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Hôpitauxmilitairesguerre1418 - Santé Guerre

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LIEGE 1914

15 Août 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia, #Centenaire, #les hopitaux

LIEGE 1914

Un médecin militaire français « prisonnier » témoigne, en septembre 1914, sur son périple belge (Florennes, Tamines, Charleroi, Namur, Liège, Herbesthal, Liège…).

Amis belges, au lendemain des cérémonies commémoratives de Liège 2014 je vous propose le témoignage de sanitaires français qui ont été accueillis en 1914 dans cette belle cité de Belgique.

Dans un rapport sans date conservé au Val-de-Grâce à Paris, le médecin aide-major de 1ère classe Bertrandon, alors médecin-chef du 262e régiment d’infanterie, rédige à l’intention du directeur du service de santé de la 10e région militaire de Rennes, ses souvenirs de captivité comme ancien médecin à l’ambulance n°7 du 10e corps d’armée (amb. n°7/10) de Rennes. J’ai, dans un précédent article, relaté l'organisation et le fonctionnement du service hospitalier français autour de Florennes (Belgique) en août 1914. A cette occasion je n’avais pas utilisé le témoignage du docteur Bertrandon, mais ceux de ses collègues de l’amb. n°6/10, les docteurs Dejust et Oudot. Aujourd’hui je propose la transcription des souvenirs du docteur Bertrandon, illustrés dans une moindre mesure par ceux de deux autres acteurs français de l’épopée liégeoise de 1914, les docteurs Chevallier et Signoret.

Eléments sur le service de santé de la Position Fortifiée de Liège (PFL)

Le service de santé de la Position Fortifiée de Liège (PFL) avait été confié au médecin principal Henrard. Ce dernier disposait pour assurer le service de santé de la place fortifiée, de deux médecins armant chacune des infirmeries des douze forts de protection composant la PFL et d’un hôpital militaire d’active, l’hôpital Saint-Laurent disposant, au 1er août 1914, de 610 lits avec ses annexes sous baraques. L’hôpital militaire Saint-Laurent recevait les blessés évacués des infirmeries des forts. Dès le 4 août 1914, la place de Liège est investie. Le Service de santé évacue par voie ferrée les blessés de Liège : un train sanitaire sur Louvain, deux trains sanitaires sur Bruxelles. Dans la nuit du 5 au 6 août les Allemands tentent un coup de force qui échoue ; toutefois la ville étant sans protection, sa citadelle étant déclassée, les Allemands l’occupent dès le 6 août. Le général Gérard Leman commandant la PFL (32000 hommes) quitte la ville et se réfugie au fort de Loncin (qui explose le 15 août) pour poursuivre la lutte. Du 10 au 16 août 1914 près de 100 000 soldats allemands attaquent systématiquement les 12 forts de Liège qui se rendent les uns après les autres. Le 16 août la reddition du fort de Hollogne marque la prise de Liège.

Dès l’entrée des Allemands et le début du siège des forts (6 août) les blessés affluent à Saint-Laurent, en dépit des évacuations déjà signalées. La création de lazarets et d’annexes tant par les services de l’hôpital militaire que par les services civils ou ceux de la Croix-Rouge belge, dans les écoles, couvents, maisons bourgeoises ne se comptent plus… Les formations hospitalières permanentes ou temporaires développent leurs capacités : hôpitaux militaires de Bavière, des Anglais, de la Maternité, des sourds-muets ; ambulances des Filles de la Croix, des Jésuites, etc. Le plus important de ces hôpitaux « de circonstance » paraît avoir été l’hôpital militaire des Rivageois installé dans l’école normale des Filles (ouvert le 6 août 1914. Fermé le 4 octobre 1914 – 1000 lits, 2003 hospitalisés). Au 16 août, à la reddition du dernier fort, les Allemands reprennent le contrôle du fonctionnement hospitalier qui avait été laissé au docteur Henrard. Cette reprise en main est d’actualité quand nos médecins militaires français arrivent à Liège…

Résumé sur le service de santé de l'armée belge en 1914-1918 (docteur Patrick Loodts)
De Florennes à …

"[V] Le 12 septembre [1914] nous recevons la visite d’un médecin allemand venant de Charleroi, flanqué d’un officier. Ils me dirent qu’ils venaient prendre des mesures pour l’évacuation de tous les blessés qui nous restaient. Ils ajoutaient que les blessés auraient peu à voyager puisqu’ils étaient destinés à se rendre à Charleroi, à 28 kilomètres – que d’ailleurs nous les accompagnerions nous même dans cette ville où nous continuerions à leur donner nos soins.

Nous leur déclarâmes que parmi les blessés qui nous restaient quelques-uns étaient absolument intransportables. Ils firent d’abord des difficultés, disant qu’ils avaient l’ordre de tout évacuer. Cependant sur nos instances et après avoir visité individuellement tous les malades qui nous restaient, ils finirent par consentir à en laisser une quinzaine. Presque tous atteints de fracture compliquée de la cuisse et munis d’une extension continue. Le général de division Boé, dont nous avons déjà au début de ce rapport signalé la présence parmi nos blessés, ne fut pas évacué lui non plus et resta à Florennes.

[V, verso] J’ignore ce que tous ces blessés sont devenus dans la suite. Pour le moment nous nous étions entendus avec un médecin civil de la ville qui se chargeait de leur assurer les soins nécessaires. Le recteur du collège était rendu personnellement responsable par l’autorité allemande des blessés qui restaient dans sa maison après notre départ. La ville n’était plus occupée par aucune troupe.

Le matin du 13 [septembre] nous partîmes donc pour la gare emmenant nos blessés, les uns en voiture, d’autres à pied. Force nous fut de laisser dans la cour de l’hôpital les fourgons qui avaient contenu notre matériel. D’ailleurs il n’en restait plus que trois, les deux autres avaient déjà été emmenés par l’ambulance n°4 [amb. n°4/10] au moment de son départ. Cependant nous pûmes emporter, dans quatre paniers à matériel, le peu qui nous restait d’objets de pansements, des médicaments, les instruments chirurgicaux.

En traversant la ville nous pûmes constater que les dégâts matériels se réduisaient à peu de chose. Quelques maisons éventrées par des obus. Pas mal de portes enfoncées et clôturées par quelques planches (Probablement les maisons qui avaient été trouvées inhabitées lors de l’arrivée allemande). A la gare on nous fit monter tous dans des compartiments de voyageurs de 3e classe et nous partîmes dans la direction de Charleroi. Mais le convoi marchait si lentement que nous mîmes la journée entière pour franchir les 28 kilomètres qui nous séparaient de Charleroi. Plusieurs blessés furent extrêmement fatigués. Quelques-uns eurent même des syncopes. Nous pûmes leur donner les soins nécessaires grâce au matériel que nous avons pu emporter. Nous renouvelâmes quelques pansements qui saignaient (tel le pansement d’un de nos blessés amputé du bras l’avant-veille et que nous n’avions pu obtenir de laisser à Florennes). Aucune boisson ni alimentation ne nous fut donnée au cours de cette journée et nous n’avions pas emporté de provisions à part quelques bidons d’eau, escomptant un voyage d’une heure à deux tout au plus et non d’une journée entière. Aussi cette journée fut-elle pénible à nos blessés. Au cours de ce voyage nous aperçûmes les traces des violents combats qui avaient été livrés. Ce qui me frappa particulièrement ce fut l’aspect de la petite ville de Tamines complètement incendiée et où pas une seule maison n’avait été épargnée. Seuls tous les murs subsistaient. Le feu seul avait fait là son œuvre. Le canon n’y était pour rien.

Aux approches de Charleroi, même spectacle, beaucoup d’usines brûlées, mais pas une désolation aussi complète.

