DES « CIGALES » AUPRES DES BLESSES (1914-1918)
Madame Anne Simon-Carrère, auteur de « Chanter la Guerre » nous fait l’amitié d’un billet sur la chanson et les Poilus blessés en 1914-1918. L’ouvrage de Madame Simon Carrère a déjà fait l’objet de recensions élogieuses (CRID1418, Clio, etc.) depuis 2014 date de sa sortie en librairie. Elle nous présente en quelques lignes cette thématique de la « chanson de guerre » laissée dans l’ombre qui mérite de rejoindre les « matériaux » indispensables à l’élaboration du dossier pédagogique sur les hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918 dont nous proposons régulièrement des éléments originaux.
(François OLIER)
DES VOIX AU CHAMP D’HONNEUR : « CIGALES » AU FRONT (1914-1918)
Elle fonde ainsi « L’œuvre de la chanson aux blessés » qui reçoit rapidement des subsides du gouvernement. Une petite troupe se forme, qui se déplace d’un hôpital à l’autre. De grands noms de la chanson féminine et de la scène y participent, qui ne craignent pas d’aller chanter jusque dans les formations sanitaires situées pourtant non loin du front, sur les scènes improvisées du théâtre aux armées, dans des conditions d’inconfort extrême, où elles acceptent crânement d’être exposées au danger, comme le fit la grande Sarah Bernhard (1844-1923).
Une artiste lyrique de renom, Nelly Martyl (1884-1953) n’a pas hésité à quitter le confort de sa loge du théâtre de l’Opéra Comique pour s’engager à l’Union des Femmes de France où elle reçoit une formation d’infirmière, avant de rejoindre à Paris l’hôpital 106, d’être envoyée à Bar-le-Duc, puis au nord de Metz et sur le front italien. Elle prodigue ses soins aux blessés et s’avère, aux dires de ses supérieurs, une précieuse collaboratrice, ce qui ne l’empêche pas de faire la tournée des popotes pour redonner du courage aux combattants qui vont monter en ligne, en interprétant vieilles chansons françaises et chansons patriotiques. « Elle a autant de talent que de cran », disait d’elle le général Maud’huy en mai 1919, dans Metz enfin délivrée.
En marge des spectacles, les vedettes les plus connues mirent leur notoriété au service des blessés et des malades : Yvette Guilbert (1865-1944) participa à des ateliers de rééducation de l’audition pour les mutilés du tympan, Mistinguett (1875-1956) offrit son concours gracieusement lors de représentations au bénéfice d’œuvres destinées à aider les blessés et leurs familles.
L’engagement de ces artistes auprès des soldats blessés ou convalescents leur vaudra de nombreuses décorations et de multiples témoignages de reconnaissance
Si les interprètes masculins ont également participé activement à ces actions, c’est aux chanteuses que revient le mérite d’avoir imposé la chanson par leur courage et leur détermination pour verser l’apaisement et l’oubli au cœur des combattants.
Présentation de l’ouvrage par l’éditeur :
« Août 1914, la France entre dans la Première Guerre mondiale. Relayée par le tocsin des cloches qui ne sonneront bientôt plus que des glas, la nouvelle se répand dans les villes et dans les campagnes… En l’espace de quelques jours, des milliers d’hommes dans la force de l’âge sont arrachés à leur foyer, à leur famille, à leur métier, à leurs amours.
Ces événements ont inspiré des milliers de chansons dont l’apport s’avère particulièrement précieux : dans un raccourci saisissant de deux à trois minutes, miroirs fidèles ou photos retouchées de la réalité pour les besoins de la propagande, elles évoquent ce que vécurent, au quotidien, les hommes et les femmes confrontés à la brutalité de la guerre et à ses exigences qui creusent l’écart entre les valeurs masculines et les valeurs féminines. Alors qu’au front les combattants doivent composer avec leur corps meurtris et redoutent l’abandon et l’infidélité, à l’arrière, gardiennes du foyer et de la famille, celles qui les attendent ne restent pas inactives : aux détours des couplets apparaissent la tourneuse d’obus, la mère courage, l’infirmière, la marraine, la chanteuse, qui toutes, impressionnent par leur bravoure et leur détermination. Ces êtres séparés sont aussi des êtres sexués et les chansons, sans pudeurs convenues ni mièvrerie, disent les attentes et les frustrations des couples, tout en relayant les incitations officielles à la maternité. Elles montrent de quelle façon la ségrégation imposée aux hommes et aux femmes a contribué à redéfinir les images traditionnellement admises du masculin et du féminin au sein de la société. Hésitant entre la dérision et la surprise, leurs auteurs se font l’écho de changements qui ont ouvert aux femmes des portes qui ne se refermeront plus. »
ACTUALITE
Le service historique de la défense organise le colloque "La Marseillaise, chant de guerre, chant de liberté", le vendredi 2 décembre 2016 à Paris, Balard.
ATTENTION "chant de liberté" mais accès réglementé, vivre ensemble oblige : Accès sur inscriptions, avant le 16 novembre 2016.
La sortie du tome 5 des Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918 est programmée en NOVEMBRE 2016 aux éditions Ysec de Louviers.