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"FEMMES EN GUERRE. DEUX ANGLAISES AU CHEVET DES POILUS"
Un webdocumentaire de Marie Valla, France24
Texte de Marie Valla - « Depuis cent ans, la bravoure des poilus, héros de la Première Guerre mondiale, a été maintes fois louée. Leurs sacrifices et leurs souffrances ont fait l’objet de bien des livres et des films. Mais la guerre a aussi été une affaire de femmes. Pas seulement à l’arrière, où elles s’éreintaient dans les champs et les usines d’armement en priant pour que leurs fils et leurs maris reviennent vivants des combats. Certaines d’entre elles se trouvaient aussi plongées dans la barbarie du front.
Le dévouement et l’abnégation de ces femmes ont longtemps été sous-estimés. Marcia et Juliet Mansel, deux jeunes Anglaises de bonne famille, se sont portées volontaires comme infirmière en France, et n’ont eu de cesse, pendant quatre ans, de soulager et soigner les soldats blessés, prodiguant parfois leurs soins à quelques encablures des premières lignes.
De ces aventurières, reste aujourd’hui une correspondance abondante que France 24 a pu consulter, un témoignage inédit de la guerre au féminin, menée par Marcia et Juliet. »
HOPITAUX TEMPORAIRES DU PAYS DE RETZ (1914-1918)
Paimbœuf : « Les hôpitaux temporaires du Pays de Retz » mis en scène
SORTIE DU WEEK-END
Poursuite de l’exposition « Hôpitaux temporaires du Pays de Retz » à l’invitation de l’association Quai des arts et du patrimoine paimblotin (QAPP), par le collectif Vas-nus pieds superbes…
jusqu’au 3 décembre 2015 au Hangar, quai Sadi Carnot à Paimbœuf (Loire-Atlantique), du mardi au samedi de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h, le dimanche de 14 h à 18 h 30.Fermé le lundi.
Renseignements auprès de l’office de tourisme.
CAHIERS D’ARCHIVES…
"Cahiers d'archives"... Gironde, Bordeaux... Des archives… des histoires.
Madame Monique Lambert, collaboratrice du site, m’a fait découvrir les « Cahiers d’archives », site de l’association éponyme bien connue dans le sud-ouest et bien au-delà…
A mon tour je vous laisse découvrir ces « Cahiers » dont plusieurs études renvoient à des thématiques sanitaires sur la Grande Guerre qui me sont chères :
Le dernier article en date présente « l’hôpital militaire » de Saint-Denis-de-Pile (par Francine Guionie, présidente de l' association "Au Fil du Temps" en collaboration avec Jocelyne Dubreuil.) ; auquel je peux apporter quelques compléments, dont des extraits de l’ouvrage co-écrit avec Jean-Luc Quénech’hdu : Les hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918, chez Ysec, tome III (épuisé), p. 292 et beaucoup d’autres éléments restés inédits que je conservais devers moi par manque de place dans la première édition en cinq volumes (dont quatre sont publiés) et que je partage dorénavant avec les abonnés de mon blog.
Hôpital auxiliaire n° 63, Saint-Denis-de-Pile, relevant de la société de secours aux blessés militaires (SSBM) – Ecole communale de garçons (ancien collège ecclésiastique), puis maison privée, rue Lafayette, au bourg. – 60 lits – Ouvert le 3 septembre 1914 – fermeture (compte-rendu au sous-secrétariat d’Etat) : 23 décembre 1918. 894 hospitalisés - Médecin et administrateur : docteur Louis Rabaine. - Comptable : Eugène Bosc. - Madame Elisa Dufour,infirmière,Présidente du Comité des dames. - Madame Marguerite Rabaine,directrice générale - Madame Louise Peyreblanque, Madame Mathis, Madame Marie-Louise Tilh, Mademoiselle Sarah BRUNET, Infirmières bénévoles. - Mademoiselle Anne-Marie Rabaine,directrice de la Lingerie, Mademoiselle Adrienne Jean,Lingerie.(Services ininterrompus du 3 Septembre 1914 au 4 Décembre 1918). - Bienfaiteurs : Communes, sociétés et personnes qui contribuèrent à la fondation et à l'entretien de l'hôpital. - Les Communes de Saint-Denis-de-Pile, Bonzac, Savignac et de Guitres ont prêté les objets de literie et de lingerie nécessaires au fonctionnement de l'hôpital, - Messieurs Calvé, Delft et cie, huilerie de Laubardemont ont fourni gratuitement et de façon toute spontanée, toute l'huile à manger dont l'hôpital a eu besoin pendant toute sa durée. - L' abbé Monteuil (Société électrique d'Abzac) a donné gratuitement l'électricité pour l'éclairage de l'hôpital durant tout son fonctionnement. - Madame Noélie Pezat, Mademoiselle Boisbelet du village de Gratien, Madame Marie-Louise Brodu se sont occupées de recueillir des oeufs pour les blessés.(Musée du service de santé des armées, carton 192 et bulletin SSBM, n° 16, jan. 1920, p. 47-49).