En arrivant en gare de Charleroi, on fit mettre de côté tous nos plus grands blessés, en particulier ceux qui devaient être évacués couchés. Pour nous, nos infirmiers, et nos blessés plus légers (d’ailleurs en nombre assez restreint) on nous fit monter dans un autre train. Ce fut un sous-officier allemand qui nous donna cet ordre, nous ne vîmes aucun médecin ni officier, et nous ne pûmes tirer de lui aucun renseignement complémentaire. Nous eûmes à ce moment l’impression qu’en nous faisant monter dans un train navette pour nous diriger sur une autre gare de la ville ou de la banlieue. Mais bientôt à notre surprise nous reconnûmes le chemin que nous venions de parcourir au cours de la journée, et nous nous demandâmes quelle était notre [V, 1, verso] destination. Ce nouveau convoi marchant beaucoup mieux que celui que nous avions pris au cours de la journée. Nous revoyons Florennes. Un instant nous nous demandons si l’on ne nous y renvoie pas. Mais nous dépassons la ville. A deux heures du matin nous sommes en gare de Namur. L’éclairage est faible. Quelques soldats allemands sont groupés sur un quai. Un sous-officier fait les cent pas devant notre train. Nous descendons et nous tachons de lui demander des explications. Nous lui exposons que nous sommes médecins et que par conséquent nous ne devons pas être retenus prisonniers, que cependant il semble qu’on nous dirige sur l’Allemagne, que ce doit être une erreur. Nous demandons à aller nous expliquer à la Commandantur. II nous répond qu’il va aller demander des instructions. Un moment après il revient et nous dit que l’on ne peut rien faire ici à notre sujet. De nous adresser à Liège à notre passage. Nous arrivons donc un peu plus tard dans cette ville, mais là notre train au lieu de s’arrêter en gare s’arrête beaucoup plus loin dans une voie de garage. Il fait nuit noire ; nous ne voyons personne, nous ne pouvons rien faire. Nous continuons donc notre voyage, et le matin vers 6 heures ½ nous arrivons à la gare frontière d’Herbesthal.

Retour sur Liège...

Là nous apercevons sur le quai un médecin militaire allemand ayant grade de capitaine. Nous allons à lui, il parle assez bien le Français, nous lui expliquons notre situation ; il convient qu’il doit certainement y avoir une erreur et nous fait descendre ainsi que nos infirmiers et nos bagages, mais nos blessés doivent continuer leur route et entrent en Allemagne. Quant à nous nous allons attendre sur place que les ordres qu’il demande par téléphone soient arrivés. A midi rien n’était encore arrivé. [VI] Nous n’avions pris aucun aliment ni aucune boisson depuis plus de 24 heures. Nous fûmes autorisés à nous rendre au buffet de la gare ainsi que nos infirmiers, où, à nos frais bien entendu, nous pûmes nous restaurer à volonté. Nous prîmes notre repas dans une grande salle commune au milieu d’une affluence considérable de soldats allemands qui nous regardaient avec curiosité, mais dont aucun ne se montra hostile et agressif. Dans le courant de l’après-midi nous fûmes même autorisés à séjourner sur le quai de la gare - sauf au moment de l’arrivée des trains – Nous eûmes cependant la douloureuse émotion de voir passer des trains de soldats français prisonniers. Ils paraissaient fatigués et vieux pour la plupart. Nous sûmes qu’ils venaient de Maubeuge et c’est ainsi que nous apprîmes la prise de cette ville. On nous fit d’ailleurs regagner une salle d’attente et on nous pria de ne plus en sortir. Le médecin qui nous avait fait descendre du train le matin, revînt ; il n’avait toujours pas d’ordre pour nous. Nous l’interrogeâmes au sujet des prisonniers que nous avions aperçus. Il nous confirma ce que vous venions d’apprendre et ajouta même qu’ils avaient pris un assez grand nombre de canons, de vieux modèle pour la plupart, quant aux prisonniers faits il ajouta : « Tous vieillards ». Il ne fit aucun autre commentaire et s’abstînt de parler de la situation générale militaire ; nous n’osâmes l’interroger davantage, peut-être par crainte d’apprendre de mauvaises nouvelles, car l’ambiance où nous vivions depuis notre captivité était terriblement déprimante et la confiance la plus ferme devenait vacillante surtout après ce que nous venions de voir et d’entendre.

D’ailleurs un instant plus tard un sous-officier rencontré se chargeait de nous renseigner à sa façon. Il vint à nous et brutalement s’exclama :

- « Messieurs les Français, vous êtes tout à fait ridicules (sic) ; vos troupes sont en pleine déroute, et plusieurs forts de Paris sont pris, la ville entière le sera dans quelques heures ».

Nous haussions les épaules et lui répondîmes que ce n’était certainement pas possible et qu’en tout cas la prise de Paris serait sans importance quand bien même elle serait vraie. Il parut décontenancé et se retira en grommelant en allemand. Cette algarade ne nous persuadait pas mais augmentait malgré nous notre inquiétude. Si nous avions su ce qui se passait à ce moment comme nous l’aurions remis à sa place, mais nous n’apprîmes que 2 jours après la bataille de la Marne.

La nuit arrivait et toujours pas d’ordre. On fit porter de la paille pour nos infirmiers dans la salle d’attente où ils se trouvaient. Ils purent aussi faire venir du buffet de quoi se restaurer. Quant à nous le médecin allemand nous offrit de nous conduire à l’Hôtel où il logeait en ville et où nous pourrions diner et nous coucher. Nous acceptâmes. Nous occupâmes à tous les quatre une chambre unique où nous fîmes monter notre repas du soir, car la salle à manger de l’hôtel que nous avions aperçu en entrant était remplie d’officiers allemands et nous ne désirions pas leur contact.

Le lendemain matin à six heures, les ordres arrivèrent. Nous devons revenir sur nos pas et retourner à Liège. La nouvelle nous fut agréable. Si nous revenons en Belgique après avoir été à la frontière allemande c’était bien, pensions-nous, que l’on n’avait pas l’intention de nous garder prisonniers, et que nous rentrerions en France par une voie ou par une autre mais sans tarder, maintenant que nous n’avions plus de blessés à soigner et que notre présence ne pouvait plus être considérée comme indispensable. Toutefois faute de train disponible nous dûmes attendre à Herbesthal toute la matinée et une partie de l’après-midi. Vers 3 heures nous primes prendre place dans un train qui se dirigeait sur Liège. Des compartiments nous furent réservés ; dans ce train avaient pris place un certain nombre de hussards de la Mort de classes jeunes. Ils étaient conduits par un lieutenant de leur arme qui fit dans notre compartiment une partie du voyage, et reçut les instructions nous concernant. Il parlait Français, engagea la conversation et se montra fort correct. Il nous parla surtout de sa conviction que ce n’était pas l’Allemagne qui avait voulu la guerre. De son espoir de la voir se terminer bientôt. Il nous dit également, que dès la déclaration de guerre beaucoup d’officiers avaient fait à l’Etat un prêt de la totalité de leur fortune (Lui-même avait apporté de la sorte une assez grosse fortune), et ainsi une très grosse somme avait pu être réussie. Il donna même un chiffre approximatif de ce qui avait pu être mis ainsi à la disposition de l’Empire et qui fournirait un appoint notable. Je ne me souviens plus du chiffre indiqué, je sais seulement qu’il me parut énorme.

Nous arrivâmes à Liège dans la soirée, notre train s’arrêta dans une gare assez éloignée, et nous dûmes attendre encore pendant fort longtemps pour savoir ce que l’on voulait faire de nous. Nous attendîmes dans un wagon, où l’on nous fit monter et garder par deux sentinelles en armes. Tout autour de nous dans de multiples voies de garages se trouvaient des trains remplis de troupes qui paraissaient être logées là de façon au moins provisoire. Tout cet ensemble de trains avait l’air d’un véritable camp volant.

Enfin nous reçûmes l’ordre de nous rendre avec nos infirmiers à l’hôpital des Sourds muets [Institut Royal des Sourds Muets, de la rue Monulphe, annexe de l’hôpital militaire Saint-Laurent]. On nous fit monter sans aucune escorte dans un tramway, ainsi que nos bagages et nous fûmes conduits au centre de la ville. Là nous descendîmes sur une grande place près du théâtre, mais dès que la population civile aperçut des pantalons rouges, cela fit une véritable émeute. De toutes parts la foule accourut, on cria Vive la France, on demanda si les Français arrivaient, on nous porta presque en triomphe. C’était, il faut se le rappeler presque au lendemain de la bataille de la Marne, et c’est là que nous en connaissons à notre grande joie l’heureuse nouvelle. Plusieurs personnes nous affirment qu’elles avaient chez elles des blessés français et que les allemands l’ignoraient.

