poste. Ce défilé continue sans interruption jusqu’à 10 heures du soir ; à ce moment, mort de fatigue, je me fais remplacer et m’étends pour quelques heures sur un lit d’hôpital.
Le nombre des blessés admis dans nos hôpitaux dans cette journée du 28 août, s’élève à 500 environ ; mais aucune comptabilité régulière n’a pu être tenue. Tous ont été pansés [page 11] sur le champ de bataille soit par eux-mêmes ou leurs camarades soit par des médecins de corps de troupe. Pendant la nuit, des paysans amènent encore quelques blessés dans leurs charrettes ; d’autres sont conduits en auto.
Le 29 Août, à 6 heures ½ du matin, j’apprends qu’un état-major de division a cantonné à Arras pendant la nuit. Je cours à la Préfecture où je puis voir le Général Commandant cette division (62e de réserve). Un officier d’état-major me reçoit. Je lui expose que j’ai la charge de 5 à 600 blessés et de 2 à 300 éclopés et que le personnel médical et subalterne à ma disposition est insuffisant. J’ajoute que je voudrais être débarrassé des centaines de fusils apportés par les blessés et qui encombrent les hôpitaux. Cet officier me répond d’une façon évasive et monte à cheval.
A 11 heures cependant, un officier d’administration (M. Lachayville) se présente à moi et m’informe que le Général commandant la 62e Division a prescrit à l’ambulance n°2 de revenir sur ses pas et de s’immobiliser à Arras sous mes ordres. M. Lachayville n’est porteur d’aucun ordre écrit, non plus que le médecin aide-major St-Hilaire, qui arrive vers midi avec tout son personnel et ses fourgons. Je répartis immédiatement les officiers et la troupe dans les divers hôpitaux de la Place :
Hôpital mixte : médecins aide-majors Laborde et Brésard ; Hôpital 101 bis, Aide-major Saint-Hilaire ; Hôpital 7 bis, Médecins aide-majors Laval et Faurie, pharmacien aide-major Bauché ; Hôpital 7ter et dépôt d’éclopés, médecin aide-major [page 12] Philippon ; Surveillance administrative des hôpitaux, officier d’administration Lebreton ; Dépôt d’éclopés, officier d’administration Lahayville.
A 2 heures, le maire de Bapaume me demandant du secours, je lui envoie en auto le médecin auxiliaire Petel, qui part emmenant sa femme comme infirmière et emportant tout ce que je puis lui donner comme objets de pansement, je sais, en effet, par le maire que de nombreux blessés attendant à Bapaume d’être pansés et transportés.
Pendant toute cette journée du 29, les blessés continuent à arriver, transportés sur des charrettes dans des voitures ou des autos. Comme la veille je procède moi-même au triage et à la répartition des blessés ; mais, dès le milieu du jour, nos hôpitaux sont pleins et il nous faut songer à faire de la place pour les nouveaux arrivants. Les compagnies de mines de Lens et de Liévin (E) viennent à mon secours, leurs hôpitaux sont prêts à fonctionner. Je commence donc des évacuations sur ces formations avec l’aide des voitures automobiles qu’elles mettent à ma disposition et en commençant par les blessés les moins gravement atteints. Arrivés la veille, ils ont été pansés, se sont restaurés et ont passé une nuit dans un lit.
La société d’assistance de Douai me fait savoir qu’elle a 600 lits de vacants ; mais comment les utiliser puisque je manque de moyens de transport.
Le lamentable défilé continue toute la journée et une partie de la nuit ; parmi les blessés se trouvent une douzaine d’officiers, dont deux grièvement atteints (l’un est le commandant de Loustal (F) que j’avais connu lieutenant au 2e Zouaves) et deux [page 13] médecins-majors.
Je découvre également dans une charrette au milieu des blessés français, un soldat allemand légèrement atteint à la main. Il importe cependant, en même temps que s’accomplit la besogne médicale, de procéder aux formalités administratives, d’enregistrer les entrées et d’établir les billets d’hôpital d’après les indications du livret individuel ou de la plaque d’identité. Le personnel des hôpitaux auxiliaires est suffisant pour assurer ce service ; à l’hôpital mixte, le plus encombré de tous, il fait totalement défaut ? Je fais donc demander le concours des jeunes femmes employées des postes actuellement sans emploi. Huit d’entre elles, guidées par les Religieuses et l’Econome, se mettent à la besogne et rendent les plus grands services ce jour-là et les jours suivants.