Pour les recherches sur les archives médico-militaires, collectives et individuelles, se renseigner auprès du service des archives médicales et hospitalières des armées :
A lire, les articles de Madame Monique Lambert dans les « Cahiers » sur les hôpitaux militaires de Gironde :
Je terminerai par ce lien récent sur mon blog (billet du 15 septembre 2015) vers le numéro spécial, n° 188, des Cahiers du Bazadais sur les hôpitaux militaires 1914-1918 (résultat d’une collaboration fructueuse avec Dominique Barraud, un enquêteur hors pair, d’une gentillesse et d’une ténacité à toute épreuve).
A l’instar, des « Cahiers d’Archives », moi aussi j’explore et je partage mes découvertes d’archives avec les abonnés de mon blog… Longue vie aux "Cahiers d’Archives" !
HOPITAUX MILITAIRES AU FORUM DE MAIGNELAY (OISE)
Samedi 14 novembre 2015, à Maignelay (Oise) - « Forum des associations historiques et culturelles du Plateau Picard ».
La société historique de Maignelay-Montigny et l’association « Collectif Mémoires d’ici » vous invitent à participer à la 8e édition du « Forum des associations historiques et culturelles du Plateau Picard ». Cette huitième édition se tiendra à Maignelay (Oise), dans la salle du Marmouset, rue de Saint-Just, le samedi 14 novembre 2015, de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures.
Programme : 10 h00 : Ouverture du Forum au public ; 11 h00 : Inauguration officielle du Forum ; 15 h00 -18 h00 : Interventions et exposés de chacune des sociétés représentées ; 18 h00 : Clôture du Forum.
À l’occasion de ce forum et de son inauguration, sera officiellement présenté le volume 4 de Mémoires d’ici, dans lequel un article à thématique sanitaire sur la Grande Guerre a retenu notre attention : celui de Guy Isambart sur « les hôpitaux militaires de Breteuil-sur-Noye, Breuil-le-Sec, Clermont, Litz et Saint-Just-en-Chaussée pendant la Grande Guerre ». Cet article fera également l’objet d’un exposé par l’auteur et représentera la Société Archéologique et Historique de Clermont (S.A.H.C) .
ENQUETE A L'HA 105 DE GOURIN (MORBIHAN)
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VARIA
Je vous propose aujourd’hui deux documents intéressant l’hôpital auxiliaire n° 105 de Gourin lequel relevait, en 1918, de l’Union des Femmes de France (UFF). Il s’agit ici d’une enquête, parmi des milliers d'autres, confiée par le sous-secrétaire d’Etat au service de santé à la direction régionale du service de santé de la 11e région militaire de Nantes. Cette direction qui supervisait le fonctionnement hospitalier militaire dans les départements de la Loire-Inférieure, du Morbihan, de la Vendée et du Finistère, délégua à Gourin son directeur adjoint, le médecin principal Pailloz. Ce dernier, en charge du contrôle des hôpitaux permanents et temporaires de la 11e région, du contentieux et de la chasse aux blessés dont le traitement pouvait « traîner » dans les formations temporaires isolées. le docteur Pailloz traitait quotidiennement ce type de demande émanant du ministère de la Guerre, ayant pour origine des interventions parlementaires, épiscopales ou des lettres anonymes...