Mais bientôt les choses se gâtèrent, des soldats allemands accourent et repoussent toute la foule à grands coups de crosses ou de plat de sabre. Deux ou trois automobiles chargèrent la foule. Les hommes qui les montaient hurlaient des injures avec l’entrain qu’ils savent y mettre habituellement. Quelques-uns debout sur les marchepieds des voitures distribuaient à droite et à gauche des coups de plat de sabre. Plusieurs personnes roulèrent à terre. C’est de la sorte, précédés d’une de ces voitures automobiles qui faisait place nette dans la rue devant nous que nous nous acheminâmes vers l’hôpital des Sourds Muets dont les portes de refermèrent sur nous.

Nous retrouvâmes dans cet hôpital 6 médecins aide-major français qui avaient été faits prisonniers à Maubeuge (*). Nous les interrogeâmes avidement sur ce qu’ils savaient. Ils étaient tout à fait au courant des évènements de la Marne et nous les confirmèrent. Mais ils ne partagèrent pas notre optimisme au sujet de notre espoir d’une prochaine rentrée en France. Ils savaient cependant que 7 médecins aide-major ayant appartenu à des régiments de tirailleurs algériens et faits prisonniers avaient été autorisés quelques jours avant à rentrer en France en passant par la Hollande où une automobile les avait conduits ; mais depuis les instructions paraissaient avoir changé. Ils nous dirent même un fait que je ne saurais passer sous silence. Comme suite à une demande de renvoi en France qu’ils avaient formulée, deux d’entre eux (autant qu’il m’en souvient) avaient été appelés chez le médecin chef allemand de l’hôpital où nous nous trouvions – Là ils s’étaient rencontrés avec le comte de Reuss (Président je crois de la Croix-Rouge ou d’une section de la Croix-Rouge allemande). [VII] Or ce personnage leur aurait dit en propres termes :

- « Vous demandez à rentrer en France ; vous y faites [] car vous avez beaucoup de blessés, et vous pouvez avoir des [], mais justement pour cette raison nous ne vous renverrons pas. Tous les moyens sont bons pour affaiblir l’ennemi ».

Je n’apprécie pas cette mentalité et cette parole dans la bouche d’un président de la Croix-Rouge !

Nous restâmes 8 jours à l’hôpital des Sourds muets de Liège. Dès le lendemain de notre arrivée nous formulâmes à notre tour par écrit une demande de renvoi en France, motivée sur le texte de la Convention de Genève et de La Haye. Nous n’en eûmes jamais de nouvelle. Nous adressâmes même un double de cette demande au Consul des Etats-Unis à Liège, je ne sais si elle parvînt à son adresse.

Un médecin aide major et un médecin auxiliaire arrivèrent 2 jours après. Ils venaient de Namur où ils avaient été laissés avec un bataillon du 143e (si je me souviens bien) [en fait il s’agit du 148e RI] en soutien des troupes belges. Ils formulèrent à leur tour une demande de rentrée en France comme nous l’avions fait deux jours avant.

Dans l’hôpital où nous nous trouvions étaient soignés de nombreux blessés belges. Beaucoup étaient des survivants de l’explosion du fort de Loncin [survenue le 15 août 1914], parmi eux le commandant de ce fort et plusieurs autres officiers belges, aucun blessé français (**). De nombreux médecins militaires belges se chargeaient des soins à donner à ces blessés (***) – Ils étaient autorisés à sortir en ville en tenue civile – Cette autorisation ne nous était pas accordée et nous ne pouvions sortir de l’hôpital. A part cela, nous étions convenablement traités, et nourris, (D’ailleurs par les soins de l’administration civile de l’hôpital dont le directeur se montra toujours fort obligeant) – nous avons extrêmement peu de rapports avec les allemands – Plusieurs bâtiments de l’hôpital étaient cependant consacrés à des blessés ou malades allemands, mais nous n’en approchions pas.

Départ pour la captivité...

Le 18 (ou le 19) septembre le médecin chef allemand nous fit appeler et nous demanda si nous étions disposés à partir volontairement donner nos soins dans des camps de prisonniers français et à signer une déclaration dans ce sens. Nous ne crûmes pas devoir accepter, (au moins d’être volontaires pour cela) nous lui déclarâmes que nous pensions être plus utiles en rentrant en France, conformément à la Convention de Genève, puisque nous n’avions plus à soigner les blessés pour lesquels on nous avait laissés et que nous maintenions notre demande de rentrer en France le plutôt possible. Il parut contrarié et nous dit de réfléchir.

Deux jours après nous recevons tous l’ordre ferme d’aller au camp d’Ohrdruf, près d’Erfurt, en Saxe-Gotha. Le médecin chef en nous transmettant l’ordre déclara que nous avions de la chance, que ce camp était très bien installé, que le pays était très joli, pays de sports d’hiver ; que d’ailleurs nous y rendrions beaucoup de services aux nôtres car il y avait de nombreux prisonniers blessés ou malades, et qu’enfin nous serions bien traités, bien nourris, et même bien payés (comme les médecins allemands). Tableau enchanteur, mais qui ne nous enchanta que médiocrement. Mais je dois reconnaître que celui-là au moins se donnait la peine de dorer les barreaux de la cage.

En attendant toutes ces splendeurs on nous convoqua quelques heures plus tard pour nous payer (disait-on) la solde correspondante de notre grade depuis le jour de notre captivité – mais un instant après on déclara qu’on nous paierait plus tard quand nous serions arrivés à Ohrdruf et on nous renvoya faire nos préparatifs de départ.

Celui-ci eut lieu le soir même. On nous fit traverser la ville en automobile (pour éviter probablement les mêmes incidents qu’à notre arrivée) – Notre convoi était important car en outre des douze médecins français que nous étions maintenant (*), des douze infirmiers que nous avions amenés avec nous de Florennes – on envoyait 25 ou 30 médecins militaires belges à destination d’un camp de prisonniers du côté de Munster (***).

A la gare on nous embarqua dans des compartiments de 1ère et 2e classe (…) ».

Notes :

(*) Essai d’identification des 12 médecins militaires français « prisonniers » des Allemands à Liège et envoyés en Allemagne : 10 septembre 1914 - Arrivée à Namur de 8 médecins capturés à Maubeuge, dont quatre vont à Liège (Médecin aide-major de 1ère classe Chevallier, du 2e Régiment d’infanterie territoriale (RIT) ; médecin auxiliaire Trampont, du 2e RIT ; médecin auxiliaire Roy du 85e RIT ; médecin auxiliaire Baroux du 5e RIT). Quatre médecins restent à Namur : Bontemps, Bouffiez, Cavro, Signoret. - 11 septembre 1914 - Arrivée à Liège, en provenance de Namur de deux des médecins de Maubeuge qui y étaient restés le 10 septembre : médecin auxiliaire Cavro (dit, de Lille) du 2e RIT ; médecin aide-major de 1ère classe Signoret du 85e RIT. - 15 septembre 1914 – Arrivée à Liège de quatre médecins militaires français capturés à Florennes : médecins aides-majors Dejust et Oudot, de l’amb. n°6/10 ; Bertrandon et Guinet de l’amb. n°7/10. - 18 septembre 1914 – Arrivée à Liège, en provenance de Namur du médecin aide-major de 1ère classe Sevaux et du médecin auxiliaire Petit, du 2e bataillon du 45e régiment d’infanterie (II/45).

(**) Mélis donne 4 500 hospitalisés à Liège, y compris les blessés allemands, anglais et français (mention par ailleurs du nombre de 70 militaires français hospitalisés).

(***) Signoret a compté 30 médecins et Mélis donne : 31 médecins belges envoyés en Allemagne ; 13 médecins maintenus à Liège dont le médecin principal Henrard (envoyé en Allemagne du 12 octobre 1914 au 17 janvier 1915) et les autres personnels sanitaires sont renvoyés chez eux, dont encore une dizaine de médecins belges.

Sources :

Musée du service de santé des armées au Val-de-Grâce, à Paris, carton n°633, dos. 46 (Bertrandon) ; carton n° 634, dos. 55 (Chevallier) ; carton n° 640, dos. 47 (Signoret).