Le 30 août ; journée semblable à la précédente. Les arrivages de blessés continuent, un peu plus espacés que la veille cependant. Par contre, les moyens de transport sont beaucoup plus nombreux : Lens, Liévin, Béthune, Noeux, Lille, Tourcoing m’envoient des autos. J’organise donc des évacuations intensives sur ces différentes villes, qui ne sont pas au pouvoir de l’ennemi d’après les renseignements qui me sont donnés par les chauffeurs. Par contre, Arras est encerclé, les cavaliers allemands ont été vus à la porte de la ville ; ils laissent circuler les voitures de blessés.
Le 30 août ; inhumation de 6 blessés décédés la veille (dont 3 par tétanos). Obsèques solennelles. Le deuil est conduit [page 14] par le préfet, le maire et moi. Discours très bien senti du préfet ; je dis également quelques mots en tant que représentant de l’armée. Les honneurs militaires sont rendus par un détachement d’infirmiers sous le commandement de l’officier d’administration Lebreton.
Bapaume continue à nous envoyer de nombreux blessés ; aussi pour éviter l’encombrement de nos hôpitaux en même temps que pour soustraire le plus grand nombre d’hommes possible à la captivité qui les menace, je presse les évacuations sur Lille, Roubaix, Tourcoing.
Le docteur Petel dont la tache à Bapaume est surhumaine, me fait demander des objets de pansement. Je lui envoie tout ce que je puis me procurer. J’ai fait demander à l’Institut Pasteur de Lille du sérum antitétanique 30 flacons me sont apportés par express. A 4 heures, départ pour Lille d’un fourgon automobile contenant une douzaine d’officiers et de sous-officiers blessés ou malades. J’ai su depuis que cette voiture a été arrêtée plusieurs fois par des patrouilles allemandes, mais a pu néanmoins parvenir à destination.
Il reste encore 500 blessés environ dans les hôpitaux et 150 à 200 éclopés. Tous vont tomber au pouvoir de l’ennemi, s’ils ne sont rapidement enlevés. J’envoie donc un express à Lille porteur d’un mot pour mon collègue, le médecin chef de l’hôpital militaire. Je le prie de m’envoyer tous les moyens de transport automobile qu’il pourra réunir. [page 15] A 5 heures précises, j’étais dans mon cabinet occupé à rédiger un rapport sur les évènements des jours précédents (destiné à être adressé au Directeur du service de santé) lorsque les circonstances me permettraient de le faire. Entre un médecin militaire allemand armé, accompagné de l’adjoint faisant fonction de maire. Derrière lui, un soldat l’arme sous le bras. Je me lève d’un bond. L’officier fait signe au soldat de rester à la porte. Nous nous nommons ; et alors s’engage entre le médecin allemand et moi le dialogue suivant : (Il parle un mauvais français).
Lui – Monsieur, je suis envoyé dans cet hôpital pour chercher nos prisonniers.
Moi – Monsieur, je n’en ai qu’un légèrement blessé.
Lui – Comment ? Un seul ! et que sont devenus les autres ?
Moi – Je n’en ai jamais eu que trois autres, ils ont été amenés par l’autorité française.
Lui – Pourquoi ne sont-ils pas restés ici ?
Moi – Parce que j’ai jugé qu’ils étaient transportables et que le Commandant de cette Place a considéré qu’il y avait intérêt à les emmener.
Lui – N’y avait-il pas un officier parmi eux ?
Moi – Oui, Monsieur.
Ici, un silence…
Le médecin allemand reprend alors sur un ton plus élevé et me déclare que l’armée à laquelle il appartient est très humaine ; mais qu’elle est sans pitié lorsqu’on attente à la vie [page 16] des blessés allemands.
« Monsieur », lui dis-je, « je ne comprends pas ce que vous voulez dire ? »
Et il me raconte que l’armée allemande a été obligée de mettre le feu à la ville de « Luin »(G)… (J’ai su plus tard qu’il s’agissait de Louvain), parce qu’on y avait achevé des blessés.