HA 105 – Institution Saint-Yves, Gourin – capacité hospitalière : 90 lits ; 66 lits (mars 1917) ; 50 lits (1918) - Première hospitalisation : 12 septembre 1914 – Dernière hospitalisation : 27 décembre 1918 – 1466 hospitalisés – 12 décès – Décision ministérielle de fermeture n° 36565-1/7 du 21 décembre 1918 et compte-rendu de fermeture du 31 décembre 1918. L’HA 105 disposait aussi d’une annexe, fermée le 1er mars 1916.
Circulaire n° 5579-3/7 du 13 avril 1918 – Objet : au sujet de l’H.A. 105 à Gourin (Morbihan) - Le sous-secrétariat d’Etat du service de santé militaire à Monsieur le directeur du service de santé de la 11e région militaire à Nantes, sous couvert de M. le Général commandant la région. – «Mon attention a été appelée sur l’hôpital auxiliaire n°105 à Gourin (Morbihan), où les « militaires en traitement seraient obligés de faire eux-mêmes leurs pansements. Les malades sauteraient le mur pendant la nuit. Un de ceux-ci serait mort à la suite d’une chute faite dans ces conditions. Le caporal infirmier se livrerait à la boisson. » J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien inviter le directeur adjoint à procéder à une enquête au cours de sa prochaine inspection et à consigner ses observations dans le rapport mensuel ». Signé, Pour le sous-secrétaire d’Etat, le médecin principal de 1ère classe Pouy. (1 page, dact.)
Morlaix, le 15 Mai 1918. - Rapport du médecin-principal de 1ère classe Pailloz, directeur-adjoint du service de santé de la 11e région, au sujet de l’H.A 105 de Gourin. – « Le 13 mai 1918, J’ai procédé à l’H.A. 105 de Gourin (Morbihan) à l’enquête prescrite par la lettre ministérielle n°5579-3/7, en date du 13 avril 1918. Arrivé à l’improviste à Gourin, je me suis d'abord rendu à la Gendarmerie et ai demandé quelques renseignements au chef de la brigade. Ce sous-officier m’a déclaré que depuis plus de huit mois (date de son arrivée à Gourin) il n’avait aucune plainte à formuler contre les malades de l’hôpital et qu’il n’était pas à sa connaissance que ces derniers sautent le mur pendant la nuit. A l’Hôpital, j’ai interrogé le médecin-chef, le personnel infirmier et les malades; ces derniers à part et en dehors de la présence du médecin et des religieuses. Dix malades et blessés restent actuellement en traitement dont deux (intransportables), sont soignés depuis trois mois et plus pour des tuberculoses chirurgicales. Tous sans exception m’ont déclaré que jamais un blessé n'avait été obligé de faire lui-même son pansement. Les pansements sont tous et toujours faits : importants par le médecin lui-même ; insignifiants, par les trois religieuses infirmières. Trois religieuses couchent à l’hôpital, dont les portes sont fermées à la tombée de la nuit et dont les murs sont assez élevés (2m50). Dans les rondes qu’elles font chaque nuit, les religieuses n’ont jamais constaté l’absence d’un malade et elles ne se sont jamais aperçu que les malades ou blessés, sautaient le mur pendant la nuit. Deux décès ont eu lieu depuis novembre 1917: l’un, le 4 novembre 1917 est celui d’un homme atteint de myocardite avec asystolie, entré au cours d’une permission et toujours intransportable. L'autre est celui d’un autre malade, atteint de tuberculose et qui entré le 8 mars 1917 fut toujours intransportable. J’ai souvent vu ces deux hommes au cours de mes inspections. Il n’y a pas eu d’autre décès à l’hôpital de Gourin. Il n’y a pas de caporal infirmier à l’hôpital de Gourin mais un infirmier soldat de 2° classe: Le médecin, les religieuses et les malades n’ont jamais constaté que cet homme s’enivrait. Je conclus donc que les accusations portées au sous-secrétariat d’Etat du service de santé (accusations qui sont énumérées dans la lettre précitée) sont fausses. » (1 feuille, dact., recto-verso)
Source : Collection particulière, correspondance docteur Pailloz.
CONFERENCE : HOPITAUX D’AVALLON 1914-1919
HOPITAUX D’AVALLON 1914-1919
Conférence le 11 novembre 2015 à 16h à la mairie de Quarré-les-Tombes (Yonne), de Madame Nicole Roy-Gillot sur les hôpitaux civils et militaires d’Avallon dans la Grande Guerre.
invitée par l’Association Mémoire Vivante du Canton de Quarré-les-Tombes dans le cadre de son exposition 1914-1918, Madame Roy-Gillot présentera un diaporama illustré de nombreux extraits et agrandissements de photos, cartes postales anciennes sur les hôpitaux permanents et temporaires d’Avallon.