Mélis L. Contribution à l’Histoire du Service de santé de l’armée [belge] au cours de la guerre 1914-1918. Bruxelles, 1932, 546 p.

En marge de l’article sur Liège 1914 et en souvenir des victimes belges des atrocités allemandes, pour marquer cette année 2014 de commémorations attrape-tout et efface-tout !... je vous propose un lien vers la très complète monographie de Simon Alexandre sur Tamines : « Mémoire d’une cité martyre : le massacre de Tamines du 22 août 1914 », proposée en PDF par l’auteur ; et la courte vidéo de la RTBF sur le Massacre de Tamines par les Allemands.

Reportage de la RTBF : Tamines, 22 août 1914.

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Colloque "Entrer en guerre dans l'Oise en 1914"

14 Août 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia, #Centenaire

Colloque "Entrer en guerre dans l'Oise en 1914"

Colloque "Entrer en guerre dans l'Oise en 1914"

Centenaire 14-18, 14-18, l‘Oise se souvient , ONAC, Ville de Senlis, APHG, CANOPE et un collectif de sociétés historiques de l’Oise : Compiègne (2), Noyon, Senlis, Chantilly (centre culturel), Crépy-en-Valois, Clermont (SAHC) se sont associés pour organiser à Senlis un colloque sur le thème :

« Entrer en guerre dans l’Oise en 1914 »

les 26 et 27 septembre 2014, à la salle de l’obélisque de Senlis de 9 h 30 à 16 h.

Entrée libre.

Parmi les thématiques sanitaires :

Les hôpitaux militaires à Clermont-de-l'Oise, par Guy Isambart et Les Scottish women of Royaumont, par Marie-France Weiner, etc.

On se réfèrera à l'actualité de la société archéologique et historique de Clermont (SAHC) pour accéder aux articles bien documentés de Guy Isambart sur les hôpitaux temporaires de l'Oise en 1914-1918.

A CONSULTER sur "Compiègne 1914", une "ville hôpital"

Programme du Colloque "Entrer en guerre dans l'Oise, 1914".

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TROYES VILLE-HOPITAL 1914-1918

9 Août 2014 , Rédigé par François OLIER - remerciements à Francis Tailleur Publié dans #varia, #Centenaire

TROYES VILLE-HOPITAL 1914-1918

« TROYES VILLE-HOPITAL » 1914-1918

Vous trouverez ci-dessous le lien vers un dossier remarquable mis en ligne par la municipalité de Troyes, très engagée sur le front de la Commémoration du Centenaire de la Grande Guerre, intitulé : « Présentation historique et catalogue évènementiel des commémorations du Centenaire 14/18 »

L’on y trouvera beaucoup d’éléments concernant les thématiques sanitaires, en particulier :

p. 8, 9 et 10 un fort paragraphe sur "Troyes - ville hôpital" (avec des reproductions de cartes postales), in La Guerre de 1914-1918, par Emmanuel Saint-Mars.

p. 47, l’annonce de « Troyes – ville hôpital » au travers de la bande dessinée bien connue des passionnés de 14-18, « L’Ambulance 13 » de Cothias-Ordas et Mounier, laquelle abordera : « les soins aux blessés, le rôle des infirmières, etc. »

p. 55, l’impressionnant programme, sur trois ans…, des conférences-débats des membres de la société académique de l’Aube, dont plusieurs sont à thématiques « sanitaires » :

- les souvenirs d’une infirmière en chef à l’hôpital auxiliaire n°201 ;

- l’organisation sanitaire de Troyes et son agglomération ;

- l’action de la Croix-Rouge de l’Aube pendant la Grande Guerre et son organisation, etc.

Et je termine par la magnifique photo de groupe (p. 83) des personnels infirmiers de la 23e section d’infirmiers militaires, datée de septembre 1914 (infirmerie de gare de Troyes).

L’infirmerie de gare de Troyes a été mise en œuvre par le comité troyen de la Société de secours aux blessés militaires (SSBM) de la 20e région militaire, avec celles de Nogent-sur-Seine et Brienne-le-Château.

Amis troyens vous avez devant vous de belles années de commémorations ! Bravo M. Baroin ! Bravo M. le Maire !

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MOBILISATION 1914-1918, C'EST PARTI POUR QUATRE ANS !

2 Août 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia

MOBILISATION 1914-1918, C'EST PARTI POUR QUATRE ANS !

Bonjour

Et oui, c'est parti... pour quatre ans !

Un souvenir ému pour ceux qui ne goûteront pas ces années de Centenaire de la Guerre de 1914-1918, attendues depuis des décennies...

In memoriam :

A Jacques Verdeau, Jean Peigné, Yves Robert, Yves Bourges, Yves Vilain... et tous les autres cartophiles et marcophiles qui m'avaient ouvert leurs collections, dès 1978. Merci.

Pour tous les autres, les "dinosaures" des clubs et des bureaux, les sempiternels fossoyeurs d'associations, les collectionneurs, les compulsifs, les passionnés, les opportunistes de tous bords..., en deux mots : les survivants.

A tous, Bon Centenaire !
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Exposition 14-18 - "Poussières de guerre" en Limousin (août 2014)

28 Juillet 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia, #Centenaire

Exposition 14-18 - "Poussières de guerre" en Limousin (août 2014)

Dès le 2 août 2014 !

Le Pays Monts et Barrages et la Première Guerre mondiale

Texte des organisateurs :

L'exposition itinérante du Pays d'art et d'histoire présente Monts et Barrages pendant la guerre de 14-18, la manière dont le conflit a été vécu par ses habitants, au front comme à l’arrière, son impact sur ce territoire rural et les traces mémorielles qu'il en reste aujourd'hui. Le tout illustré par les témoignages et documents collectés auprès des familles du territoire.

Du 2 au 16 août 2014 - du mardi au samedi de I4h à I8h - Mairie d’Eymoutiers - Salle d'exposition (niveau 4)

Du 19 au 31 août 2014 – du mardi au samedi de I4h à I8h et le dimanche 31 août de 14h à 18h – à Saint-Léonard-de-Noblat, rue Salengro, salle des conférences

Toutes les animations du Pays d’art et d’histoire réalisées dans le cadre du Centenaire 14-18 sont gratuites !

Ces deux villes du Limousin possédaient de grands hôpitaux militaires : à Eymoutiers, l'hôpital complémentaire (HC) n°31 et l'hôpital bénévole (HB) n°26bis ; et à Saint-Léonard-de-Noblat, les HC 35 et HB 119bis... Pour en savoir plus sur les 1950 hôpitaux militaires et annexes du Sud-Ouest : Olier et Quénec'hdu. Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918, Louviers : éditions Ysec, tome 3, 2011, 334 pages.

Calendrier et dates des visites guidées (p. 3)

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MATHURIN MEHEUT AU FRONT, 1914-1918

27 Juillet 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia, #Bretagne 1914-1918

MATHURIN MEHEUT AU FRONT, 1914-1918

Exposition, du 1er avril au 31 décembre 2014, au Musée Mathurin Méheut de Lamballe (Côtes-d’Armor)

Le musée Mathurin Méheut de Lamballe nous présente en 2014 une exposition labellisée « centenaire 14-18 » sur l’œuvre de Mathurin Méheut (1882-1958) durant la Grande Guerre. Toujours en recherche de thématiques « sanitaires », j’ai été irrésistiblement attiré par l’affiche de présentation de l’exposition représentant deux magnifiques brancardiers. Qu’à cela ne tienne, direction Lamballe.

L’exposition est installée dans les locaux de la belle « maison du bourreau » de la place du Martray (Musée Méheut) ; elle tient en deux salles à l’étage et présente « au coude à coude alignement » une fraction de la remarquable collection de dessins de Mathurin Méheut aux armées. Ces documents s’admirent eux-aussi « au coude à coude » tant le succès est présent… Malheureusement elle a subi un tri « sélectif » - pour en avoir admiré de riches éléments à Brest (1988), à Coëtquidan (1995), etc. - en raison probable de l’exiguïté des locaux et de prêts circonstanciels liés au Centenaire. Le discours scientifique de l’exposition qui met l’accent sur l’illustration de la dimension historique – exemple : Clémenceau au front - reste cependant parfaitement « audible ».

