Région militaire du Nord (1914-1918) : aux origines...
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Région militaire du Nord (1914-1918)
Quelques lignes sur cette région militaire du Nord, création de la guerre, dont les origines restent méconnues pour un grand nombre de passionnés de la Grande Guerre et qui s’est substituée aux 1ère et 2e régions militaires.
La région du Nord fut créée par décision ministérielle du 9 septembre 1914, le lendemain de la reddition de Maubeuge et quatre jours après le déclenchement par les alliés de l’offensive de la Marne. Sous la pression allemande, les populations civiles belges de la frontière prirent la fuite ; elles furent suivies par les citadins et ruraux du nord de la France qui tentaient d’échapper aux avant-gardes ennemies (Maubeuge, Hirson, Rocroi, Avesnes, etc. se vidèrent de leur population). Près de 325 000 belges et deux millions de Français prirent la route entraînant l’évacuation des hôpitaux militaires des 1ère (Lille) et 2e (Amiens) régions militaires qui allèrent se réfugier dans les 12e (Limoges) et 11e (Nantes) régions militaires. Les rares structures hospitalières maintenues sur place au profit des intransportables ou qui furent mises sur pied en octobre 1914, au lendemain de la stabilisation du front, intégrèrent le service de santé de la nouvelle région du Nord.
« Bordeaux le 9 septembre 1914
Le Président de la République,
Vu l’article de la loi du 24 juillet 1873 relative à l’organisation générale de l’armée, etc.
Vu le décret du 6 août 1874 qui détermine les régions territoriales et les subdivisions de région, etc.
Sur le rapport du ministre de la Guerre
Décrète :
Art. 1 – Les territoires des 1e et 2e régions, non occupés par l’ennemi, sont réunis provisoirement en une région unique dont le chef lieu est Boulogne.
Art. 2 – Cette région comprend les subdivisions suivantes :
1) Dunkerque, arrondissements de Dunkerque, Hazebrouck, tout ou partie de ceux de Lille, Douai, Valenciennes, Cambrai, Avesnes.
2) Boulogne, arrondissements de Boulogne, Saint-Omer, Montreuil.
3) Béthune, arrondissements de Béthune, Saint-Pol, tout ou partie de celui d’Arras.
4) Abbeville, arrondissements d’Abbeville, Doullens.
5) Amiens, arrondissement d’Amiens, tout ou partie des arrondissements de Péronne et Montdidier.
6) Beauvais, arrondissements de Beauvais, Clermont.
Art. 3 – Le ministre de la Guerre est chargé de l’exécution du présent décret. »
Cette région appartenant dans sa totalité à la zone des armées, correspondait, de Dunkerque à Clermont (Oise), à la partie du front occupée par l’armée belge, par le corps expéditionnaire britannique (BEF) et par l’aile gauche des armées françaises.
Dès le premier mois de la campagne (au 1er septembre 1914), 14 300 lits de la 1ère région et 8 461 lits de la 2e région militaire furent perdus, soit la presque totalité des capacités hospitalières du Nord. Au 31 décembre 1915, la nouvelle région du Nord n’avait retrouvé qu’une capacité de 4 031 lits.
Le personnel de la direction du service de santé de la 2e région militaire d’Amiens (directeur : médecin inspecteur Charles-Marie-Jules Viry, 1845-1930) qui avait reçu l’ordre de se replier sur Nantes devînt le noyau de la nouvelle région. Le personnel médical mobilisé des deux anciennes régions constitua le corps des effectifs de la région du Nord ainsi que le personnel « troupe » des 1ère et 2e sections d’infirmiers militaires (SIM). Toutefois, comme aucun dépôt de corps de troupe ou de services ne pouvait être implanté dans la zone des armées, les dépôts des deux SIM furent maintenus dans la zone de l'intérieur : l’un au Dorat (Haute-Vienne), celui de la 1ère SIM ; l’autre à Nantes (Loire-Inférieure) pour la 2e SIM.
La région du Nord fonctionna jusqu’au 20 octobre 1919, date à laquelle les anciennes structures régionales furent rétablies avec quelques modifications dans leurs délimitations.
Photo : Carte originale des régions militaires de 1914 réalisée par Bernard Labarbe. Avec l'aimable autorisation de l'auteur www.bernard-labarbe-57ri.com/