EXPOSITION « LA GUERRE DES GAZ » A VITRY-LE-FRANCOIS
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EXPOSITION « LA GUERRE DES GAZ » A VITRY-LE-FRANCOIS, du 10 octobre au 11 novembre 2015
La mise en oeuvre de cette magnifique exposition, placée sous la houlette de la mairie de Vitry-le-François, réalisée à base de « tableaux vivants » a fait un large appel à de nombreuses expertises sur la Grande Guerre - dont celle de l’association « Autour du conservatoire des produits de santé des armées » de Chanteau dans le Loiret (ACAPSA) dont j'ai présenté les activités dans un précédent billet.
« C’est l’événement du mois : l’exposition de la « Guerre des Gaz » à la salle du Manège de Vitry-le-François fait déjà la une de la presse.
Un spectacle impressionnant de réalisme attend les visiteurs. Vous vous retrouverez ainsi au cœur même de la bataille, dans une tranchée reconstituée, soumis à une attaque (heureusement fictive) de gaz de combat. Un cheval équipé d’un masque à gaz et son cavalier lui aussi en tenue de protection anti-gaz. En tout, 13 scènes différentes vous ramènent juste 100 ans en arrière, pendant la Première Guerre Mondiale, comme si vous y étiez. Une première en France, une exposition placée sous le Haut Patronage du Président de la République. Les « tableaux vivants » proviennent de l’exposition « Liège Expo 14-18 » qui a attiré 500 000 visiteurs à Liège, en Belgique, cet été.
L’entrée est de 1 € pour les enfants, de 3 € pour les adultes, et des visites guidées et commentées par des spécialistes sont également prévues (5 €).
L’exposition est ouverte en semaine de 08h45 à 11h30 (sauf périodes scolaire où cette plage horaire est réservée aux visites des classes) et 13h30-18h30. Samedi, dimanche et jours fériés : 11h-19h du 10 octobre au 11 novembre 2015. »
Source : Ville de Vitry-le-François
AMBULANCE 13 – GUEULE DE GUERRE
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Une suite attendue - Le tome 6 est paru le 30 Septembre 2015 - Scénariste : Patrice Ordas – Dessinateur : Alain Mounier – édition Grand Angle, 2015, 48 p.+ encart illustré 8 p. D’après une histoire de Patrick Cothias et Patrice Ordas.
La saga de Louis Bouteloup se poursuit avec ce tome 6 qui clôture le cycle III… Cet album auquel j’apporte quelques miettes de « conseils avisés » avec d’autres (Xavier Tabbagh et Philippe Lafargue), devrait être – comme ses devanciers – un grand succès de librairie. Ce 6e volume est accompagné d’un encart illustré (n.p.) de dix pages élaboré par l’Association des Amis du service de santé des armées et intitulé : La chaîne d’évacuation des blessés pendant la Grande Guerre. Un autre gage de succès pour cette association dynamique, organisatrice au Val-de-Grâce à Paris les 4 et 5 février 2015 du colloque : "le service de santé aux armées durant la Grande Guerre", dont le Petit Journal en forme d’annales (Panorama médical) est sur le site de l’association. Ici.
Loin des tranchées, un médecin défiguré fait face à un autre visage.
Texte de l’éditeur : « Chirurgien militaire, Louis Bouteloup est désormais entre les mains de ses pairs. Grièvement blessé et défiguré sur le front alsacien, il peut cependant compter sur les talents de sculpteur d’Émilie pour retrouver un visage. Mis hors du cadre de l’armée, Louis est confronté aux peurs de l’arrière, aux monstrueux canons bombardant la capitale. Il découvre aussi le sentiment profond qu’il éprouve pour Émilie. Sera-t-il trop tard pour reconstruire leur vie ? (…)
- Que dites-vous ? Vraiment ? c’est le fils Bouteloup, vous êtes sûre ?
- Messieurs, il apparaît que ce garçon est l’un des nôtres, alors je compte sur vous, n’est-ce pas ?