En tout état de cause, en matière de « sanitaire » il y a peu à glaner – pour un « furieux » comme moi, cela s’entend - : une estampe rehaussée de gouache, quelques « crayonnages » tout au plus représentant de nombreux blessés dont des prisonniers de guerre allemands. En dépit de leur sempiternelle présentation « étriquée » l’œuvre de Mathurin Méheut rayonne et ses gouaches colorées parviennent à illuminer l’horreur de la guerre et à dominer cette tristesse qui nous étreint à la vue de tant de destructions. Ce regard décalé ne peut qu’impressionner le visiteur, d’autant qu’il émane d’un véritable artiste combattant. A ses premières armes dans la « Grande Boucherie » et avant un « embusquage institutionnalisé » – comme tant d’autres artistes connus -, Mathurin Méheut (1882-1958) était un chef de section, cité, au 136e régiment d’infanterie de Saint-Lô.

Exposition à voir absolument et à méditer sans modération…

Mon coup de cœur… prévisible. : Mathurin Méheut. Brancardiers de [à] la Croix-Rouge, 1916 [sic]. Estampe rehaussée de gouache sur papier – 21,8x16,5 – Coll. Musée Mathurin Méheut de Lamballe, 1983.1.A.15.

Cette petite estampe - sujet de l'affiche de l'exposition - est accompagnée d’une photographie de l’hôpital d’évacuation (HoE) de Mont-Frenet sur laquelle l’on peut distinguer des véhicules d’une section sanitaire automobile russe (cf. Olier et Quénec’hdu. Hôpitaux militaires…, t. III, Louviers : Ysec, 2011, p. 45-47, sur les sections sanitaires automobiles, dont les russes).

Texte de présentation du commissaire de l’exposition : « Méheut est au Japon lorsque la Mobilisation est décrétée le 1er août 1914. Dans l’enfer des tranchées, il nous livre un témoignage sur la Grande Guerre grâce à ses nombreux croquis qui relatent la vie quotidienne mais aussi la dure réalité du conflit. Au-delà de l’intérêt artistique des dessins de guerre de l’artiste, cette exposition souhaite mettre l’accent sur leur dimension historique en les illustrant de documents d’archives, de petit matériel, de photographies et de films, empruntés au Musée de la Grande Guerre de Meaux et à l’Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense ».

Orientation bibliographique : L’incontournable : Jude (E. et P.). Mathurin Méheut 1914-1918. Des ennemis si proches. Rennes : Ouest-France, 2001-2014, 144 p. – que l’on peut encore se procurer (juillet 2014) à l’efficace Office du Tourisme de Lamballe.

Pour en savoir plus sur les hôpitaux militaires de Lamballe, des Côtes-du-Nord, de Bretagne, du Nord-Ouest en 1914-1918 : Olier et Quénec’hdu. Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918, tome 1, Nord-ouest, Louviers : Ysec, 2008, 302 p.

Lamballe (notice complétée) : Hôpital complémentaire n°71, installé à Lamballe dans les locaux de l’hôpital civil Villedeneu, rue du Jeu-de-Paume, avec deux annexes. L’ensemble comprend 130 lits. L’HC 71 est ouvert le 9 septembre 1914. Il est immatriculé sous le n°71 le 15 novembre 1914. Il ferme comme formation hospitalière militaire le 10 janvier 1919. A la fermeture, les malades et blessés militaires continueront, comme Avant-guerre, d’être accueillis dans les infrastructures redevenues civiles. Les personnels de l’HC n°71 : les docteurs Ageorges, Badin, Baque, Chesnais. Le service chirurgical est assuré par les docteurs Ageorges et Denisty ; ce dernier est un médecin bénévole belge originaire de Bruxelles. Les pharmaciens sont MM. Simon et Daniel. Le gestionnaire bénévole est M. Joseph Collet.

Mise à jour : 1er juillet 2015
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Le Service de santé au combat de Lagarde (11 août 1914)…

21 Juillet 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia

Le Service de santé au combat de Lagarde (11 août 1914)…

Le Service de santé au combat de Lagarde (11 août 1914)… un nouveau témoignage inédit…

A la veille du centenaire du combat de Lagarde (10-11 août 1914), je vous propose un nouveau témoignage inédit sur cette courte offensive française qui se transforma en véritable désastre (près de 2000 tués, blessés et disparus – dont 500 tués). Il n’est pas dans mon intention de retracer dans le détail cette malheureuse opération dans laquelle furent engagés deux bataillons d’infanterie (2/40e RI et 3/58e RI) et un groupe d’artillerie (1/19e RAC). Vous trouverez dans les sources « in fine » matière à réflexions sur cet engagement traité plus particulièrement par l’historien lorrain Jacques Didier (Lagarde, Ysec, 2006).

« Le 10 août 1914, la 2e division de cavalerie française monte une opération surprise pour s’emparer du village de Lagarde, en Moselle annexée, avec deux bataillons de la 59e brigade. L’action est menée rapidement et sans opposition adverse. Mais le lendemain, les Allemands contre-attaquent. L’artillerie prépare le terrain efficacement en neutralisant les pièces françaises, qui sont finalement enlevées par une audacieuse charge d’uhlans. L’infanterie attaque ensuite le village, où les défenseurs français, isolés, sans espoir de renforts, succombent les uns après les autres. L’armée allemande, dès les premières journées de la guerre, fait ainsi une démonstration éclatante de sa puissance et de son efficacité (J. Didier) ».

Notre témoin, le docteur Louis-Frédéric-Etienne Lambert, de Lyon (1881- ?) est déjà connu au travers du témoignage qu’en a donné le docteur Fouquier dans un autre article du blog (4 septembre 2013).

Le docteur Lambert fut apparemment - avec le docteur Paul Escalier (cf. annexe) - le dernier survivant des médecins des deux bataillons engagés à Lagarde ; il nous a laissé trois rapports adressés à des destinataires et à des dates différentes qui traitent des vicissitudes du service de santé à Lagarde.

I - Compte-rendu du médecin auxiliaire [Louis] Lambert, en date du 20 novembre 1914, adressé au médecin-chef du 58e régiment d’infanterie sur les combats de Lagarde.

[page 12] Lyon le 20 novembre 1914 - Monsieur le Major,

A mon retour d'Allemagne j’ai pensé que peut-être vous seriez désireux d'être instruit de ce qui est advenu du personnel du Service de santé du 3e bataillon engagé dans l'affaire de Lagarde. Et comme probablement je suis le seul survivant, je prends la liberté au milieu de vos occupations, de vous envoyer la relation de nos misères.

Au début de l’action nous avions installé notre poste de secours à 5-600 mètres de la ligne de feu un peu en arrière des fourgons de munitions dans un repli de terrain qui nous paraissait un abri suffisant ; nous étions en rase campagne, le bruit ayant circulé que l'ennemi devait bombarder le village.

Déjà quelques blessés arrivaient, les paniers étaient ouverts et nous commencions notre travail lorsque subitement des obus tombèrent autour de nous, presqu'au même moment une grêle de balles venant de notre droite crépitait autour de la voiture et fauchait instantanément presque tout le monde, Doudet [Fernand Daudet] tombait des premiers le pied traversé, bref en quelques minutes il ne restait plus qu'un infirmier et moi, je place Doudet [Fernand Daudet] et quelques blessés à l'abri autant que faire se pouvait dans le petit fossé qui bordait la route. L'idée de gagner le village s'offrit tout de suite à moi mais une mitraille épaisse passait par là comme le montraient les pertes du poste médical du 40ème qui se trouvait un peu en avant de nous. Je pensais donc à me retirer plus en arrière pensant revenir prendre mes blessés, la voiture me précédait sous une grêle de balles et nous fîmes [page 13] ainsi une centaine de mètres, et en m'attardant à tirer un blessé dans le fossé, j'ai été atteint par l’éclatement d'un obus. De petits éclats et une balle pénétrèrent, la balle entraînant un bouton de culotte me brisa le bassin [à] trois centimètres de l'articulation sacro-iliaque, traverse l'abdomen par un trajet oblique et vint s'arrêter contre la peau au niveau de l'ombilic donnant lieu quelques jours après à un phlegmon de la paroi. Dès Iors je suis resté couché par terre sous le feu de mitrailleuses, ignorant ce qu'est devenu la voiture et l'infirmier qui l'accompagnait. Bref, Mauchant [Joseph Beauchamp], l'aide-major disparu dès le début et tout le personnel blessé ou mort, tel est le bilan de la journée.