« Monsieur », repris-je, « je comprends encore moins. Vous savez très bien que les médecins français soignent les blessés comme ceux de leur armée et ne les achèvent pas… »
Il termine en disant « Oui, les Français sont peut-être plus humains ; mais les Belges sont cruels ; aussi nous avons été obligés de brûler « Luin » ».
Ce médecin m’invite ensuite à l’accompagner dans la visite qu’il va faire de l’hôpital. Dans chaque salle, il crie à haute voix : « Y a-t-il ici des Allemands ? ». Dans la grande salle du 2e étage, le prisonnier que je lui avais annoncé se lève ; il lui ordonne de s’habiller et de le suivre.
En descendant, le médecin s’arrête de nouveau à la porte de mon cabinet et me prévient que l’hôpital militaire devra être réservé pour le service de l’armée allemande, qui occupera Arras très prochainement.
(J’ai appris dans la soirée que le médecin dont j’avais eu la visite était entré dans Arras escorté par une petite troupe de 25 à 30 hommes tous étaient montés à bicyclette.)
Après son départ, je reprends ma tache un instant interrompue. [page 17] De nouveaux blessés me sont amenés, d’ailleurs, dans le service, par petits groupes de 2, 3 ou 4, dans des autos dont les chauffeurs ont obtenu des laissez-passer des chefs de postes allemands. A 10 heures, je me jette dans un lit ; ma fatigue est extrême. On me réveille à 11 heures moins le quart pour m’annoncer qu’une trentaine de voitures automobiles sont arrivées de Lille sous la conduite de plusieurs médecins aide-major avec mission de charger et de ramener à Lille tous les blessés. Arrivé dans la cour de l’hôpital je ne trouve ni médecins, ni voitures ; mais je constate les effets d’une panique effroyable. Avant d’attendre mes ordres, on a donné leurs effets aux blessés, on leur a prescrit de s’habiller en toute hâte. Plusieurs sont déjà descendus ; les escaliers sont encombrés ; dans les salles, on crie, on se bouscule, c’est un désordre sans nom. Tous les blessés, même ceux atteints de fractures de cuisses ou autres liaisons graves, veulent être emmenés afin de ne pas tomber entre les mains des Allemands. Spectacle tragique inoubliable…
Enfin, un des médecins aide-majors, le chef du convoi arrive ; il avait pris sur lui de parcourir tous les hôpitaux et d’y jeter l’alarme, comme il avait fait tout d’abord à l’hôpital mixte. Je lui demande ses instructions écrites ; il n’en a pas. Après l’avoir vivement blâmé de la précipitation et de la légèreté avec lesquelles il a agi, je l’emploie à réparer, autant que faire se peut, les effets de la panique avec sa voiture et de rassembler les autres éléments du convoi, qui circulent à l’aventure à la recherche des blessés. Toutes ces voitures devront être réunies, les unes ; à l’hôpital mixte, les autres dans les formations qui leur sont indiquées et où elles sont conduites par les infirmiers et chargées sous la direction des médecins-chefs, des blessés pouvant être transportés assis. Je fais moi-même le triage des blessés à évacuer et fais [page 18] rentrer, malgré leurs lamentations, les blessés intransportables (entre autres un chef de bataillon qui veut s’en aller à tout prix et ne cède qu’à ma promesse de ne pas l’abandonner. Plusieurs voitures sont envoyées au dépôt d’éclopés, il y a tout intérêt, en effet, à se débarrasser des hommes valides qui risquent davantage en tombant au pouvoir de l’ennemi. Les hommes s’entassent en grand nombre dans les voitures.
Aidé de quelques religieuses et de mes infirmiers, je finis par ramener le calme dans mes salles, et à 2 heures du matin, le convoi d’évacuation s’ébranle dans la direction de Lille emmenant 150 à 200 blessés ou éclopés.
Une heure plus tard arrivent encore quatre voitures qui sont chargées comme les précédentes. Cette fois encore tous les blessés veulent s’en aller et je suis obligé d’imposer ma volonté. Le reste de la nuit s’écoule sans nouvel incident, mais la surexcitation de nos malheureux blessés est extrême. Le moindre bruit les effraie ; dès qu’une porte s’ouvre, ils croient voir arriver les Prussiens.