- Je n’attends pas un miracle mais, au moins, qu’un enfant puisse le regarder sans se mettre à hurler.
- Je sais que vous êtes des novices. Etudiez bien les méthodes de Pont. On l’opère dans deux jours. »
Bonne lecture en compagnie de Louis Bouteloup.
HOPITAUX MILITAIRES DU BAZADAIS PENDANT LA GUERRE 1914-1918
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HOPITAUX MILITAIRES DU BAZADAIS PENDANT LA GUERRE 1914-1918
Le n° 188 des Cahiers du Bazadais publié par les Amis du Bazadais (mars 2015, 88 p.) est sorti récemment. Un petit éclairage sur cette revue bien ancrée dans un large sud-ouest qui vient de nous livrer un numéro thématique superbement illustré sur l’histoire des hôpitaux dans le Bazadais à l’époque contemporaine introduit magistralement par M. Yannick Marec :
Dominique Barraud et François Olier. Les hôpitaux militaires du Bazadais pendant la guerre 1914-1918 (p. 11-54).
Michel Bénézech. L’histoire de l’hôpital de Cadillac et de ses particularités (p. 55-76).
Il est difficile pour moi de ne pas vous dire tout le bien que je pense de ce numéro auquel j’ai activement collaboré sous la férule bienveillante de Dominique Barraud. Notre article placé aux confluences de l’Histoire du conflit mondial et du quotidien du Bazadais devrait servir de modèle à nombre de sociétés savantes de France et de Navarre... en recherche de thématiques pour illustrer le poids d’une conflagration mondiale qui mobilisa jusqu’aux plus petits terroirs de nos antiques provinces.
Commande : Les Amis du Bazadais. Espace Mauvezin, 49-50, place de la Cathédrale. 33430 Bazas – 15 € + 3€ (frais de port).
ACCUEIL EN SUISSE DE MEDECINS FRANÇAIS LIBERES (novembre 1914)
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Témoignage du médecin aide-major de 1ère classe Monteilh, médecin du 3e bataillon du 144e régiment d’infanterie (Bordeaux) sur les conditions de son rapatriement via la Suisse.
J’ai choisi aujourd’hui de vous présenter le long témoignage d’un médecin militaire français libéré du camp d’Erfurt (Thuringe) - fait prisonnier à Corbeny et détenu à Erfurt de septembre à novembre 1914 - qui décrit par le menu son rapatriement et l’accueil mémorable dont il a bénéficié, tant des autorités que des populations helvêtiques. Ce type de témoignage contrariant en 1914 une certaine neutralité affichée reste relativement rare. Les rapports français de rapatriement à travers la Suisse sont assez peu détaillés.
"(…) [Erfurt, 6 novembre 1914] Nous allâmes reprendre notre service au camp, mais à 10 heures on nous fit appeler de nouveau Chez le Général pour nous dire que nous devions "être à midi à la gare". Nous téléphonâmes alors immédiatement à des autos de venir nous prendre et après avoir déjeuné au camp nous partîmes en auto accompagnés d'un sous-officier allemand et passant Rudolf Casern prendre nos bagages nous nous rendons à la gare où on nous fait entrer dans [page 22] un salon particulier et ou un capitaine et un interprète passent soigneusement l'inspection de tous nos bagages. Puis on nous fait monter dans un wagon couloir de 1ère, 2e et 3e Classe où nous trouvons 20 infirmiers et brancardiers de la 16e Section [d’infirmiers militaires] qui rentrent en France avec nous. Nous sommes donc 10 médecins et 20 hommes. Le voyage s'accomplit sans incident. Nous arrivons a Stuttgart vers 20 heures et on nous permet de descendre du train nous et nos hommes pour aller prendre notre repas dans une installation de la Croix-Rouge mais servi par le buffet de la gare et à nos frais.
Puis on nous fait remonter dans notre wagon qui mis sur une voie de garage nous sert d'hôtel et nous y passons la nuit. Le lendemain matin notre wagon est ramené sous le hall de la gare et on nous apporte notre petit déjeuner à nos frais mais on ne nous permet pas de descendre. Enfin nous repartons, en route pour Constance.