Pour ma part, après avoir essuyé un ou deux coups de feu, j'ai été ramassé et obligé de marcher, pour comble de malheur, j'ai rencontré un détachement du 138ème allemand qui s'est jeté sur moi, m'a arraché mon équipement, mes vêtements, ma chemise, mes cheveux, m'a couvert de crachats. En dernière analyse, après avoir été menacé d'être fusillé, parce que je refusais de marcher, j'ai été envoyé d'une bourrade sur le tas de fumier qui se trouve au croisement des deux routes. J'ai enfin été recueilli par la Croix-Rouge allemande qui m'a fort bien traité à tous égards.

Les 14 et 15 [août], tout seul des 731 blessés français évacués à Dieuze, J’ai été laissé isolé et n'ai eu de soins que grâce à la charité de quelques jeunes filles du pays et à l'intervention d’un médecin civil, le docteur Husson qui me fit transporter à l'hôpital civil. Les 19 et 20 [août] je suis redevenu Français, mais des phénomènes péritonéaux encore intenses ont fait que malgré mes supplications je n'ai pas été évacué et que j’ai eu la douleur de voir repartir les nôtres....sans moi. [page 14] Je n'aurais plus rien à vous dire de cette lamentable odyssée si je n'avais été, dans les premiers jours de septembre, victime de la dénonciation d'un officier qui prétendait que je lui avais déclaré et que d'ailleurs il m'avait vu tirer sur les allemands. En prévention de Conseil de guerre, j'ai été interrogé par un juge militaire puis le silence s'est fait sur cette affaire et j’ai été finalement expédié par la Suisse à Lyon où je suis en congé de convalescence de trois mois attendant avec impatience le moment de repartir.

J'ai pensé, Monsieur le Major, que ce petit aperçu des faits et gestes allemands pourrait vous être utile, cela me permettait, d'autre part, de vous assurer à nouveau combien j'ai été touché de la bienveillance avec laquelle vous m'avez témoigné votre Intérêt pendant le trop court délai où je suis resté sous vos ordres.

Signé : Lambert. Docteur Lambert, ancien interne des Hôpitaux de Lyon. 6 quai de la Bibliothèque, Lyon.

N.B. Pendant mon séjour en Allemagne, je n'ai eu aucun détail sur les militaires du 58e et je sais depuis mon retour que l'on est toujours sans nouvelles de Doudet [Daudet].

II – Rapport du médecin aide-major Lambert, en date du 25 mai 1915, sur le service de santé du 3e bataillon du 58e de ligne, au combat de Lagarde.

[page 9] A Lyon le 25 mai 1915 - Médecin aide-major Lambert (réserve). Né le 14 novembre 1881. Interne de Lyon. Aide d'anatomie - Aide-major de 1915.

J’ai l’honneur de vous rendre compte des faits survenus au cours de ma courte campagne de 1914 et pendant sept semaines de captivité. Le poste de secours, du 3e bataillon du 58e de ligne, auquel j'étais affecté fut engagé à Lagarde le 11 août et fut bientôt pris sous le feu de l'ennemi. En quelques Instants il ne resta plus que le conducteur de la voiture médicale, un infirmier et moi. Mes deux confrères le docteur Beauchamp d'Orange et Daudet interne des hôpitaux de Paris disparu depuis avaient été atteints presque immédiatement par des balles de mitrailleuses. Avec l'aide du dernier infirmier, je rechargeai les paniers de la voiture médicale et donnai l’ordre de la conduire plus en arrière. Cette voiture fut peut-être le seul véhicule qui put rejoindre la France de tous ceux du 3e bataillon amenés à Lagarde ainsi que me le fit connaître à mon retour mon chef de service Monsieur le Médecin aide-major de 1ère classe Vidal.

Pour ma part désirant mettre à l'abri les blessés que j'étais obligé de laisser, je m' attardai à transporter ceux qui étaient autour de moi, dans le fossé qui borde la route, et c'est en rejoignant la voiture pour établir un autre poste à l’abri des mitrailleuses que je fus atteint par l’éclatement d'un obus. Je reçus une balle avec plusieurs éclats qui entraînant un bouton de culotte ainsi qu'en font foi des radiographies m'occasionnèrent une fracture [page 10] du bassin et la balle poursuivant son trajet du sacrum vers l'ombilic fut arrêtée à la peau.

A la fin du combat, lors de la relève, j'essuyai, bien que couché à terre, deux coups de feu, un notamment tiré de très près, pour être assis et opposé à l'achèvement d'un blessé qui ne pouvait marcher. Relevé à mon tour et contraint à marcher, je rencontrai un détachement du 138ème allemand qui se rua sur moi, me frappant, déchirant mes effets, me crachant au visage et lorsque, épuisé, je déclarais ne plus pouvoir marcher, je fus menacé d'être fusillé puis jeté sur un tas de fumier à l‘intersection des deux routes qui traversent Lagarde. Dans la soirée je fus transporté au lazaret de Dieuze puis abandonné à cause de la gravité de ma blessure abdominale. Je restais les journées des 14 et 15 août complètement seul et n'ayant de soins que par la pitié des habitants du pays qui m'amenèrent à l'hôpital civil. Là je revins aux mains des Français les 18, 19 et 20 août, mais bientôt j'eus la douleur de voir repartir mes compagnons et de retomber au pouvoir des Allemands. Je fus alors opéré d'un phlegmon de l'abdomen par un chirurgien de Nuremberg [probablement le docteur Burkardt, mentionné à Dieuze dans le rapport Fouquier] et depuis mon arrivée à l'hôpital, je n'aurais plus lieu de me plaindre, si vers le 10 septembre, je n'avais été accusé par un officier du 138ème [allemand] d'avoir fait usage de mes armes. J'ai tenu la lettre entre mes mains mais je n'ai pu me rendre compte si j'étais accusé d'avoir achevé des prisonniers ou d'avoir combattu comme soldat. Bref je fus en prévention de conseil de guerre et interrogé en allemand par un juge militaire assisté d'un sous-officier interprète. L'affaire en resta là grâce à l'appui d'un confrère allemand.

Dès cette époque, nombreux étaient les blessés français, un jeune médecin auxiliaire actuellement à Porquerolles, M. Fouquier [page 11] avait été laissé à l'hôpital de Dieuze où il prodiguait ses soins à tous sous la direction dévouée du médecin du pays Monsieur le docteur Husson. Néanmoins étant donnée l'orientation chirurgicale de mes études et malgré mon état précaire je fus prié d'opérer un certain nombre de blessés graves, notamment le capitaine Vallier du 61e qui présentait une balle de shrapnell ayant passé d'une région inguinale à l'autre. Le capitaine Vallier est actuellement guéri au camp de Heidelberg.

Enfin au 26 septembre on décida notre évacuation et nous fûmes renvoyés en France avec M. Fouquier après un voyage en 4e classe de quatre jours de durée. Au 30 septembre nous arrivions en Suisse où chacun s'évertua à nous faire oublier nos tribulations. Depuis lors je suis en congé de convalescence à Lyon avec le diagnostic suivant : Fracture du bassin - plaie pénétrante de l'abdomen. Claudication - modifications à la dynamique gastrique et intestinale par brides ou cicatrices - troubles vésicaux. Corps étrangers à la région sacrée, du passiliaque [psoas-iliaque], de la cavité abdominale et la région fessière. [signé :] Lambert. 6 quai de la Bibliothèque Lyon.

III - Rapport du docteur Lambert, médecin auxiliaire au 58e régiment d’infanterie, sur sa blessure au combat de Lagarde (11 août 1914), son calvaire et ses suites… en date du 1er janvier 1915

Ce rapport est inclus dans un courrier adressé par le colonel Jaguin, commandant le 58e régiment d’infanterie, en convalescence, au général, commandant les subdivisions de Nîmes, daté d’Avignon, du 1er janvier 1915.