Le 1er septembre, dès 6 heures, je parcours les salles et cherche à achever de réparer le désordre de la nuit. Dans la matinée, trois autos venant de Tourcoing sont mises à ma disposition ; je les dirige sur Bapaume où je sais qu’il existe encore un certain nombre de blessés. Je charge l’un des chauffeurs d’un mot pour le docteur Petel.
La journée se passe à recevoir des blessés par petits groupes et à en évacuer le plus possible dans la direction de Lille [page 19] Roubaix Tourcoing.
Madame Petel, dont l’intrépidité, le courage et le dévouement ne se sont jamais démentis, m’est adressé par son mari qui réclame des objets de pansement. Je lui envoie du coton hydrophile, des paquets de gaze, de la teinture d’iode, de l’eau oxygénée.
Le 2 septembre ; il n’arrive presque plus de blessés. Les Prussiens ne permettent plus qu’on les ramène à Arras et s’emparent des autos. Madame Denise (H), infirmière major des Femmes de France à l’hôpital n°101 et Madame Klotz, infirmière de la même société à l’hôpital de Carvin, essayent de passer, mais rentrent à Arras, sans avoir pu obtenir des Allemands, l’autorisation de ramener des blessés. Le maire de Bapaume m’écrit qu’il reste peu de blessés dans cette ville et qu’il a envoyé le docteur Petel à Sailly-Sallissel où 200 blessés environ manquent de soins. En même temps des conducteurs d’auto me préviennent qu’Applincourt, Barastre, Rocquigny et Combles n’ont plus de blessés. Pendant toute cette journée les Directeurs et ingénieurs des compagnies minières du Pas-de-Calais continuent à m’envoyer leurs voitures automobiles et me mettent ainsi à même de continuer les évacuations de blessés sous la conduite des médecins des mines (docteur Bia, Piette, etc.)
Mais, ma tâche n’est pas limitée à l’assistance des blessés. De nombreux mobilisables chassés par l’invasion, pénètrent dans Arras par groupes de 10, 15 ou 20 sous la conduite du curé ou d’un notable et viennent me demander aide et assistance. Que doivent-ils faire ? Où aller ? J’ai fait explorer la route de Saint-Pol par un de mes nombreux automobilistes [page 20] volontaires, je sais qu’elle est libre ; ce matin encore, du moins on n’y a pas rencontré de patrouilles. C’est donc de ce côté que je dirige tous les hommes valides qui cherchent à rejoindre leurs dépôts. Trente kilomètres par une chaleur accablante ne sont pas pour les effrayer. Arriveront-ils ?
En même temps, des mobilisables atteints de maladies ou d’infirmités et ne pouvant rejoindre, tiennent cependant à être en règle. Je les visite et leur établis des certificats ou même, je prends surmoi de leur délivrer des congés de convalescence. Les circonstances me paraissent amplement légitimer les irrégularités que je commets.
Le 3 septembre ; la ville semble déserte ; les rues sont vides de public qui, les jours précédents, regardaient curieusement le passage des blessés et le défilé des autos. Notre encerclement s’est accentué ; nous ne recevons plus de blessés.
La cour de l’hôpital si encombrée depuis le 28 août, serait presque déserte, si de nombreux mobilisables ne venaient encore à mon cabinet réclamer aide et assistance. Je ne puis que leur conseiller de ne pas rester groupés et d’essayer de gagner isolément Saint-Pol, par la route, qui, hier encore, était libre.
Le 4 septembre Journée calme. Les docteurs Brésard et Laborde qui, assistés des soldats infirmiers (aujourd’hui médecins auxiliaires) Dohin, Cordier, Béague et Doumer, n’ont pas cessé depuis 6 jours d’opérer et de panser les blessés de l’hôpital mixte, peuvent prendre un repos relatif. Quand à moi, je suis à bout de forces.