Nous arrivons à Constance vers 14 heures et sommes reçus courtoisement par un officier de troupe allemande, un capitaine qui est en congé de convalescence pour une blessure. Il est vraiment fort aimable et nous conduit à la frontière suisse, là nous sommes reçus d'une façon plus qu'aimable. On nous offre des cigarettes et des cigares et surtout des journaux. Un officier de l'armée suisse vient nous prendre et nous accompagne dans un hôtel ou nous commandons un repas pour nous, et Monsieur le médecin major de 1ère classe Rambaud [médecin chef du 144e régiment d’infanterie] offre un repas à tous les hommes, voulant leur dit-il leur offrir le 1er repas pris sur [un] terrain ami.
Nous quittons "Kreutzlingen" à 18 heures pour Saint-Gall. Sur tout le parcours de l'hôtel à la gare ce sont des ovations. A la gare aussi au moment du départ du train des cris de "Vive la France" qui vont au coeur.
Nous arrivons à Saint-Gall vers 20 Heures et là aussi nous sommes reçus par des officiers qui nous traitent en [page 23] camarades. Les soldats nous rendent les honneurs et on nous amène chez le Colonel qui a son bureau dans la gare même et qui nous reçoit d'une façon cordiale, nous demande des détails sur notre séjour, sur la façon dont nous avons été traités, et sur la partie de la campagne à laquelle nous avions assisté avant notre captivité. Nous lui soumettons aussi, les manquements à la convention de Genève que nous croyons avoir été commis à notre égard et surtout le non relâchement de nos infirmiers régimentaires et des étudiants en médecine infirmiers que nous avons dû laisser en Allemagne. De là il nous fait accompagner dans un hôtel superbe près de la gare ou des chambres nous ont été retenues et où un dîner succulent nous est servi à une table couverte de fleurs et attention délicate, sous chacune de nos serviettes nous trouvons un paquet de cigarette française. Après le dîner nous passons à l'Estaminet et là de jeunes suisses viennent se joindre à nous et nous font une réception très touchante. Peu après 2 messieurs anglais et un américain demandent la permission de venir se joindre à nous. Un de ces messieurs anglais ne parlant pas français cause avec moi un moment puis me prie d'accepter un billet de 50 frs pour envoyer en Allemagne aux prisonniers que nous venons de quitter. Puis l'Américain pour nous remercier, ne sachant pas assez bien le français se lève et nous siffle la Marseillaise que tous les assistants écoutent debout tête nue.
Le lendemain matin avant le départ, déjeuner au chocolat ou au café au lait au choix et lorsque nous demandons la note on nous répond que tout a été porté au compte du comité fédéral.
Nouvelle [page 24] ovation lorsque nous quittons l'Hôtel pour la gare quoique ce soit de grand matin. Nous allons à Berne et sur tout le parcours ce sont des ovations des cris de " Vive la France " poussés par des nuées de soldats qui se précipitent sur le quai de la gare lorsqu'ils nous aperçoivent. A Berne nous sommes reçus princièrement dans une salle de la direction d'un grand hôpital transformée en salle à manger ou un dîner succulent nous est servi. Pendant les deux repas que nous y prenons des soldats suisses viennent nous chanter des chants du Pays de leurs voix superbes et d'une méthode impeccable. Pendant toute la journée des gens de la ville viennent nous voir et nous félicitent, nous souhaitant la bienvenue dans leur pays et nous apportant un tas de choses, chocolat, cigares, tabacs, etc.
Nous avions demandé au commandant de dragon qui était chargé de nous accompagner de nous laisser sortir voir la ville. Il nous a répondu qu'il n'osait pas parce que c'était un dimanche et qu'il craignait que les manifestations francophiles dont nous serions l'objet ne soient telles que l'attaché militaire allemand habitant Berne n'en prenne ombrage.
Le soir on nous accompagne à l'Hôtel ou nous sommes très bien installés.
Pendant ce temps nos hommes sont aussi très bien traités, nourris largement et logés dans des salles [à] l'Hôpital ou dans des casernes. Pendant tout le voyage on les comble de tabac, cigares et chocolat, etc.
Le Lundi matin à 6 heures nous quittons Berne et par Neuchâtel nous rentrons en France par Verrière-en-Joux. »
Source : Musée du service de santé des armées au Val-de-Grâce, à Paris, carton n° 638, dossier 24 (Monteilh).