« [page 2] Au cours du combat de Lagarde le 11 août le poste de secours fut subitement exposé à un feu très violent et le personnel médical atteint presque en totalité. Désirant trouver un abri, je rechargeais avec l'aide d’un dernier infirmier la voiture médicale et donnais l'ordre au conducteur de partir.

Mais les blessés étaient exposés au feu, je les plaçais avant de m'éloigner à l’abri dans un fossé et c'est en les quittant que je fus atteint par l'éclatement d'un obus. Je me rendis compte qu’un projectile entré en arrière presque au niveau du sacrum m'avait traversé l'abdomen et était venu frapper en avant au niveau de l'ombilic. De midi à cinq heures, je suis resté exposé à un feu des plus vifs couché à terre derrière un arbre. Vers cette [sept] heures le feu cessa, je m'adossais au talus et à la vue des soldats je criai "à moi" en levant un bras. Immédiatement un de ces hommes épaula son fusil se tourna vers moi et malgré mon immobilité fit feu. Je fus manqué et me recouchai la face contre terre et ne relevai plus la tête qu'aux cris déchirants poussés par un soldat, un second coup de feu retentit et je perçus une deuxième balle s’enfoncer près de moi. Ces deux coups de feu furent tirés à une distance de cent à deux cents mètres, il est juste de dire que pour le second je n’ai pas vu le soldat me viser comme pour le premier. Les cris étaient poussés par un Français blessé qui tenait à deux mains une baïonnette allemande ; le prussien avait probablement piqué ce blessé et il cherchait à se protéger. A ma prière le prussien n’appuya plus son arme et j’expliquai au malheureux français ce que l’on exigeait de lui par ces “hoch" assourdissants.

A mon tour je fus abordé par un soldat prussien, je lui fis connaître en allemand ma qualité de médecin et la gravité de ma blessure ; il fut très doux mais m'obligea è me lever et à marcher. Il m'offrit pour cela l’aide de son bras et me procura [page 3] une canne en cassant une lame abandonnée.

Je m’efforçai de marcher appuyé sur mon conducteur lorsque je rencontrai un détachement du 138ème allemand. A ma vue ces soldats se mirent à pousser des hurlements me menaçant de leurs fusils et de leurs baïonnettes, puis malgré mes protestations et celles de non conducteur me dépouillèrent de mes vêtements, me crachèrent au visage, me bousculant et me frappant. L'un d'eux m'arracha si brutalement mon képi de la tête qu'il l'emporta avec bon nombre de cheveux. Au bout de quelques instants le détachement ayant été dépassé, harassé Je déclarai ne plus pouvoir marcher.

Un sous-officier me menaça en disant : "si vous ne pouvez plus marcher on va vous fusiller" tout cela en allemand bien entendu. Je protestai de mon mieux arguant de ma double qualité de médecin et de blessé quand d'une bourrade le sous-officier m'envoya rouler sur un fumier qui se trouvait là (à la croisée des deux routes qui se coupent vers Lagarde) et m’enjoignit d’y rester quand il vit que je cherchais à me traîner à côté.

Je n’avais alors pour vêtement que ma chemise tiraillée et déchira en plusieurs endroits mon pantalon auquel avait été arraché plusieurs boutons. Je restais donc couché sur ce fumier exposé à un soleil ardent sans coiffure, harcelé par les mouches et sentant sur mes mains ramper les vers qui foisonnaient. Des artilleurs eurent pitié de mon sort ils me donnèrent à boire à deux reprises, m'apportèrent un morceau de toile pour me couvrir la figure mais aucun n’osa probablement enfreindre l'ordre du sous-officier et je restai sur le fumier.

Une colonne sanitaire s'approcha de moi et avec les plus grands soins me fit un pansement. On s'apprêtait à me transporter quand [page 4] un officier donna l'ordre de s'occuper des allemands d'abord. Je restais donc sur ce fumier pendant deux heures environ puis je fus transporté à l'ambulance régimentaire où je fus pansé à nouveau. Le médecin m'accompagna jusqu'à une automobile et recommanda de marcher très doucement. Je fus ainsi transporté à Dieuze le 11 août dans la soirée. Les 12 et 13 août je reçus des soins éclairés à l'hôpital militaire de Dieuze. Néanmoins dès le lendemain une péritonite évoluait marquée par des vomissements, de la température, le pouls rapide.....mon état me semblait désespéré. Le 14 [août] avant le jour les allemands évacuèrent le lazaret et me laissèrent seuls. Infirmiers, soeurs avaient disparu, des jeunes filles du pays vinrent par commisération 2-3 fois m'offrir à boire. Dans la soirée le lazaret fut réoccupé pendant quelques heures puis évacué à nouveau. C’est seulement le 15 août vers quatre heures de l'après-midi que, sur les instances d'un médecin de Dieuze, je fus transporté à l'hôpital civil où je reçus des soins empressés et cordiaux.

Les 19 et 20 août les Français occupèrent Dieuze mais à cause de la gravité de mon état, aucun médecin n'osa accéder à mon désir et me faire transporter. J'assistais donc de mon lit à la bataille de Dieuze et après la retraite française je fus repris par les Allemands ; j’eus alors de nombreux compagnons alors que du 14 au 19 j'étais le seul blessé laissé par les allemands à Dieuze. Après l'ouverture d'un phlegmon abdominal, ma convalescence marcha rapidement et le seul incident à signaler est une mise en accusation devant le conseil de guerre.

Par une lettre un officier déclarait que je lui avais affirmé et que d'ailleurs il m'avait vu (je ne suis pas absolument sur de cette dernière proposition) faire usage de mes armes [page 5] contre des blessés ou des soldats. Un juge avec un greffier et un sous-officier interprète vinrent m'interroger dans mon lit. Le juge se montra d'une correction parfaite, voulut bien donner créance à ma défense et ajouter foi à cet axiome qu’aucun médecin français ne pouvait être oublieux de ses devoirs et de sa mission.” Je fus également très soutenu par un autre médecin de Dieuze le Dr. Stach Von Gol[z]heim.

Enfin le 26 septembre je fus renvoyé vers Bâle en wagon de quatrième classe, sauf de Dieuze à Strasbourg où je voyageai en deuxième classe. La radiographie faite à Lyon a montré que je présentais une fracture du bassin en arrière, une balle de shrapnell dans la paroi abdominale antérieure et plusieurs éclats d'obus profondément dans le bassin. » [signé : Lambert].

Le court témoignage attribué à un médecin allemand :

Carnet de route d’un médecin allemand (Oberartz Walter de l’armée bavaroise ; prisonnier de guerre le 27 août 1914 à Hériménil)

« A ce moment, arrive la compagnie sanitaire. Spectacle pénible… Il y a des blessés partout et des deux partis. On les porte dans les granges, on les y couche. L’évacuation se fait lentement jusqu’à 2h de la nuit et de nouveaux blessés arrivent sans cesse. (…) » SHD-T Vincennes, 26N 649/1, JMO 58e RI, 5/08/1914-3/05/1915, p. 5.

Médecins tués, blessés ou disparus au combat de Lagarde :

Médecin aide-major de 1ère classe Joseph Beauchamps (1882-1914) du 3e bataillon du 58e régiment d’infanterie. Docteur en médecine, 1908. Médecin à Orange (Vaucluse).Tué à l’ennemi ;

Médecin aide-major de 2e classe Fernand-Victor-Marie-François Daudet (1890-1914) du 3e bataillon du 58e régiment d’infanterie. Interne des hôpitaux de Paris. Tué à l’ennemi ;

Médecin aide-major de 2e classe Paul Escalier, du 2e bataillon du 40e régiment d’infanterie. Fait prisonnier. Transféré à Dieuze puis aux camps de Torgau, Altengrabow, Parchim et Lügrumkloster, il rentra de captivité le 11 septembre 1915. Il a laissé un témoignage sur sa captivité, conservé au musée du service de santé des armées (carton n°636, dos. N.C. 6), dans lequel il ne parle pas du combat de Lagarde.

Médecin auxiliaire Marie-Emile Granier (1887-1914), du 19e régiment d’artillerie de campagne, 1er groupe. Tué à l’ennemi.