La situation [page 21] de la Place est la suivante : 290 blessés en traitement ; le plus grand nombre dans les hôpitaux auxiliaires où dans les salles de l’hôpital civil. Le personnel médical de ces établissements est suffisant pour donner aux blessés les soins qu’ils réclament. Aussi, le médecin-chef de l’ambulance n°2, estimant son rôle terminé à Arras est désireux de se rendre utile, me demande-t-il l’autorisation de rejoindre avec sa formation, l’unité à laquelle il appartient. Mais, où est actuellement la 62e division de réserve ? Ne sommes nous pas entourés d’Allemands. Et un groupe aussi important qu’une ambulance divisionnaire, avec ses fourgons et sa troupe, peut-il espérer passer inaperçu et arriver sans encombre à Saint-Pol que les renseignements qui me sont donnés indiquent comme étant en dehors des mouvements de l’armée d’invasion. Je n’ose prendre sur moi une pareille responsabilité ; mais je décide d’envoyer le lendemain deux officiers à Rouen par Saint-Pol, Frévent, Abbeville… dont la mission sera double : 1°) Reconnaître la route. 2°) Prendre les ordres de M. le Directeur du service de santé de la 1ère région, que je suppose à Rouen.
Une patrouille allemande est restée à Arras toute la journée.
Dans la soirée, je reçois un mot du docteur Petel, installé à Sailly-Saillisel et réclamant de grandes quantités d’objets de pansement. Je fais remplir une voiture automobile de tous les objets que je puis me procurer à l’hôpital ou que les sociétés d’assistance veulent bien mettre à ma disposition. Un chauffeur énergique accepte de remplir cette mission qui n’est pas sans [page 22] dangers ; car déjà plusieurs voitures ont été prises par les Allemands.
Mes ressources en pansement étant complètement épuisées, des chauffeurs de bonne volonté s’offrent de chercher à Lille tout ce dont je puis avoir besoin. Je réclame, entre autres choses, du sérum antitétanique. Ils rentrent dans la soirée ayant accompli leur mission.
Le 5 septembre, à 5 heures du matin, départ pour Rouen du médecin aide-major Saint-Hilaire, et de l’officier d’administration Lebreton, porteurs d’un rapport adressé au Directeur du service de santé de la 1ère région. Ils voyagent dans une voiture de grande vitesse, mise gracieusement à ma disposition et rentrent à 7 heures ½ du soir. Les renseignements qu’ils me rapportent sont les suivants : Leur voyage a eu lieu sans incidents, aucune rencontre de patrouilles. La direction du service de santé de la 3e région [à laquelle] ils se sont présentés ; n’a pas cru pouvoir leur donner d’ordres formels, mais leur a remis l’extrait suivant du rapport de la Place du jour même (5 septembre). Tout le personnel et le matériel qui arriveraient à Rouen des 61e et 62e divisions de réserve devront être envoyés à la gare régulatrice, qui les renverra à leur corps d’origine, si possible.
Ne recevant aucun ordre, c’est donc à moi qu’incombe la lourde responsabilité des décisions à prendre. L’intérêt qu’il y a à rendre une ambulance à l’armée est-il compensé par les risques à courir. Problème angoissant ! Je ne puis le résoudre séance tenante ; mais je donne l’ordre au médecin chef et à l’officier d’administration de faire leurs préparatifs en vue d’un départ qui reste subordonné aux circonstances.
Le 6 septembre ; une colonne allemande forte de 1500 à 1800 hommes occupe Arras dans la matinée. Je fais donner l’ordre aux infirmiers et aux conducteurs du train de ne pas se montrer [page 23] et de rester dans les hôpitaux auxquels ils sont affectés. Moi-même je ne quitte pas mon cabinet. A 4 heures, je reçois la visite d’un jeune officier très correct et parlant bien le français. Il s’annonce comme étant l’officier d’ordonnance du général.
Le Général, son Excellence, me dit-il, désire que vous vous présentiez à lui à l’hôtel du Commerce, ce soir, à 7 heures. Je suis exact au rendez-vous et attends vainement pendant une heure. A 8 heures, l’officier d’ordonnance vient m’annoncer que le Général ne peut recevoir « Son excellence » ajoute-t-il, demande que vous accompagniez demain nos médecins qui visiteront les blessés à l’effet de désigner ceux qui sont en état d’être transportés en Allemagne. Je réponds que dans chaque hôpital, un médecin désigné par moi accompagnera les médecins allemands. Pardon, répond le jeune officier, Son Excellence désire que vous-même accompagniez nos médecins. Je suis invité à me trouver à 9 heures à l’Hôtel du Commerce.
