JACQUES VACHE "EN ISOLEMENT" SUR TREBERON (1915)
Jacques Vaché « en isolement » sur l’îlot de Trébéron, en rade de Brest (1915).
Nous retrouvons aujourd’hui Jacques Vaché (1895-1919), « l’évangéliste dada » auquel j’ai déjà consacré deux petits articles sur ce blog (31 décembre 2012 et 1er janvier 2013). Le dépouillement des archives du service historique de la défense, département marine de Brest me permet d’apporter de nouvelles informations inédites sur le séjour de Jack de Nantes à Brest, à partir desquelles, il sera dorénavant possible de dater la correspondance de Vaché écrite de l’îlot de Trébéron où il était hospitalisé.
Le 19 février 1915, Jacques Vaché rejoignait le lazaret de Trébéron situé sur un îlot en rade de Brest. Cette structure sanitaire de 200 lits (1915) relevant du département de la Marine était alors réservée au traitement des militaires atteints de maladies vénériennes et non de convalescents comme il le laisse entendre dans sa correspondance. Population mêlée de marins, de soldats coloniaux et de « Piou-Piou » du 19e régiment d’infanterie de Brest auquel appartenait le soldat de 2e classe Jacques Vaché.
Jacques Vaché est entré le 19 février 1915 à Trébéron en compagnie d’un camarade de 26 ans, du 19e, qui revient du front, Jean Rannou. Ils sont les seuls militaires entrés ce jour-là dans le lazaret, qui accueillit, en février 1915, dix-sept soldats et marins. Une seule ligne sur le registre d’enregistrement de malades conserve la trace du passage de J. Vaché à Trébéron.
Quelques pages plus loin dans une note sur le registre, le médecin traitant précisait, le 21 février, que parmi les entrants, conformément à la réglementation des hôpitaux militaires, « aucun malade n’a exprimé le désir d’un envoi du bulletin de santé militaire à sa famille » [du 15 au 21 février]. Ce bulletin, imprimé sous forme de carte postale, permettait en temps de guerre à l’hospitalisé d’informer sa famille et de la rassurer sur sa situation médico-militaire et son lieu d’hospitalisation… Dans le cas de Vaché, le lieu d’hospitalisation, Brest, était connu de la famille ; toutefois, il paraît naturel qu’il ne se soit pas étendu dans sa correspondance sur les raisons de son quasi isolement à Trébéron - où on le donne comme "convalescent" ou soignant une bronchite ? - qu’il décrit comme « un vieux sanatorium, ancien asile de pestiférés, puis de lépreux, puis de tuberculeux » mais dont il taisait la destination d’accueil des vénériens…
Le lazaret de Trébéron accueillit son dernier hospitalisé militaire le 27 septembre 1915 et ferma officiellement ses portes le 21 octobre 1915.
Voir aussi les pages relayées par la Blogosphère sur Jacques Vaché, les articles des 31 décembre 2012 (Jacques Vaché à Nantes) et 1er janvier 2013 (Jacques Vaché à Brest).
et le site incontournable de Thomas Guillemin sur Jacques Vaché : https://jacquesvaché.fr/
Version du 16 février 2018