Médecin auxiliaire Louis-Frédéric-Etienne Lambert (1881- ?), du 3e bataillon du 58e régiment d’infanterie. Docteur en médecine. Ancien aide d’anatomie à la Faculté de médecine de Lyon. Blessé.

Sources :

Musée du Service de santé des armées au Val-de-Grâce, à Paris, carton n°637, dossier n°9 Nouveau classement (Lambert).

A classer parmi ses favoris, un incontournable pour le suivi des opérations militaires de 1914 à 1918 : http://www.carto1418.fr/19140810.php

Sur les mésaventures du docteur Louis Lambert à Dieuze, voir le témoignage du docteur Fouquier du 173e régiment d’infanterie dans notre blog (article du 4 septembre 2013) : ici.

Bibliographie :

Anonyme. Historique du 58e régiment d’infanterie. Guerre de 1914-1919. Avignon : Rullière, 1920, 65p.

Yves Buffetaut. L’affaire de Lagarde (1914), dans Tranchées Magazine, n°18, juillet-septembre 2014.

Jacques Didier. 10 et 11 août 1914. Lagarde. Louviers : Ysec, 2006, 128 p.

Modifié le 28 juillet 2014

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"L'AFFAIRE DE VANNES" - CONFERENCE A VANNES LE 27 SEPTEMBRE 2014

11 Juillet 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia

Dans le cadre général de l’exposition « Vannes 1914-1918, Ville hôpital et Solidaire » François OLIER animera à l’invitation des archives municipales de Vannes une conférence intitulée : « L’hospitalisation militaire dans le département du Morbihan, 1914-1918 », le samedi 27 septembre 2014, à 15 heures au Palais des Arts de Vannes, salle Ropartz – entrée libre.

UNE FICHE SYNTHESE DE 8 PAGES

à télécharger en fin de billet.

Profitez de cette occasion pour venir faire dédicacer vos quatre premiers volumes des "Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918", dont le 1er volume (France Nord-Ouest)- Bretagne, Normandie, Vendée, etc. est épuisé.

« Vannes 1914-1918, Ville hôpital & Solidaire »

Texte de présentation de l’exposition :

Sur 320 m² au Château de l’Hermine, découvrez l’exposition « Vannes, ville hôpital & solidaire », du 2 août au 19 octobre 2014, à travers le parcours d’un blessé de guerre.

Photographies, bande son, vidéo, correspondances, matériel d’époque, reconstitutions de salle d’opération, de chambre de convalescence… tels sont les multiples supports à découvrir lors de cette exposition, entièrement gratuite et tout public.

La première guerre mondiale fut l’un des événements les plus marquants du XXe siècle pour notre pays, avec 7 900 000 mobilisés français.

Le conflit militaire fut d’une telle intensité qu’il reste ancré dans la mémoire collective, car chaque famille aura, au moins, un de ses membres touché par ce conflit.

Cinq thèmes abordés

Le personnel de médecine

Les blessures et l’évacuation

Foyer des blessés et du soldat

Les avancées de la médecine

Les hôpitaux à Vannes

Fiche de synthèse de 8 pages sur "l'Affaire de Vannes" ou "des hôpitaux militaires" qui défraya la chronique vannetaise durant la Grande Guerre et accentua pour un temps la méfiance entre catholiques et laïcistes, en partie gommée, en 1914, par "l'Union sacrée". Présentée en 3e partie de la conférence de François OLIER.

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SCOTTISH WOMEN’S HOSPITAL A VILLERS-COTTERETS (1918) – LE FILM…

6 Juillet 2014 , Rédigé par François OLIER - remerciements à Chris HOLME. Publié dans #varia, #les hopitaux

SCOTTISH WOMEN’S HOSPITAL A VILLERS-COTTERETS (1918) – LE FILM…

SCOTTISH WOMEN’S HOSPITAL A VILLERS-COTTERETS (1918) – LE FILM…

L’hôpital bénévole n°1bis de Villers-Cotterêts organisé par le mouvement des suffragettes écossaises, les « dames écossaises » du Scottish Women’s Hospital (SWH), a fait l’objet, en décembre 1917, d’un documentaire cinématographique visible sur le net qui m’a été signalé par Chris Holme de The History Company. Ce documentaire muet, de dix minutes (10’13), est visible sur le site de la Bibliothèque Nationale d’Ecosse (Scottish Screen Archive). Chris Holme a publié sur son remarquable blog un article très documenté (en anglais), avec de nombreux liens web, sur l’histoire de ce film qui mérite d’être redécouvert.

On trouvera dans ce film, l’HoE de Villers-Cotterêts sous la neige avec ses principales séquences, dont : la voiture radiologique (x-ray car), à 4’40, offerte par le National Union of Women’s Suffrage Societies (NUWSS) et l’arrivée mémorable de la vaguemestre en vélo sur la neige (9’45), etc.

Il existe une version plus courte de ce document (2’30) dans les collections françaises, à l’ECPAD d’Ivry-sur-Seine qui l’a mis en ligne sous le titre : L’hôpital bénévole des Dames d’Ecosse sur le front français (actualités du 4 janvier 1918) - Ici

Villers-Cotterets, HB 1bis - Ancien hôpital d’évacuation (HoE), hôpital baraqué situé en bordure de la voie ferrée de Soissons, 300 lits, ouvert le 27/08/17 et fermé le 30/05/18 - L’HB 1 bis, dépend du « Scottish Women’s Hospital » filiale de Royaumont (HB 301) sous la direction de Miss Ivens (chief medical officer). Autorisation du ministère de la Guerre du 11 juillet 1917 ; il reçoit ses premiers blessés le 27 août 1917. L’HB 1bis fonctionne comme un service de répartition des évacuations au profit du centre hospitalier de Villers-Cotterêts porté à 2 242 lits. L’hôpital bénévole n°1bis est évacué lors de l’offensive Ludendorff du 27 mai 1918.

Sur Royaumont, la maison mère des Scottish Women’s Hospital en France, voir : Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918, Louviers : ysec, tome 2, GMP, Val d’Oise, Asnières-sur-Oise, p. 162. et le site de la ville d’Asnières-sur-Oise

– Sur les autres formations sanitaires des SWH : Ajaccio (Corse), tome 4, p. 284 ; sur Sainte-Savine (près de Troyes, Aube), Villers-Cotterêts (Aisne) et Salonique (Macédoine), des notices hospitalières, à paraître en 2015, dans le tome 5 des Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918 (collection en cinq volumes, aux éditions Ysec à Louviers).

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HOPITAL D’EVACUATION (HoE) DE LITZ

24 Juin 2014 , Rédigé par François OLIER Publié dans #varia

HOPITAL D’EVACUATION (HoE) DE LITZ

ACTUALITE DE LA SOCIETE ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DE CLERMONT-DE-L’OISE (SAHC)

Très belle actualité pour la connaissance de l’Histoire du service de santé militaire en 1914-1918 dans le département de l’Oise, avec la dernière étude de Guy Isambart. Cette société nous livre de nombreuses études et monographies hospitalières disponibles sur son site. Je pourrais vous les citer et les détailler, mais ce serait risquer d’en oublier… car le site est une véritable mine d’informations remarquablement illustrée. Les études sont téléchargeables au format PDF… ce qui ajoute à la facilité de consultation.

Je citerai parmi les dernières études de Guy Isambart sur le service de santé militaire : « L’hôpital militaire de Litz » dont il n’ignore pas la véritable fonction d’évacuation, d’HoE, mais comme il se plaît à ne pas prendre parti entre les tenants des différentes définitions de cet acronyme devenu célèbre dans le petit monde du service de santé 14-18… je ne lui en tiens pas rigueur… - « L’hôpital militaire de Breuil-le-Sec pendant la Grande Guerre ». Il faudrait encore citer : « l’ambulance 10/4… » A découvrir sur le site de la société archéologique et historique de Clermont-de-l’Oise.

et en 2015 dans le tome 5 des Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918 de F. Olier et J.L. Quénec’hdu, aux éditions Ysec de Louviers (4 volumes déjà parus). www.ysec.fr

Légende : HoE de Litz in Bassères, Le service de santé de la IIIe armée, Paris, Lavauzelle, 1922, annexe II, p. 275.

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