Le 7 septembre. Je suis au rendez-vous à l’heure fixée. Deux médecins allemands arrivent après s’être fait un peu attendre. Salut glacial. L’un d’eux parle mal le français. L’autre, pas du tout. Les Allemands me font monter dans leur voiture et nous partons, guidés par mon auto, dont le chauffeur, le sergent Leroy, a reçu mes instructions. Nous nous rendons successivement dans les huit hôpitaux qui renferment une population totale de 800 blessés ; ceux-ci sont présentés parles médecins traitants dont les explications [page 24] ne sont même pas écoutées. Le plus âgé des médecins allemands fait défaire tous les pansements, à l’exception de ceux des amputés, examine les blessures et dicte ses décisions à son second : « Transportable de suite ! Transportable dans 4, 8 ou 12 jours ! Intransportable !... » Quelques-unes de nos infirmières essayent à leur tour de défendre leurs blessés et de protester contre des mesures inhumaines. Elles sont brutalement rappelées à l’ordre. Madame Taillandier, présidente du comité de la société de secours aux blessés et sa fille, Madame Colombel (I), ne doivent pas avoir perdu le souvenir de cette scène affreusement pénible. Quant à moi, je souffre horriblement, mais je me contiens ne voulant pas trahir mon émotion. A 1 heure 45, la visite est terminée, elle a duré 4 heures 45 sans autres interruptions que les voyages en auto d’un hôpital à l’autre. Les Allemands et moi nous saluons militairement et nous quittons.
A 6 heures, le jeune officier d’ordonnance vient me trouver à nouveau et me déclare que conformément à la Convention de Genève, le personnel sanitaire qui n’est plus utilisé pourra obtenir un sauf-conduit. Il me transmet un ordre du général de réunir « la troupe de santé » demain matin à 8 heures boulevard Carnot, et de la présenter au Général qui la passera en revue et lui remettra un sauf-conduit pour rejoindre les lignes françaises.
Je donne mes dernières instructions en vue de ce départ [page 25]
Le 8 septembre, les divers éléments de l’ambulance sont réunis à 7 heures dans la cour de l’hôpital St-Jean. Départ à 7 heures 20 en colonnes de marche, les officiers en tête. Nous remontons la rue St-Auber, regardés avec curiosité par quelques soldats allemands. Arrivés devant l’Hôtel du Commerce occupé par l’état-major ennemi, nous entendons des cris, des hurlements qui n’ont rien d’humain. « Comment ! Une troupe française ! Arrêtez ! Qui commande cette troupe ? ». Je commande « Halte ! ». Nous nous retournons et nous apercevons un officier allemand tête découverte, gesticulant, les yeux hors de l’orbite, l’écume à la bouche… (Cet homme a du boire une partie de la nuit). Je m’avance. Il vocifère de plus belle, donne des ordres en allemand et quelques secondes ne se sont pas écoulées que je suis encadré de deux sentinelles qui montaient la garde à la porte de l’hôtel.
La brute avinée m’interpelle alors sur le même ton que tout à l’heure : « Qu’est-ce que cette troupe ? Que faites-vous ici ? Qui vous a autorisé à circuler dans une ville occupée par l’armée allemande ? ». Très calme et très maître de moi, je réponds : « Votre général m’a fait donner l’ordre hier soir de réunir l’ambulance à 8 heures, boulevard Carnot. J’exécute les ordres reçus ». - « Le général ? » reprend le grossier personnage, « Quel général ? ». - « Votre général, celui qui commande ici » - « Ah ! Nous allons bien voir ; Vous, ne bougez pas » me dit-il et il s’éloigne, en faisant un geste de menace. Puis, revenant sur ses pas. « Comment ! » dit-il, en désignant du doigt l’étui à révolver de l’officier d’administration Lebreton, « Cette troupe est armée ». Je réponds que non, mais en France comme en Allemagne, les médecins sont armés du révolver. Pendant cette scène, quelques uhlans encadrent la petite colonne, éloignant la foule sympathique et émue qui nous entoure. Dix minutes environ s’écoulent et le même officier, couvert cette fois, et dont l’expression est un peu plus calme, revient et me dit sur le même ton grossier que tout à l’heure : « Ce que vous avez dit est exact... Le général va venir ». Celui-ci sort en effet bientôt de l’hôtel, répond mollement à notre salut et s’arrête devant deux infirmiers, porteurs, l’un de la médaille commémorative du Kontur [Tonkin], l’autre de la médaille coloniale avec agrafe « Sahara ». Il soulève les médailles, les examine attentivement et d’un ton interrogateur dit ce seul mot : « Maroc » qu’il prononce avec un fort accent tudesque. « Non », répondent nos infirmières, « Tonkin, Sahara ». Tandis que se déroule cette petite scène, l’officier décidément calmé, se tient à quelques pas derrière son chef. A un moment donné, je l’entends s’écrier « Belle troupe ! ». Je dois dire, en effet, que nos infirmiers ont gardé une attitude très correcte et très digne au cours de la scène odieuse qui vient d’avoir lieu.
Le général rentre à l’hôtel, tandis que l’officier s’approche de moi et me dit : « Monsieur, votre présence n’est plus nécessaire ici et comme votre armée est en déroute et que vous ne pouvez avoir l’espoir de la rejoindre, nous allons vous conduire à Cambrai où il y a de nombreux blessés français sans médecins. Vous allez occuper sur le boulevard Carnot l’emplacement qui vous a été indiqué hier et vous attendrez que l’escorte qui doit vous conduire soit réunie. » Ce langage est tout à fait différent de celui qui avait tenu la veille le [page 27] jeune officier d’ordonnance ; cet officier ne s’est d’ailleurs pas montré.
Nous nous mettons en route pour le boulevard Carnot qui est tout près. Le sous-officier de uhlans qui nous a conduit crie : « Halte ! » et nous attendons pendant quatre longues heures et en plein soleil. A un moment donné, un jeune officier de uhlans vient à moi et me demande si nous n’avons pas caché des armes dans nos fourgons et si nos hommes n’ont pas de révolvers. Je réponds que non. « Vous êtes responsable sur votre tête » ajoute-t-il, et il s’éloigne. A ce moment, un des médecins aide-majors, M. le docteur Brésard, me dit qu’il croit savoir qu’un infirmier à un révolver dans son sac. J’interroge successivement chaque homme ; l’un d’eux, le soldat Simon m’avoue qu’il possède un révolver ; J’exige qu’il me le remette et le confie, en m’assurant que je ne suis pas observé, à un habitant qui est sur le pas de sa porte.
Vers 10 heures ½ ou 11 heures, une section d’infanterie commandée par un lieutenant, vient prendre position à côté de nous ; c’est notre escorte. Peu après arrivent des charrettes sur lesquelles sont entassés nos blessés reconnus transportables la veille. Quelques unes de leurs infirmières (cinq dames de l’Union des Femmes de France) les accompagnent et veulent absolument se joindre à nous, malgré tout ce que je peux dire pour les en détourner. Leur infirmière-major, Madame Denise, joint ses efforts aux miens [page 28] mais sans succès.
A midi seulement, nous nous mettons en route, sans avoir pu manger, par une chaleur torride et nous arrivons à Cambrai à 11 heures du soir, ayant fait 36 kilomètres, partie à pied, partie dans une voiture de blanchisseuse que M. l’officier d’administration Lebreton avait réquisitionné pour remplacer la voiture du personnel perdue aux environs de Beugny. Combien pénible ce voyage qui marquait le début d’une captivité, dont nous ne pouvions cependant soupçonner ni la durée ni les tristesses, confiants que nous étions encore, mes compagnons et moi dans la valeur des conventions internationales
Nota : Les infirmières de l’Union des Femmes de France qui se sont jointes à l’ambulance n°2 sont Mesdames Bidet, Charton, Desfossés, de Rudmika et Schwab.
En résumé, du 29 août au 2 septembre, les formations sanitaires d’Arras ont reçu 1003 blessés dont nous avons réussi à évacuer plus de deux tiers sur les hôpitaux de Lille, Tourcoing, Béthune, Lens, etc. D’autres blessés, plus légèrement atteints, et dont le nombre n’est certes pas inférieur à 150 ou 200, n’ont fait que traverser Arras d’où, après avoir été pansés et réconfortés, ils ont pu être dirigés sur les susdits hôpitaux. Enfin, 250 à 300 éclopés ont été également évacués. Au total, plus de 1200 blessés ou éclopés qui devaient fatalement tomber au pouvoir de l’ennemi, ont été évacués dans des conditions satisfaisantes grâce au concours des sociétés minières du Pas-de-Calais et des propriétaires d’automobiles d’Arras et de ses environs, de Douai, Lille, Roubaix, Tourcoing, etc. »
FIN DU RAPPORT
Notes :
(A) – Henri Emile Famechon (1854-1930), né le 1er février 1854 à Bitche (Moselle). Décédé le 10 mars 1930 à La Flèche (Sarthe). Ancien officier d’active. Médecin principal de 2e classe de la Territoriale. (Arch. Nationale, base Léonore, LH/930/13)
(B) – Axel Karl Ulrich, Graf von Schwerin (1889-1929), lieutenant au régiment de cuirassiers de Seydlitz, prisonnier des Français à la bataille de Courtrai, en Belgique (22 août 1914). Prisonnier de guerre en France (22 août 1914-13 décembre 1917). Interné en Suisse (14 décembre 1917-24 juillet 1918).
(C) – Léon Briens (1859-1918). Préfet du Pas-de-Calais (1911), surnommé le « Héros d’Arras ». Cité à l’ordre de la Nation le 4 décembre 1914 pour sa conduite exemplaire en 1914. Commandeur de la Légion d’Honneur (1916). (Arch. Nationale, base Léonore, LH/364/47)
(D) – Voir les articles des 13 avril, 17 avril et 24 avril 2013 sur Bapaume 1914 et la mission du docteur Petel
(E) – Voir l’article du 21 mars 2013 sur Lens 1914.
(F) - Prosper Etienne de Loustal (1862-1921). Chef de bataillon au 278e régiment d’infanterie. Combat de Beugny (27 août 1914). Blessé le 28 août 1914 au combat de Bapaume (éclat d’obus à la cuisse droite avec nécessité d’amputation de la jambe). Commandeur de la Légion d’Honneur (1919). (Arch. Nationale, base Léonore, LH/1666/54)
(G) - Sac et incendie de Louvain (Belgique), du 26 août au 2 septembre 1914.
(H) – Alice Louise Hyacinthe Denise, née Anty (1874-1948). Née le 12 mars 1874 à Rouen (Seine-Maritime). Décédée le 23 décembre 1948 à Paris (Seine). Infirmière major chef de l’hôpital auxiliaire n°101 à Arras. « Dès le début des hostilités, est partie comme infirmière major à l’hôpital auxiliaire n°101 à Arras dont elle a été la cheville ouvrière et qu’elle a organisée et mis très rapidement en état de fonctionner. A donné le 28 août 1914 des preuves de son dévouement courageux en accomplissant la périlleuse mission d’aller chercher à Bapaume dans les lignes de nombreux blessés français qu’elle a ramené à Arras. Pendant le bombardement de cette ville, a été admirable de dévouement aux blessés qu’elle a contribué à protéger et à ravitailler grâce à son initiative éclairée. S’est ensuite dévouée aux blessés et malades militaires dans les hôpitaux du territoire et des ambulances des armées – à obtenue deux citations. » - Croix de Guerre 1914-1918. Chevalier de la Légion d’honneur (1921). (Arch. Nationale, base Léonore, 19800035/12/1470).
(I) - On lui connaît un ouvrage de souvenirs que je n’ai pu consulter : COLOMBEL née Tailliandier, Emmanuelle. Journal d’une infirmière d’Arras (août-sept-oct. 1914). Paris : Blond et Gay, 1916, 164 p.
Source : Arch. Musée du service de santé des armées, au Val-de-Grâce à Paris, carton n° 636 (Famechon).